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La froideur du "désosseur de Tubuai" face à la cour d'assises


PAPEETE, le 25 juin 2019 - Le procès de l’homme poursuivi pour une tentative d’assassinat commise sur sa mère le 6 décembre 2016 à Faa’a a débuté ce mardi devant la cour d’assises de Papeete. Face aux jurés, l’accusé, qui avait pour objectif de « désosser » sa mère, a expliqué qu’il n’était pas un homme violent mais un père blessé par le complot qui aurait été ourdi par la victime afin de récupérer la garde de ses petites filles. Le procès devrait s’achever demain. L’homme encourt la perpétuité.

Le 6 décembre 2016, les gendarmes sont requis pour intervenir à Pamatai suite à l’intrusion d’un individu au sein du domicile de sa mère sur fond de conflit familial. Face aux forces de l’ordre, l’homme, tenu en joug par son beau-père qui tient une batte de baseball, indique qu’il est venu pour « tuer » sa mère et la « planter ». Son sac à dos contient un couteau de boucher destiné à « désosser », une hache, des clous de 12 centimètres et une scie. L’homme porte un pantalon militaire et des chaussures de sécurité.

Placé en garde à vue, l’accusé explique qu’il avait l’intention de tuer sa mère puis d’envoyer des parties de son corps à son beau-père et à la juge des enfants qui avait ordonné le placement de ses deux filles. Suite à une enquête ouverte pour des violences et des agressions sexuelles, les deux adolescentes avaient en effet été confiées à leurs grands-parents.


Un enfant "gentil", devenu "frondeur".

En ce premier jour de procès mardi, la personnalité de l’accusé a été longuement évoquée par la cour. Calme, maître de lui-même et très poli, l’homme a évoqué les mois passés à Nuutania, une « grande école » où il a « beaucoup appris sur lui-même et sur les autres. » Selon ses parents, l’accusé souffre de bipolarité. Selon les experts qui l’ont examiné durant l’instruction, il ne souffre d’aucune anomalie mentale.

L’ex-femme de l’accusé et mère de leurs trois enfants s’est ensuite avancée pour livrer un témoignage compliqué. Oscillant entre l’amnésie et la minimisation de la violence de son ex conjoint, cette quadragénaire très pieuse a fini par relater des « baffes » et des « corrections » en affirmant qu’il y avait des « pervers plus pervers » que lui.

Pour la fille aînée de l’accusé, l’arrivée chez ses grands-parents quelques mois avant les faits, a été bénéfique. A la barre, la jeune fille a expliqué que son père avait pour habitude de lui mettre, ainsi qu’à sa sœur, des « coups de poing, de gros coups de poings ». En pleurs, elle a cependant déclaré que l’accusé avait parfois pu faire preuve d’amour à son égard.

En fin de journée, la victime et mère de l'accusé s'est avancée face à la cour et a témoigné, en larmes. Tel que l'a souligné l'expert qui l'a examinée, cette femme ne comprend pas comment son fils a pu concevoir de la tuer. Envahie par la culpabilité, elle a évoqué un enfant "gentil", devenu "frondeur" au fil des années.

Le procès devrait s’achever demain. L’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.


Rédigé par Garance Colbert avec Jean-Pierre Viatge le Mardi 25 Juin 2019 à 21:00 | Lu 2799 fois