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Le CHU de Limoges, premier en France autorisé à procéder à des greffes d'utérus


Limoges, France | AFP | lundi 09/11/2015 - Une équipe de gynécologie obstétrique du CHU de Limoges va prochainement mener des expérimentations sur des greffes d'utérus provenant de donneuses défuntes, après avoir reçu le 5 novembre l'autorisation de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), la première jamais délivrée en France, a annoncé lundi l'hôpital.

Ce projet de recherche est destiné à "permettre à des femmes nées sans utérus ou ayant subi une hystérectomie (ablation de l'utérus) pour une pathologie bénigne, de pouvoir donner naissance, grâce une greffe d’utérus, à partir de donneuses en état de mort encéphalique", explique le CHU dans un communiqué.

A ce jour, la Suède est le seul pays à avoir obtenu une naissance, en septembre 2014, à la suite d'une telle transplantation. Mais il s'agissait d'un utérus prélevé sur une donneuse vivante, une femme âgée de 61 ans et ménopausée, amie de la patiente âgée de 36 ans et née sans utérus en raison d'une maladie génétique.

"La greffe d'utérus à partir de donneuses défuntes a déjà été tentée en Turquie en 2012, sans qu'on connaisse à ce jour les résultats obtenus", a précisé à l'AFP le Dr Pascal Piver, membre de l'équipe de recherche du CHU de Limoges.

Une autre autorisation d'essai clinique a été obtenue par une équipe américano-britannique, mais celle-ci n'a pas encore reçu de financement pour ses travaux, alors que celui du CHU de Limoges, soutenu notamment par le ministère de la Santé, est bouclé depuis l'an dernier, a-t-il indiqué.

L'hôpital de Limoges pourrait donc devenir le premier au monde à donner naissance à un enfant à partir d'un utérus provenant d'une défunte.

L'essai clinique qui débute pourrait conduire à une première greffe dès la fin 2016 et à une première naissance à la fin 2018. "Il portera sur huit femmes volontaires, recrutées au niveau national, avec des critères de sélection très stricts. Les patientes devront avoir entre 25 et 35 ans, ne jamais avoir eu d’enfants et être en bonne santé", précise l'établissement.

"De nombreuses patientes ont été rencontrées" ces dernières années "et nous avons déjà des pistes sur celles qui pourraient être intégrées à l’essai clinique", a précisé le Dr Piver, rappelant que le projet a débuté dès 2007.

Après recrutement définitif des patientes, il y aura fécondation in-vitro et congélation des embryons, puis seulement greffe de l'utérus avec "suivi et observation du greffon pendant un an, c’est-à-dire la période de risque maximal". Après ces étapes, il pourra y avoir "implantation des embryons et suivi des grossesses éventuelles jusqu’au terme", a-t-il expliqué.

Quant au choix de prélever des utérus sur des donneuses en état de mort cérébrale, "cela procède d'une démarche éthique, celle d'éviter des interventions invasives sur des patientes saines pour prélever un organe non vital aux receveuses". Mais les médecins espèrent aussi, "en privilégiant des donneuses défuntes, pouvoir accéder à des utérus plus jeunes" et donc plus "performants" que ceux des donneuses vivantes, généralement des femmes n'ayant plus de projet d'enfant, a souligné le Dr Piver.

Rédigé par () le Lundi 9 Novembre 2015 à 06:04 | Lu 617 fois