Tahiti Infos

La petite fille de James Norman Hall fait la lumière sur son père, Conrad Hall


PAPEETE, le 31 juillet 2017 - Conrad L. Hall est bien connu d’Hollywood et des grands réalisateurs de cinéma, mais il est resté un anonyme à Tahiti. Sa fille, Kate Feist Hall, veut faire connaître cet homme oscarisé en revenant sur des anecdotes de vie. Organisant sont temps entre les États-Unis et sur le motu Maapiti à Tahiti, elle anime des projections en hommage à son père au musée James Norman Hall.

"Si tu demandes à Steven Spielberg comment était Conrad, il te dira : ‘c’était un génie, l’un des meilleurs ou peut-être le meilleur directeur de photographies du monde du cinéma’", affirme Kate Feist Hall, la fille de Conrad L. Hall.

"Quant tu interrogeais mon père, il te répondait qu’il avait peur même après cinquante années de travail. Quand il montait sur scène il n’avait qu’une chose en tête, se cacher. Il filait vers la caméra, y collait un œil en espérant passer inaperçu. Là, il ouvrait l’autre œil pour voir si on le regardait. Bien sûr, tous les regards étaient tournés vers lui. Il refermait cet œil et se concentrait, là les idées commençaient à s’ordonner, il pouvait travailler."

Projections des films de Conrad L. Hall

Des anecdotes comme celle-ci, Kate Feist Hall, en a des dizaines à raconter. Elle les a longtemps partagées avec son entourage proche, sa famille et ses amis. Depuis vendredi dernier, elle les diffuse au grand public. Elle intervient à l’occasion de projections de films sur lesquels son père a travaillé.

Elle introduit la soirée, organisée au musée James Norman Hall, la maison de son enfance. "À Tahiti on connaît James Norman Hall, on connaît moins voire pas du tout, Conrad. Ces nouveaux rendez-vous sont là pour faire la lumière sur lui, ce qu’il était et ce qu’il a fait."

Conrad L. Hall a grandi dans la maison James Norman Hall. Son père, James Norman Hall et sa mère, Sarah Winchester Hall, y vivaient paisiblement, dominant la baie de Matavai où le capitaine Bligh jeta l’ancre pour la première fois à bord du Bounty. Ils recevaient souvent, et en nombre. Scientifiques, politiciens, artistes…

"Ma grand-mère Sarah adorait avoir du monde à la maison, elle aimait faire la fête. C’était une grande cuisinière, elle avait et entretenait un beau jardin." Les invités étaient gâtés, certains s’installaient un temps dans un bungalow dédié près de la mer, face à la maison, tous découvraient des keshis fraîchement pêchés près de leur assiette, sur la table dressée.

Le motu Maapiti en cadeau

Parmi les invités un couple de Hawaïens, la famille Wilder, propriétaire de terres sur la côte est de Tahiti, passait régulièrement chez les Hall. Il prenait possession du bungalow des jours durant. "Quand il venait, il cherchait à chaque fois un moyen de remercier mes grands-parents. Lesquels renonçaient à tout cadeau."

Mais un jour, le couple d’amis trouva la parade. "Ils s’étaient dit, si les parents refusent nos cadeaux, leur enfant, lui, ne pourra pas. C’est ainsi que mon père Conrad est devenu le propriétaire du motu maapiti."

Le motu Maapiti en héritage

"Mon père Conrad était un homme humble qui n’aimait pas les grandes fêtes hollywoodiennes. Il ne s’y rendait pas préférant passer du temps sur son motu, à Tahiti." Il a créé du lien avec les voisins, a pris soin de son paradis qu’il a laissé à ses trois enfants, dont Kate Feist Hall qui a hérité de son attachement pour le motu.

Kate Feist Hall est née en 1964 en Californie. "Mais je passais toutes mes vacances à Tahiti et j’ai baigné dans la culture polynésienne grâce à ma grand-mère." Elle a notamment vécu dans la maison James Norman Hall avant que celle-ci ne soit vendue au territoire, en 1993. "Ma chambre se trouvait là où il y a maintenant le bureau. Le seul truc qui me fait un peu bizarre, ce sont les mannequins dans le musée. Mais je suis contente qu’il soit devenu un musée, j’ai eu trop de peine quand la maison était à l’abandon. Je ne pouvais même pas passer devant." La maison est restée sans attention jusqu’au début des années 2000.

Elle s’occupait du cheval de John Wayne


Elle a étudié à Los Angeles, à l’école de cinéma de l’USC (université de Californie du Sud). "Nous sommes tous les trois, avec ma sœur et mon frère, dans le milieu du cinéma et de la télévision. En fait, voyant mon père qui travaillait pour Hollywood, qui adorait son boulot, nous avons logiquement suivi le chemin tracé. Nous ne savions même pas que nous pouvions faire autre chose !"

À 11 ans, Kate Feist Hall donnait un premier coup de main sur un tournage, une publicité avec John Wayne se rappelle-t-elle. "Je m’occupais de son cheval, je me suis dit c’est ça ? C’est ça de travailler dans le cinéma ? C’est super ! Je suis restée sur cette voie."

Elle a eu, un temps, l’envie d’être actrice. "Ma belle-mère, Katharine Ross, était belle et me faisait rêver. Mais en découvrant le milieu des acteurs, j’ai pris conscience que ce n’était pas pour moi. Les acteurs sont trop égoïstes. Ce n’était pas mon univers." Elle s’est inscrite à l’USC.

Au cours de ses études et après avoir rencontré son futur mari, producteur de télévision, elle a découvert le milieu dans lequel elle évolue aujourd’hui : la production et la mise en scène télévisée. Elle voyage depuis partout dans le monde, revenant dès que possible sur son motu. Là, elle s’isole, loin du monde et de ses nouvelles. "Je reviens toujours ici avec le même bonheur, je suis même obligée de me pincer pour vérifier que je ne rêve pas quand je pose le pied sur l’embarcadère."

Projections à la maison James Norman Hall

Vendredi 28 juillet une première projection a eu lieu à la maison James Norman Hall. Le public a (re) découvert Bucth Cassidy et le Kid, qui valu le premier oscar à Conrad L. Hall. Un nouveau rendez-vous sera donné dans un mois, toujours sur le même principe : une intervention de Kate ou d’un membre de la famille Hall, un cocktail et la projection d’un film qui valu un oscar ou tout au moins une nomination.
Pk : 5,5 à Arue
Tél. : 40 50 01 60
www.jamesnormanhallhome.pf
Facebook : la Maison James Norman HALL



Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 31 Juillet 2017 à 21:19 | Lu 4271 fois