Tahiti Infos

La délinquance confinée


Tahiti, le 22 avril 2020 - Lors d’une conférence de presse organisée mercredi, le haut-commissaire de la République en Polynésie française, Dominique Sorain, ainsi que les représentants des autorités judiciaires et des forces de l’ordre, ont dressé le bilan de la délinquance pour le premier trimestre 2020. Ils ont notamment affirmé que les cambriolages, le trafic d’ice et les violences intrafamiliales étaient en baisse depuis la mise en place des mesures de confinement.

Le haut-commissaire de la République en Polynésie, Dominique Sorain, le procureur général près la cour d’appel de Papeete, Thomas Pison, le directeur de la Direction de la sécurité publique (DSP), Mario Banner, et le commandant de la gendarmerie, le colonel Frédéric Boudier, ont dressé mercredi matin lors d’une conférence de presse le bilan de la délinquance depuis le début de l’année 2020.

A l'occasion de ce point de situation, Dominique Sorain a annoncé une baisse générale de la délinquance en soulignant l’impact du confinement sur les chiffres relatifs aux infractions relevées. Ainsi, la mise en place de cette mesure le 28 mars a eu un effet “mécanique” sur la délinquance, notamment dans le domaine des atteintes volontaires à l’intégrité physique (AVIP), qui englobent les violences intrafamiliales (-11,4%), les violences crapuleuses (-50%) et les violences non crapuleuses (-15%). Selon le haut-commissaire, l’arrêt de la vente d’alcool pendant plusieurs semaines a pu “contribuer” à la baisse du nombre de violences intrafamiliales. Les atteintes aux biens (vols, cambriolages), qui avaient déjà commencé à baisser en début d’année, connaissent-elles aussi depuis le début du confinement une baisse conséquente de l’ordre de -50%. Chiffre qui s’explique aisément puisque les Polynésiens restent chez eux, provoquant ainsi un effet “dissuasif” sur les cambriolages. Enfin, toujours dans la même logique, les autorités ont constaté qu’il y avait beaucoup moins d’accidents de la route depuis que les citoyens sont confinés chez eux.


Stocks d’ice “résiduels”

Même si le trafic de paka continue, le trafic d’ice, a, tel que l’a expliqué Dominique Sorain, subi un “véritable coup d’arrêt” depuis l’interruption des vols commerciaux, notamment en provenance des Etats-Unis : “L’ice ne passe plus ni par voie aérienne ni par voie postale. Peut-être qu’ils y a des stocks mais ceux-ci doivent commencer à être résiduels”. Les trafiquants, du fait des mesures de confinement, sont plus facilement repérables.

Évoquée par le haut-commissaire, la question de l’arrêt de la vente d’alcool a également été abordée mercredi par le procureur général près de la cour d’appel de Papeete, Thomas Pison, qui a fermement tenu à rectifier les différentes “sottises” qu’il avait pu entendre “ces dernières semaines”. Faisant directement référence au discours tenu par la présidente de l’association Utuafare Mataeinaa, qui avait remis en cause le rôle de l’alcool dans les violences intrafamiliales, le procureur général a exprimé son agacement : “Bien évidemment que l’alcool n’est pas une cause directe de ce type de faits. En revanche, l’alcool et /ou les stupéfiants facilitent le passage à l’acte et cela augmente la violence des coups. Je demande à certaines personnes qui se sentent investies d’une certaine connaissance de ne pas colporter de fausses informations en expliquant à la population que boire rend les gens paisibles.”
 

Reprise progressive de l’activité judiciaire

Thomas Pison a également annoncé une reprise “progressive” de l’activité judiciaire à partir du 29 avril avec le traitement de “nombreux stocks” de dossiers. Il a également salué “ l’engagement professionnel” des fonctionnaires et des magistrats de la juridiction en cette “période compliquée”. Depuis le confinement, le palais de justice fonctionne en mode dégradé. Seules les urgences (faits graves) sont traitées, 50% du personnel judiciaire est confiné chez lui.
 
Si le confinement a un effet efficace dans le secteur de la délinquance, le haut-commissaire a tout de même rappelé que nous vivions une période “particulière” à l’issue de laquelle il n’est pas impossible que ces chiffres remontent.

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 22 Avril 2020 à 19:07 | Lu 1713 fois