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La pêche à la tortue a conduit le braconnier à la ruine


Les carcasses de tortues transitaient dans des glaciaires réfrigérées à l'arrière du pick-up.
Les carcasses de tortues transitaient dans des glaciaires réfrigérées à l'arrière du pick-up.
PAPEETE, le 15 septembre 2015 - Deux pêcheurs professionnels ont été condamnés ce mardi à 6 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel, pour avoir trafiqué 93 kilos de viande de tortue verte. Licencié depuis par son patron, intransigeant en la matière, l'un d'eux a tout perdu.

Le tribunal correctionnel a condamné, ce mardi après-midi, deux pêcheurs interpellés en possession de 93 kilos de viande de tortue verte, en novembre 2014, par les douanes lors d'un contrôle de routine à Fare Ute. Les deux hommes, absents à l'audience, devront en outre s'acquitter d'une amende douanière de l'ordre de 220 000 Fcfp chacun.

Le tribunal a aussi prononcé la confiscation administrative du véhicule de l'un des deux prévenus, ayant servi à transporter la marchandise.

Mais l'instruction de cette affaire a surtout permis à l'avocat du principal mis en cause, Me Robin Quinquis, de révéler les conséquences extrajudiciaires auxquelles s'exposent désormais les braconniers de cette espèce classée en voie de disparition et protégée internationalement par la convention de Washington

"Il n'a plus un sou"

"Depuis que cette affaire a été révélée, mon client a tout perdu" raconte l'avocat. "Les simples poursuites engagées contre lui à l'époque ont conduit son employeur, intransigeant sur le respect de cette réglementation, à le licencier". Le pêcheur occupait un poste à responsabilité dans la flotte qui l'employait, rémunéré 800 000 Fcfp par mois. "Et comme il n'était pas très économe, il n'a plus un sou pour vivre aujourd'hui", poursuit le conseil qui expose ses difficultés à retrouver du travail dans le secteur.
"Soyons clair, cette histoire a ruiné sa vie. Il a reconnu avoir pêché une tortue, une fois, à l'approche des fêtes. C'est regrettable. Il y a une prise de conscience collective depuis quelques années sur la fragilité de notre environnement et la nécessité de le protéger. Tout le monde ne l'a pas encore intégré. Lui, je peux vous le dire, il l'a intégré".

Les douaniers avait découvert la viande en deux temps. 40 kilos avaient d'abord été saisis dans un pick-up où se trouvaient les deux hommes, le premier revenant d'une campagne de pêche du côté de Vana Vana aux Tuamotu. Le reste de la marchandise avait été découverte congelée au domicile du second à Papara.

Ce dernier avait assuré sans convaincre ne pas savoir ce que contenaient les sacs qu'il gardait, soi-disant, pour le compte de tierces personnes. La chair de tortue se revend sous le manteau autour de 5 000 Fcfp le kilo.

Rédigé par Raphaël Pierre le Mardi 15 Septembre 2015 à 18:23 | Lu 5047 fois