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La communication, meilleur des remèdes contre les erreurs médicales


La communication, meilleur des remèdes contre les erreurs médicales
PARIS, 27 sept 2012 (AFP) - Pour lutter contre les erreurs médicales qui se produisent au rythme d'environ 300.000 par an dans les hôpitaux français, une meilleure communication est le plus efficace des remèdes, selon les divers intervenants d'un colloque organisé sur ce thème à Paris.

"Dans 85% des cas, les erreurs médicales ne correspondent pas à des erreurs individuelles mais à des erreurs de coordination", a souligné Jean de Kervasdoué, ancien haut fonctionnaire responsable des hôpitaux et économiste spécialiste de la santé.

"L'hôpital, c'est une série de corporations juxtaposées qui vous prennent en charge" et où souvent règne une "absence de coordination dans le temps et dans l'espace" toute propice aux erreurs médicales, explique M. de Kervasdoué.

Les professionnels et les cadres de la santé acceptent de plus en plus ouvertement d'aborder le thème de l'erreur médicale. En témoigne l'assistance fournie, venue assister au premier colloque organisé en France sur ce thème, jeudi à Paris, par l'association professionnelle La Prévention médicale.

Un intérêt d'autant plus grand qu'en matière d'erreur médicale, les choses semblent grandement perfectibles. "On progresse mais pas assez vite", reconnaît le président de la Haute autorité de santé (HAS) pour qui la première des difficultés est de récolter des chiffres fiables.

Les erreurs médicales, que la profession nomme "événements indésirables graves" (EIG), doivent être déclarées à l'autorité administrative compétente, selon une loi de 2004.

Mais, en raison d'une "insécurité juridique", il y a une "sous-déclaration notoire" des EIG, affirme le cardiologue André Vacheron, président honoraire de l'Académie de médecine.

"Faute d'une protection juridique, le caractère obligatoire du signalement des EIG est ressenti comme une délation ou une faute et fait craindre des sanctions", explique-t-il.

Pas de progrès sans signalement

Le premier groupement hospitalier français, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) cherche d'ailleurs à inciter son personnel à signaler les erreurs médicales et a décidé de ne pas sanctionner ceux qui les réalisent, à moins d'un "manquement délibéré et répété aux règles de sécurité".

"S'il n'y a pas de signalement, il n'y a pas progrès", estime la directrice générale de l'AP-HP, Mireille Faugère, qui s'inquiète du fait que 50% des signalements à l'AP-HP sont le fait des infirmières et que "seulement" 6% proviennent des médecins.

A partir d'une enquête nationale réalisée en 2009 sur le sujet (Eneis), la Drees (service statistique des ministères sociaux) a estimé entre 275.000 et 395.000 le nombre des EIG survenant chaque année dans les hôpitaux français, dont 95.000 à 180.000 pourraient être évitées.

"L'enjeu est majeur: pour 30 lits dans un hôpital, un événement indésirable grave survient chaque semaine", souligne la responsable de la qualité et de la sécurité des soins à la Direction générale de l'offre de soins (DGOS), une branche du ministère de la Santé.

Cette dernière a mis en place depuis un an la Semaine de la sécurité des patients (du 26 au 30 novembre cette année) pour "gagner en sécurité par l'amélioration de la communication entre les patients et les professionnels du soin", explique-t-elle à l'AFP.

"On sait que beaucoup d'EIG sont dus à des défauts de communication entre professionnels et aussi avec le patient. Si le patient n'est pas bien informé, il ne peut pas jouer le rôle de vigie pour le professionnel, si quelque chose d'inattendu se passe", explique-t-elle.

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Rédigé par Par Olivier THIBAULT le Jeudi 27 Septembre 2012 à 05:27 | Lu 888 fois