Tahiti, le 30 novembre 2025 - Ce 1er décembre, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le Sida, le Centre des maladies infectieuses et tropicales (CMIT) présente son bilan annuel et alerte sur la progression continue du VIH en Polynésie française. Une tendance que l’on retrouve dans l’ensemble des pays du Pacifique.
Après 26 nouveaux cas en 2024, l’année 2025 confirme la tendance : au 25 novembre, 25 nouvelles contaminations ont été enregistrées. Les personnes touchées sont 23 hommes et deux femmes, âgés de 22 à 67 ans.
Depuis deux ans, la tendance à la hausse se confirme. Entre décembre 2020 et décembre 2023, le CMIT avait recensé 28 nouveaux cas, dont six pour le seul mois de novembre 2023.
Ces chiffres laissaient alors penser que le virus circulait davantage. Pendant plus d’une décennie, la Polynésie comptait en moyenne 12 nouvelles infections par an. En 2024 puis en 2025, les cas ont doublé. Et cette fois, un changement notable apparaît : les contaminations locales sont désormais trois fois plus nombreuses que les cas importés. Cela confirme que le virus circule activement sur le territoire.
Les professionnels tirent à nouveau la sonnette d’alarme. Selon eux, la hausse observée ne reflète probablement qu’une partie de la réalité. Le manque de protection, la multiplication des partenaires et le faible recours au dépistage favorisent la progression du virus. Plusieurs infections récentes ont d’ailleurs été découvertes fortuitement, à l’occasion de dons du sang ou d’examens médicaux, chez des personnes persuadées d’être hors de danger.
Et à cela s’ajoute de nouveaux défis qui compliquent encore la situation. En effet, l’explosion des relations anonymes via les réseaux sociaux avec des profils sans nom ou avec des avatars limite, voire rend impossible le repérage des cas contacts et favorise donc la transmission silencieuse. Résultat : de nombreuses personnes exposées au VIH ne sont pas identifiées et continuent de vivre sans savoir qu’elles sont peut-être contagieuses.
Enfin, un autre facteur inquiète également les équipes médicales : Parmi les personnes infectées qui le savent certaines se traitent de manière irrégulière et continuent d’adopter des conduites à risque alors qu’elles sont contaminantes. Cela augmente encore le potentiel de transmission.
Les professionnels rappellent donc l’importance de l’usage systématique du préservatif.
Pour informer les jeunes et encourager le dépistage, le CMIT sera présent à l’Université de la Polynésie française ce lundi 1er décembre, de 8h30 à 15heures. L’équipe proposera des tests rapides, gratuits et anonymes, et distribuera des préservatifs.
Aujourd’hui, 210 personnes âgées de 16 à 80 ans vivent avec le VIH en Polynésie et sont suivies par le CMIT. Parmi elles, 62 sont des femmes.
































