Tahiti Infos

La chirurgie, une solution de dernier recours chez les ados obèses


Les adolescents obèses ne doivent recourir à la chirurgie qu'en solution de dernier recours, avertit la Haute Autorité de Santé (HAS) qui s'inquiète de la multiplication des opérations pratiquées par des médecins non spécialistes de l'obésité infantile.

En France où l'obésité gagne du terrain, 114 mineurs ont subi une chirurgie de l'obésité en 2013 contre 53 en 2009, a-t-elle indiqué à l'AFP.

Or la chirurgie "bariatrique", qui consiste à réduire la taille de l'estomac par la pause d'un anneau ou limiter l'absorption des aliments par une partie des intestins, "peut entraîner des complications graves et des difficultés au quotidien, même plusieurs années après l'intervention", souligne la HAS, qui publie une série de recommandations.

"Ce n'est pas une appendicite! L'opération n'est pas un coup de baguette magique!", renchérit Anne-Sophie Joly, présidente du Collectif national des associations d'obèses, se félicitant de la mise en place d'un cadre par la HAS.

"Nous réclamions depuis cinq ans ces recommandations de bonnes pratiques alors que nous constatons que certains médecins opèrent des jeunes", en présentant cette opération à la Sécurité sociale comme un autre acte, explique-t-elle. "Le but est de ne pas pousser les enfants au bloc opératoire".

La chirurgie ne permet pas "à elle seule de perdre du poids et n'est efficace qu'à condition de modifier ses habitudes alimentaires, d'augmenter son activité physique et d'être suivi médicalement à vie", rappelle la HAS qui ne recommande la chirurgie bariatrique chez les moins de 18 ans qu'après l'échec d'une prise en charge adaptée. 

 

- Prévention dès le berceau -

 

En France, près de 4% des jeunes de moins de 18 ans seraient obèses, un taux en constante augmentation. "A cet âge, l'obésité a des effets délétères sur la puberté, le développement osseux mais aussi sur l'image de soi", reconnaît l'Autorité.

Outre les complications cardio-respiratoires (hypertension, apnées du sommeil, asthme) ou métaboliques (diabète), l'obésité a des conséquences sur l'activité hormonale et la survenue de la puberté, la croissance des os et le développement psycho-affectif.

Mais l'objectif est de ralentir la progression de la prise de poids des ados et non pas forcément de maigrir, insiste la HAS.

Si la chirurgie est envisagée, le mineur devra "remplir différents critères" physiologiques et psychologiques, notamment avoir au moins 15 ans (ou, au cas par cas, entre 13 et 15 ans), avoir atteint un stade de croissance osseuse et de puberté suffisant, tout en présentant un indice de masse corporel (IMC) particulièrement élevé.

"Un IMC à 40, cela signifie qu'un adolescent pèse 110 kilos pour 1,65 mètre", explique le chirurgien David Nocca, responsable du centre spécialisé d'obésité du Languedoc-Roussillon.

A partir d'un indice 35 (95 kilos pour 1,65 m par exemple), les conséquences de l'obésité sont graves et l'opération peut être envisagée, ajoute-t-il. 

"La chirurgie chez l'adolescent est une technique efficace à condition qu'elle soit pratiquée par des équipes expertes dans la prise en charge de l'obésité et dans l'évaluation pédo-psychiatrique et pédiatrique", dit-il. 

Leur vie est améliorée "de façon spectaculaire", relève le professeur, pointant les difficultés rencontrées par les jeunes obèses pour s'insérer dans le monde du travail ou fonder une famille.

"Mais on sait que certaines équipes ont opéré des adolescents sans être référencées comme équipes expertes. Or, moins on est expert, plus le risque de complications est élevé", affirme-t-il. 

Anne-Sophie Joly ajoute que la prévention doit être la base de la lutte contre l'obésité dès le plus jeune âge et même in utero. Or, "de plus en plus de bébés pèsent plus de 4 kg à la naissance", dit-elle.

Les dépenses énergétiques dès la petite enfance sont donc fondamentales, souligne-t-elle, inquiète d'observer à la crèche des bébés d'à peine un an pesant déjà 15 kilos : "Ce sont des bébés qui ont du mal à se déplacer, vite épuisés à quatre pattes".

Avec AFP


Rédigé par RB le Jeudi 31 Mars 2016 à 06:10 | Lu 493 fois