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La grève des pompiers d'aérodrome évitée


© présidence
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Tahiti, le 2 février 2023 - Au terme d'une journée de négociations, les pompiers d'aérodrome de la Fédération de rassemblement des agents de l'administration de la Polynésie et le vice-président du Pays, Jean-Christophe Bouissou, ont trouvé un terrain d'entente. Un protocole d'accord a été signé en fin de journée, les pompiers ne partiront donc pas à la grève ce vendredi.
 
La grève des pompiers d'aérodrome n'aura pas lieu. La Fédération de rassemblement des agents de l'administration de la Polynésie (Fraap) et le vice-président du Pays, Jean-Christophe Bouissou, ont signé un protocole d'accord, ce jeudi en fin de journée, alors que le préavis de grève des pompiers d'aérodrome devait prendre fin ce vendredi matin à 0h.
 
Les pompiers ont répondu à l'invitation du vice-président. Ils ont accepté de se retrouver de nouveau autour de la table des négociations, mais avec un “préalable”, l'absence de Georges Puchon, le directeur de l'aviation civile. “S'il est là, on s'en va”, a lâché le pompier syndicaliste Gérard Barff avant le début de la rencontre. Avant d'entamer les négociations, le vice-président a demandé à s'entretenir avec Gérard Barff et le secrétaire général de la Fraap, Jean-Paul Urima, pour justement évoquer la présence du directeur de l'aviation civile. Finalement, les pompiers ont accepté qu'il soit présent, “mais à une condition : qu'il ne parle pas”. “Ils en ont peut-être besoin pour le côté technique. Il faut quand même qu'on avance et qu'on ne parte pas à la grève. On n'est pas là pour ça, on veut que ça ne bloque pas”, a indiqué Gérard Barff pour expliquer ce retournement.
 

La présence de la presse, une première

Autre surprise, la présence des journalistes. Mardi, la première rencontre entre les syndicalistes et le vice-président avait tourné court à cause de la présence du directeur de l'aviation civile, mais aussi de la presse. La rencontre de ce jeudi était donc prévue à huis clos. Mais les pompiers ont déclaré dès le début de la rencontre n'avoir rien à cacher et c'est donc devant les médias que les discussions se sont déroulées, dans une ambiance globalement sereine. Notons que c'est la première fois que la presse est autorisée à suivre l'ensemble des négociations dans un contexte de préavis de grève. Et l'exercice semble avoir intéressé la population, puisque les live diffusés sur Facebook par Tahiti Infos ont été très suivis. Jean-Christophe Bouissou n'a d'ailleurs pas manqué d'utiliser cet argument pour justifier qu'il ne pouvait pas accepter une augmentation des indemnités de sujétions spéciales (ISS) de 20%, l'une des principales revendications de la Fraap. “Tous les fonctionnaires nous écoutent”, a déclaré le vice-président. “Si on le fait, on crée de l'injustice. Comment le justifier auprès des autres ?”

Des concessions et des accords

S'il n'a pas accepté la revalorisation des ISS de 20%, le vice-président a tout de même reconnu la technicité et les responsabilités qui incombent aux pompiers. “C'est vrai qu'il y a peut-être des distorsions entre certains statuts, par exemple avec des aéroports comme Bora ou Rangiroa, qui relèvent d'ADT et ont un autre statut. C'est très difficile de comparer les deux, mais on comprend qu'ils veulent une plus grande reconnaissance indemnitaire sur les responsabilités.” Les pompiers ont accepté de faire une concession sur la revalorisation des ISS de 20% et ont accepté à la place des réajustements de l'indice de base des différents métiers.
 
La responsabilité du chef d'aérodrome a également été évoquée. “Sa mission principale, c'est pompier SSLIA (service de sauvetage et de lutte contre l’incendie des aéronefs sur les aérodromes, NDRL), indique Gérard Barff. “Il est embauché pour ça il a passé les formations et les examens pour ça.” Mais dans les faits, il cumule les responsabilités. “Notre métier, c'est pompier, et le Pays nous a rajouté d'autres missions au lieu d'embaucher du personnel.” Le ministère de la Fonction publique s'est engagé à amorcer des discussions avec les représentants syndicaux sur des pistes d'amélioration du statut particulier des pompiers d'aérodrome visant à créer le métier de chef SSLIA d'aérodrome.
 
Enfin, concernant le respect du protocole d'accord de fin de conflit d'octobre dernier, relatif à la revalorisation des ISS en lien avec le classement des aérodromes, il a été convenu que dès que le nouveau classement des aérodromes sera validé par le Service d'État de l'aviation civile, des actes individuels seront instruits sous un délai de deux mois.
 
À la lecture du protocole d'accord rédigé en fin d'après-midi, les pompiers ont souhaité mettre une condition suspensive, à savoir des garanties de respect de ce protocole. “Je ne souhaite pas revenir à cette table pour des négociations qui ne seront pas tenues”, a déclaré Jean-Paul Urima. Jean-Christophe Bouissou, qui a indiqué qu'il n'avait jamais signé de protocole avec une condition suspensive, s'est engagé personnellement à suivre le respect de ce protocole. “C'est important pour la population que vous enleviez le couperet”, a-t-il répondu. “Il faut qu'on se lève demain matin et qu'il n'y ait plus de grève.” Le protocole d'accord a finalement été signé, la grève est donc évitée.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy et Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 2 Février 2023 à 20:21 | Lu 1852 fois