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La défense plaide la relaxe au procès du crash d'Air Moorea


PAPEETE, 25 octobre 2018 - Les avocats de la défense se sont succédé à la barre du tribunal, jeudi, pour plaider en faveur de la relaxe des huit prévenus cités dans le procès du crash d’Air Moorea. L’incertitude qui demeure encore aujourd’hui pour expliquer la cause de cet accident doit leur bénéficier. 

La culpabilité des huit prévenus cités pour homicides involontaires dans le procès du crash d’Air Moorea, ne fait aucun doute pour le ministère public. Le crash du Twin Otter de la compagnie Air Moorea, qui avait coûté la vie à 20 personnes, le 9 août 2007, est dû à une forte usure du câble de gouverne arrière de l’avion dont la cause est une série de négligences reprochées aux prévenus. Mercredi, le procureur de la république a requis des peines de prison et d’interdictions définitives d’exercer à leur encontre.

Mais après 11 ans de procédure et trois semaines d’instruction à l’audience, pour la défense, les évidences peinent encore à s’imposer. La vérité sur cet accident demeure nimbée par une masse d’incertitudes et de spéculations. Le vol TAH1121 s’est certes abîmé en mer peu après son décollage de Temae, vers 12 heures ce jeudi 9 août 2007. Mais, la rupture du câble de gouverne arrière du Twin Otter est-elle la cause de cet accident ? Si oui, cette rupture est-elle la conséquence d'un processus de maintenance défectueux de l’avion ? Le câble s’est-il rompu lors des opérations de repêchage de l’épave, après le crash ? En dépit d’un câble dont l’usure est constatée à 54 % dans le rapport rendu par les fonctionnaires du Bureau Enquêtes et Analyses (BEA), l’accident n’est-il pas au fond lié à un malaise vagal du pilote ? Ou bien à une erreur de pilotage qui aurait conduit à une perte fatale de contrôle de l’avion durant les opérations de décollage ?

Après trois semaines de procès, la présentation d’expertises et de contre-expertises, de témoignages à charge et à décharge, bien des questions demeurent encore entières pour les avocats de la défense. "Nous sommes là pour la recherche de la vérité. Pas pour celle des responsables, car cette dernière découlera naturellement de la première ", a défendu Me Mestre, l’avocat de Stéphane Loisel, responsable du bureau Documentation et étude de la compagnie aérienne à l’époque des faits. "Pourtant, après 11 ans d’instruction, on évoque aujourd’hui encore des hypothèses". Pour l’avocat, le "caractère incertain du lien causal justifie la relaxe" de son client : "Comment condamner quelqu’un sur la base d’une hypothèse ?"

Un peu plus tôt, Me François Quinquis venait également de plaider en faveur de son client, Freddy Chanseau. Pour l’avocat de l’ancien directeur général d’Air Moorea, la rupture du câble de gouverne de profondeur ne peut pas être considérée comme une "condition directe et certaine de l’accident". Cela justifie à ses yeux la relaxe de son client. Mercredi, le ministère public a requis 3 ans de prison dont une année avec sursis, 2,4 millions Fcfp d’amende et une peine d’interdiction d’exercer à vie à l’encontre de Freddy Chanseau, aujourd’hui directeur des escales internationales à Air Tahiti.

La défense a été unanime, jeudi, pour considérer que la cause factuelle de l'accident du 9 août 2007 était sujette à spéculations.
Les huit prévenus de ce procès sont cependant susceptibles d’être reconnus coupables d’homicides involontaires et risquent tous des peines de prison, dont certaines assorties du sursis, et des peines d’interdiction définitive d’exercer.

Dans ce procès, 137 parties civiles attendent également que justice soit rendue, 11 ans après les faits. Le jugement est mis en délibéré jusqu'au 22 janvier 2019.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 25 Octobre 2018 à 15:59 | Lu 1789 fois