Tahiti Infos

La fromagère de Tahiti témoigne dans l'ouvrage Néo paysannes


La fromagère de Tahiti témoigne dans l'ouvrage Néo paysannes
PAPEETE, le 28 janvier 2019 - Le livre Néo Paysannes de Linda Bedouet, paru chez Rustica Éditions, donne la parole à 10 femmes dites néo paysannes. Parmi elles se trouve Juliet Lamy, la fromagère de Tahiti. Elle porte la voix de la Polynésie en racontant son parcours.

Linda Bedouet est une néo-paysanne, a vécu à Tahiti. Elle est rentrée aujourd’hui en France. Appartenant au réseau Ferme d'avenir, elle avait à cœur d'interroger d'autres femmes comme elle. Elle voulait que, parmi ces femmes, se trouvent une représentante polynésienne. Elle a découvert le parcours de Juliet Lamy sur Facebook et l’a contactée il y quelques mois.

"Elle m'a demandé, comme aux autres femmes, de raconter mon parcours, mon changement de vie. J'ai trouvé son appel très touchant. Je ne me considère pas tout à fait comme une néo-paysanne car je ne suis pas en contact direct avec la terre. Je suis donc d'autant plus touchée par l'envie de Linda Bedouet de me faire parler car je me sens ainsi appartenir à cette famille-là."

Juliet Lamy, reconnaissante de l’attention qui lui est portée, est aussi contente de pouvoir partager son histoire. "De montrer qu’on peut s’imposer en tant que femme, que tout est possible ou presque. On ne sait jamais de quoi l’avenir est fait, il faut oser et j’espère qu’un tel ouvrage répondra aux questions que d’autres femmes peuvent se poser."

Une nouvelle génération de paysans

Les néo-paysans correspondent à "une nouvelle génération de paysans". Ils ont souvent eu une vie professionnelle avant de se tourner (ou de retourner) vers la terre. Ils se distinguent des chefs d'exploitation agricole ou des agriculteurs par "leur souhait de ne pas exploiter". Linda Bedouet dit: "On ne se reconnaît pas dans ce mot, exploitation".

Pour elle, la paysannerie est "ce que ça représente dans l'imaginaire collectif et ce qu’ils étaient avant la guerre. Ils connaissaient alors tout de la nature. Aujourd'hui, on ne sait plus rien, on est déconnecté, hors sol".

Les néo-paysans "préservent et développent la vie". Ils se considèrent comme "des gardiens du paysage, des savoir-faire, des semences. C'est un travail de reconnexion, de passeur. On est au service de nos micro-fermes". Linda Bedouet est au service de la ferme des Rufaux.

Le parcours de Juliet Lamy

Juliet Lamy, si elle n'est pas en lien direct avec la terre, est dans cette démarche de reconnexion, d’entretien de savoir-faire.

Elle a suivi des études d'espagnol à l'université de Rennes avant d’enchainer avec un master de commerce international. Elle a exercé par la suite le métier de commerciale pour une SCOP de commerce équitable jusqu'au jour où elle a souhaité changer de vie.

Elle a obtenu un brevet professionnel responsable d’exploitation agricole (BPREA) au Centre de formation professionnelle des adultes (CFPPA) d’Auvergne. Objectif ? "Créer une ferme en France, vivre de manière auto-suffisante. J’aimerais être paysanne car c’est un métier manuel, concret. Cela permet de se rapprocher de la Terre, de la nature, de notre nature, de ce que l’on est et qui nous fait vibrer. C’est un acte généreux."

La vie l’a portée à Tahiti. "J’ai donc dû faire évoluer mon rêve car il n’y a pas de terre disponible pour un projet comme le mien. Je me suis lancée dans la transformation."

Depuis, Juliet s’est fait une place, a trouvé une clientèle fidèle et croissante. Elle produit mais elle touche à la limite de son initiative. Elle a un problème d’approvisionnement et s’interroge sur la possibilité d’aller au bout de son rêve à Tahiti, c’est-à-dire d’avoir sa propre ferme sur le territoire. "Mais le problème du terrain n’a pas changé." Elle n’a pas encore arrêté de décision.

Le mot de l'éditeur

10 femmes, 10 parcours, 10 vocations d'agricultrices. Elles sont modernes, libres, innovantes, fertiles d'idées, et embrassent leur profession comme on embrasse la vie. Arrivant de tous les horizons, elles sont passées du commerce aux champs, du métro aux récoltes sauvages, des villes aux yourtes sans regarder en arrière. Maraîchage haut de gamme, arboriculture en plein plateau céréalier, cueillette sauvage près des villes, pêche responsable, viticulture bio entouré de conventionnels, élevage de brebis dans une ZAD, fromagère à Tahiti, boulangère à l'ancienne, paysanne semencière nomade... leurs métiers sont très différents mais une passion les réunit ! Elles mettent à profit leur expérience de vie au coeur du système pour en réinventer un nouveau, plus résilient, cohérent et luxuriant de vie. Linda Bedouet, elle-même néo-paysanne, auteur chez Rustica éditions de Créer une micro-ferme en permaculture et agroécologie, part à leur rencontre et vous livrera leur ressentie sur leur métier, sur leur féminité, et leur message au monde. Regards croisés sur l'agriculture au féminin aujourd'hui.

Les femmes ultramarines à l’honneur au Sénat

Le mercredi 20 février 2019, la Délégation sénatoriale aux outre-mer et la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes vous invitent à assister au colloque sur le thème de "L'engagement des femmes dans la vie économique ultramarine", qu'elles organisent, au Sénat, à l’occasion du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. Juliet Lamy a été invitée à y intervenir pour parler de son parcours de vie.


Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 28 Janvier 2019 à 11:45 | Lu 1630 fois