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La progression de l'obésité marque le pas chez les adultes en France


La progression de l'obésité marque le pas chez les adultes en France
PARIS, 16 oct 2012 (AFP) - Pour la première fois en quinze ans, la progression de l'obésité semble marquer le pas en France, où l'on dénombre cependant près de 7 millions d'adultes obèses, selon une enquête nationale rendue publique mardi.

Si cette tendance, encore à confirmer, résulte peut-être des efforts menés en matière de santé publique, l'enquête relève aussi la persistance des disparités régionales et sociales observées depuis 1997 et des aspects préoccupants chez les jeunes et les femmes.

L'obésité touche en 2012 15% de la population adulte, correspondant à un peu plus de 6,9 millions d'obèses, soit environ 3,3 millions de plus qu'en 1997, selon la 6e édition de l'étude trisannuelle ObEpi-Roche, réalisée auprès de plus de 25.000 personnes âgées de plus de 18 ans.

Le pays compte par ailleurs près de 15 millions d'adultes en surpoids.

Le ralentissement global de la progression de l'obésité chez les adultes, relevé par l'étude ObEpi, devra toutefois être confirmé par d'autres études, soulignent les épidémiologistes.

On observe aussi chez les enfants cette tendance à l'arrêt de la progression de cet excès de kilos, dit à l'AFP le professeur Arnaud Basdevant.

Mais pour ce spécialiste de la nutrition, l'étude dresse un "constat nuancé" car certaines tendances observées chez "les femmes, les jeunes et les plus modestes" restent "préoccupantes".

"L'obésité étant multifactorielle, on a du mal à expliquer la situation de façon simple", dit le Dr Marie-Aline Charles (Inserm, Villejuif) membre du comité scientifique de l'étude.

Précarité

La précarité entre en jeu, avec "les difficultés d'accès "à une alimentation saine, comme par exemple le poisson, l'achat de produits chargés en calories (trop gras, trop sucrés...) moins chers, les difficultés d'accès au loisir (activité physique, sport). A cela s'ajoute "le stress" lié à la précarité, "probablement un facteur favorisant", note Mme Charles.

Chez les gens qui se disent financièrement "à l'aise", la fréquence de l'obésité est en dessous de la moyenne nationale, alors qu'elle atteint 30% chez ceux qui disent "ne pas y arriver sans faire de dettes". Ces derniers souffrent également plus souvent de diabète.

La fréquence de l'obésité augmente avec l'âge. Mais chez les jeunes de 18-24 ans, elle a fait un bond de 35% entre 2009 et 2012, selon l'étude.

"C'est embêtant", car certaines complications handicapantes (apnée du sommeil, asthme, douleurs articulaires...) peuvent survenir plutôt chez des jeunes atteints de grande obésité, avant les complications classiques (diabète, problèmes cardio-vasculaires...), estime le Pr Basdevant.

L'écart se creuse entre les femmes et les hommes: depuis neuf ans, l'obésité augmente plus rapidement chez les femmes et sa fréquence reste plus élevée chez elles (15,7%) que chez les hommes (14,3%). Et depuis 15 ans, l'augmentation de l'obésité est plus nette chez les jeunes femmes, selon l'étude.

Les femmes sont majoritaires dans les emplois mal payés, mais "on propose moins d'activité physique aussi aux petites filles qu'aux garçons", rappelle Mme Charles. "Il n'est pas exclu que les filles soient plus sensibles au stress que les garçons ou soient plus à même qu'eux de développer une obésité en réponse au stress", remarque-t-elle.

L'enquête ObEpi 2012 confirme enfin les disparités régionales en métropole avec un gradient décroissant Nord-Sud de l'obésité: 21,3% dans le Nord-Pas de Calais, région la plus touchée, et 11,6% en Midi-Pyrénées; de même qu'un gradient Est-Ouest : 18,6% en Alsace contre 12,0% en Bretagne.

bc/dab/sd

Rédigé par Par Brigitte CASTELNAU le Mardi 16 Octobre 2012 à 05:20 | Lu 485 fois