Tahiti Infos

La Polynésie solidaire de Beyrouth


AFP
AFP
Tahiti, le 8 septembre 2020 - Le 4 août dernier, deux énormes explosions ont ravagé une très grande partie de Beyrouth, la capitale du Liban, faisant 191 morts, plus de 6 500 blessés et près de 300 000 sans-abri, selon le dernier bilan. Face à ce drame, plusieurs actions de solidarité se sont montées à Tahiti pour venir en aide à la population libanaise.  


Les images des deux énormes explosions qui ont détruit le port et une partie du centre de la capitale libanaise, Beyrouth, le 4 août dernier, ont choqué le monde entier. Des hommes, des femmes, des enfants déambulant dans les débris, regard hagard, vêtements tachés de sang, ont tourné en boucle sur les télévisions et les réseaux sociaux.
À Tahiti comme dans le reste de la planète, ces images ont heurté. "J’ai reçu beaucoup de messages de sympathie, de coups de téléphone après les explosions, de la part de personnes vivant à Tahiti. Les Polynésiens nous ont demandé comment ils pouvaient venir en aide aux Libanais. C’est comme cela que le Rotary Club Papeete-Tahiti a eu l’idée de lancer un appel aux fonds", explique le docteur Fadi Chakhtoura.

Un peu moins de deux millions récoltés

L’homme, qui a grandi au Liban jusqu’à ses 18 ans, a accepté de jouer le rôle de coordonnateur de cette collecte initiée par le Rotary Club Papeete-Tahiti. Lancée une semaine après les deux explosions, elle se termine cette semaine et a récolté un peu moins de deux millions de Fcfp.
"Il y a vraiment urgence, il y a 300 000 personnes qui se sont retrouvées en quelques secondes sans rien, sans logement, sans vêtement, qu’avec les choses qu’elles avaient sur elles. Des hôpitaux, des cliniques ont été endommagés. Je suis en contact avec des médecins là-bas, la situation est très difficile. Heureusement, il y a une grande solidarité là-bas, les gens s’entraident beaucoup, balayent les débris, ouvrent leurs portes pour venir en aide à ceux qui ont tout perdu", précise le docteur.

Les fonds iront à la Croix-rouge libanaise

"Pas mal de gens ont donné. Certains des grosses sommes, d’autres de petites, mais l’important c’est la solidarité. Des Libanais sont au courant de cette collecte, ils sont très touchés de savoir que même aussi loin qu’en Polynésie, on pense à eux", reconnaît le coordonnateur. Avant de d'ajouter "Le Rotary a déjà apporté son soutien en Nouvelle-Zélande, nous soutenons aussi beaucoup d’actions en faveur de la Polynésie, que ce soit sur le diabète, l’hépatite B (…). Les unes n’empêchent pas les autres", remarque à juste titre le docteur Fadi Chakhtoura.
Même si la corruption est très présente au Liban, le coordonnateur insiste sur le fait que l’argent récolté sera envoyé directement par virement bancaire à la Croix-rouge libanaise, réputée pour son sérieux et son honnêteté. L’association d'aide humanitaire utilisera ensuite l’argent en fonction de ses besoins et des actions qu’elle jugera prioritaires.

Une ambulance de l’espoir aux couleurs de la Polynésie

D’autres initiatives ont également vu le jour, à l’instar de celles proposées par l’association Les Amis du Liban-Tahiti et du club polynésien de la Francophonie, présidé par Joseph Maroun. Présent le jour du drame, l’homme est encore très marqué. "L’explosion était très violente, les gens criaient. J’ai aussi le souvenir de la solidarité des gens après l’explosion, qui s’entraidaient (…), les pleurs d’un enfant dans les bras de sa mère", raconte-t-il très ému. Pour aider le peuple libanais à surmonter cette terrible épreuve, l’association a décidé de lancer l’opération "Une ambulance de l’espoir". "Ce choix a été fait car le secteur médical a été très durement touché, de nombreux hôpitaux ou cliniques ont été détruits ou endommagés, des véhicules de soins aussi. Cette ambulance de l’espoir sera peinte aux couleurs de la Polynésie. Ce sera un vrai message de solidarité, de fraternité du peuple Polynésie envers les Libanais", précise Joseph Maroun, qui espère bien un jour créer des jumelages entre plusieurs villes des deux pays.
Outre cette initiative, l’association a mis ou va mettre en place plusieurs actions afin de récolter des fonds. "Nos actions sont principalement dans les domaines artistique et culturel. Des toiles de Sonya Tanios sont exposées au centre Vaima, 35% des recettes  des ventes seront reversés pour venir en aide au Liban. Nous avons aussi prévu d’autres actions, comme l’organisation de concerts ou la venue du chef étoilé Alan Geaam, mais pour l’instant, tout est un peu en stand-by à cause du Covid-19. On attend que la situation sanitaire s’améliore. On se servira de ces fonds pour soutenir aussi l’association Saint Vincent de Paul, qui travaille pour les plus démunis", conclut Joseph Maroun.

le Mardi 8 Septembre 2020 à 18:04 | Lu 555 fois