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La perpétuité requise contre le "Berger de Caussols" Michel Lambin, "tueur par délectation"


Nice, France | AFP | mardi 19/12/2017 - "Un tueur par délectation": la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté a été requise mardi à l'encontre de Michel Lambin, jugé à Nice pour le meurtre de Robert Ludi, gardien d'école, et accusé par plusieurs témoins de nombreux autres homicides.

"Il n’y a pas de doute possible, les éléments rassemblés suffisent largement à entrer en voie de condamnation", a estimé l'avocate générale Marie-Nina Valli, réclamant la même peine à l'encontre du co-accusé de Michel Lambin, surnommé le "Berger de Caussols", Émile Fornasari, à qui il est reproché d’avoir commandité le crime pour se débarrasser d’un homme jugé trop proche de son ex-compagne.
Le verdict doit être rendu mardi après-midi après les plaidoiries de la défense.
Mme Valli a évoqué les menaces de Fornasari avant l’assassinat, des écoutes compromettantes de son neveu, Thierry Fornasari, un trafiquant de drogue aujourd’hui en cavale, et l’arme du crime, un 11.43 retrouvé sur la propriété du "berger", présenté comme "un tueur par délectation" et un "manipulateur".
Lundi, Frédéric Gascard, avocat des parties civiles, avait dépeint Emile Fornasari en "homme jaloux et possessif", "quelqu’un dans la toute-puissance qui ne supporte pas que la mère de son enfant fasse autre chose que de s’occuper de son enfant" et qui va alors "faire le vide, le nettoyage".
Les deux accusés ont tenté de dégager leur responsabilité. Emile Fornasari, 56 ans, figure locale du banditisme, a reconnu à la barre avoir braqué 50 banques mais nié tout contrat sur la tête de Robert Ludi. 
Plaidant l’acquittement, Me Tina Colombani, son conseil, a dénoncé "un dossier monté": "Où est la preuve, où est la réalité du contrat, à quel moment auraient-ils scellé ce pacte diabolique ?", s’est-elle interrogée, relevant que "rien ne colle avec la personnalité maladivement jalouse" décrite par l'accusation.
 

-Cocotte-minute-

 
Mêmes dénégations pour Michel Lambin, 67 ans, malfaiteur parisien reconverti dans les années 1990 en berger à Caussols, dans l’arrière-pays de Grasse, qui assure avoir "entendu pour la première fois parler de M. Ludi en 2003, quand la police est venue".
Déjà condamné en 2011 en appel à Aix-en-Provence pour un assassinat commis sur sa propriété en 2004, Michel Lambin a surtout été accusé au fil des audiences par plusieurs témoins d'être l'auteur de plusieurs autres meurtres, datant des années 80 et prescrits.
L’ex-compagne de Michel Lambin, Nicole Rossi, qui a contribué à relancer l’instruction en 2009 par ses confessions, a ainsi marqué la cour avec un témoignage glaçant, accusant pêle-mêle le "Berger de Caussols" d’avoir une dizaine de meurtres à son actif, éliminant par rivalité amoureuse, par vengeance ou pour des dettes de jeu des hommes de son entourage. Elle a même accusé son ex-compagnon d'avoir fait bouillir la tête de l’une de ses victimes dans une cocotte-minute ou d’avoir, à une autre occasion, goûté de la chair humaine assaisonnée "avec de l’ail et du persil".
Le commandant de police Pierre Batty, chef de la brigade criminelle de Nice, est venu expliquer à la barre comment, avec un collègue parisien, ils avaient pu, au moins en partie, corroborer les dires de Mme Rossi sur les "cold cases" attribués à Michel Lambin, retrouvant par exemple une personne se souvenant d'avoir prêté sa cocotte-minute et de l’odeur pestilentielle qui s'en était ensuivie.
Christiane Lambin, la première compagne du "Berger de Caussols", a quant à elle décrit "un homme normal à la maison" mais de plus en plus absent, un bel homme "qu’il fallait partager", tandis qu'une de ses ex-maîtresses le dépeint comme un homme "à double face", capable "de tuer sans état d’âme".
Me Isabelle Gortina, l’avocate de M. Lambin, qui a également plaidé l’acquittement, a stigmatisé les "mensonges" de son ex-compagne. "Si Michel Lambin est un tueur en série, un homme avide de sang, un monstre comme elle le dit, pourquoi vous n'avez aucun crime entre 1983 et 2002, et pensez-vous sincèrement qu’elle serait toujours en vie ?", s’est interrogée l'avocate.

le Mardi 19 Décembre 2017 à 06:58 | Lu 1009 fois