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La police intervient dans le Parlement de Nauru


YAREN, mercredi 14 mai 2014 (Flash d’Océanie) – La police est intervenue mercredi dans l’enceinte du Parlement de Nauru, alors en pleine session, pour en expulser l’un des membres de l’opposition, à la demande du Président de l’assemblée.
Cette intervention, qui a provoqué des scènes de chaos dans l’enceinte de l’hémicycle, faisait suite à une demande de la part de la majorité, qui considérait qu’au moins trois députés de l’opposition avaient, ces derniers jours, « nuit à la réputation et au développement de Nauru » en accordant des interviews particulièrement critiques à la presse internationale.
Dans ces interviews, les élus avaient à plusieurs reprises appelé de leurs vœux une intervention de la part de pays comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande, au regard des déboires économiques du pays.
Selon la majorité, les députés critiques, ce faisant, ont « miné » les travaux du Parlement.
Dans le cadre des débats du Parlement, un vote avait au préalable eu lieu afin de suspendre ces trois députés, Kirien Keke, Roland Kun et Mathew Batsiua.
Seul M. Keke se trouvant à ce moment présent, la mesure s’est d’abord appliquée à lui.
Mais ce dernier a refusé d’obtempérer, suscitant un appel du Président de l’Assemblée à des renforts policiers.
Le Président de l’assemblée, Ludwig Scotty, avait alors considéré que M. Keke se rendait de surcroît coupable d’outrage au Parlement et tentait d’inciter ses sympathisants, massés à l’extérieur, à démarrer une émeute.
L’intervention policière, menée par une dizaine d’agents dans l’enceinte du Parlement, a été accompagnée de légères échauffourées, sur fonds d’accusations d’atteinte à la liberté d’expression de la part des sympathisants de l’opposition, selon la presse locale.
L’opposition nauruane, de son côté, parle de motion illégale (déposée et adoptée par le ministre de la justice, David Adeang) et contraire au règlement intérieur du Parlement et à la Constitution.
M. Keke, depuis, accuse le gouvernement actuel, mené par le Président by Baron Waqa, d’adopter un style « dictatorial ».
« Ils ne veulent aucune critique, ils ne veulent aucune remise en question. Ils veulent faire de Nauru quelque chose qui ressemblerait à la Corée du Nord », a lancé M. Keke au micro de la radio internationale australienne.
Ces derniers mois, le gouvernement de Nauru a décidé d’augmenter de manière astronomique les frais de demande de visas pour les journalistes étrangers désireux de se rendre en reportage dans ce micro-État du Pacifique.
Nauru abrite aussi, depuis fin 2012, une version réactivée d’un camp de détention pour immigrants clandestins interceptés pour la plupart au large des côtes australiennes et en provenance du Moyen Orient, via l’Indonésie.
Ce camp, créé au début des années 2000, avait été fermé par le gouvernement australien travailliste lors de son accession au pouvoir fin 2007, puis finalement réactivé par les mêmes travaillistes en 2012.
Il rapporte aux autorités de Nauru de substantielles recettes de la part du gouvernement australien.
Un autre camp, similaire, a été réactivé sur la petite île de Manus (Papouasie-Nouvelle-Guinée).
Nauru, dont le phosphate a longtemps été exploité au cours du vingtième siècle, fut au cours des années 1970 l’un des pays les plus riches au monde par tête d’habitant, en raison de ces ressources naturelles.
L’exploitation du phosphate ayant ensuite cessé, ce pays a ensuite entamé une rapide descente dans des cycles de dettes et de liquidation de ses avoirs, suscitant de forts soupçons de corruption au cours des années fastes.
Le 9 mai 2014, Nauru a officiellement présenté sa candidature pour adhérer au Fonds Monétaire International (FMI), a annoncé cette organisation internationale.
Si le dossier, désormais en cours, aboutit, Nauru, après approbation des 24 membres du conseil d'administration du FMI, deviendrait ainsi le 189ème État membre (et le plus petit, avec une population de moins de dix mille habitants) du FMI.
Ces dernières années, le FMI considérait Nauru comme un des pays dits « non-coopératifs » en matière de partage d’informations concernant son secteur bancaire off-shore.
Ce secteur a subi depuis des réformes, notamment grâce à l’envoi sur place d’experts du FMI et de son centre d’aide technique financière.
Ce pays a aussi fait l’objet, au cours des dix dernières années, d’une intervention spéciale sous l’égide du Forum des Îles du Pacifique (FIP), avec pour objectif de remettre sur pied les mécanismes de fonctionnement d’une économie qui a plusieurs fois frôlé la faillite.

Fin mars 2014, le gouvernement nauruan a créé un fonds fiduciaire dont l’objectif affiché était de garantir la stabilité des finances du pays « pour les générations à venir ».
Ce « Nauru Trust Fund » serait mis en place avec la collaboration d’organismes et partenaires tels que l’Australie, la Chine et la Banque Asiatique de Développement.

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Rédigé par PAD le Mercredi 14 Mai 2014 à 04:02 | Lu 226 fois