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La peine de mort évoquée par un ministre ni-Vanuatu


La peine de mort évoquée par un ministre ni-Vanuatu
PORT-VILA, mercredi 3 juillet 2013 (Flash d’Océanie) – Alors que la Papouasie-Nouvelle-Guinée est en passe de remettre en vigueur la peine de mort, pour tenter de dissuader les crimes les plus violents, c’est u tour d’un ministre de l’archipel mélanésien de Vanuatu d’évoquer ce concept comme solution à une tendance à la hausse de la criminalité dans cet archipel, en particulier dans sa capitale Port-Vila et ses environs.
Silas Yatan, ministre de la justice et des services communautaires, réagissait il y a quelques jours à l’annonce de nouveaux crimes, y compris ceux qui ont récemment entraîné la mort de deux femmes, dont une, âgée de 21 ans, était enceinte de huit mois et est morte sous les coups de couteau de son compagnon, dans les environs de Port-Vila, samedi 29 juin 2013.
Le corps de l’autre femme a été retrouvé flottant dans une rivière.
Le ministre ni-Vanuatu, en évoquant ce projet de rétablissement de la peine de mort, n’a pas caché l’effet régional qu’aurait pu avoir la récente décision papoue de remettre en vigueur la peine capitale.
Contrairement à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la peine de mort n’a jamais figuré dans le Code Pénal de l’archipel.

Le Parlement de Papouasie-Nouvelle-Guinée a adopté fin mai 2013 une série d’amendements visant à durcir l’arsenal pénal pour les crimes graves, et en particulier la réactivation effective de la peine de mort.
Cette décision a suscité de nombreuses et vives réactions internationales, sous forme de condamnations.

L’ONG Amnesty International, notamment, a rappelé sa conviction selon laquelle la peine capitale est un acte « barbare » et ne serait pas efficace pour dissuader les préparateurs de crimes violents.
L’objectif affiché du gouvernement papou et de son Premier ministre Peter O’Neill, en faisant passer ces nouveaux textes, est de lutter contre une vague de crimes graves, dont des exécutions sommaires de personnes accusées d’actes de sorcellerie, ou encore des viols en réunion et des attaques à main armée dans ce pays de plus de sept millions d’habitants.
Pour ces crimes, l’amendement voté mardi prévoit désormais la peine de mort, avec comme méthodes d’exécutions un éventail allant de la pendaison à l’électrocution en passant par l’injection létale et même le peloton d’exécution.
Ces derniers mois, plusieurs femmes, accusées de sorcellerie et d’être responsables de la mort inexpliquée de membres de la communauté, ont été exultées publiquement de manière extrajudiciaire, et pour certaines brûlées vives et décapitées.
« La peine capitale va à l’encontre du droit à la vie, ainsi que de celui à ne pas être soumis à des traitements cruels, inhumains et dégradants », a affirmé Kate Schuetze, de la branche Océanie d’Amnesty International.
Elle estime par ailleurs que si le gouvernement papou voulait vraiment prendre des mesures efficaces, alors il devrait investir dans la modernisation de son arsenal juridique, de sa police et de son appareil judiciaire.
Le Haut-commissariat de l’ONU aux droits humains, avant même l’adoption de ces amendements aux lois existantes, dans un pays où la peine de mort n’avait pas été appliquée depuis les années 1950, mais où cette peine n’avait jamais formellement été abrogée, condamnait déjà, il y a quelques jours et par avance, une mesure « régressive ».
Dans la proche région de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’Australie a elle aussi exprimé son « regret », par la voie de la Première ministre Julia Gillard qui rappelle que son pays est opposé à la peine de mort « dans tous les pays, pas seulement en Papouasie-Nouvelle-Guinée ».

pad

Rédigé par PAD le Mercredi 3 Juillet 2013 à 06:11 | Lu 368 fois