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La Polynésie pourrait mobiliser son 1er emprunt obligataire en novembre


La Polynésie pourrait mobiliser son 1er emprunt obligataire en novembre
PARIS, mercredi 25 septembre 2013. Le vice-président de la Polynésie en charge des finances et du budget du Pays poursuit ses rencontres professionnelles à Paris à la recherche de financements pour le Pays. Au ministère de l’outremer Nuihau Laurey a eu une réunion de travail sur les différents points du pacte de croissance en présence de Fabrice Rigoulet-Roze, directeur de cabinet du ministre des outremer et le conseiller Brice Blondel. Les discussions techniques ont porté sur l’avance de trésorerie sollicitée par la Polynésie française (5 milliards de Fcfp sont attendus), la participation de l’Etat au plan de départs volontaires des agents de la fonction publique ainsi que sur la mission de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) prévue initialement au début de l’automne.

Mais, outre les coups de pouce financiers de l’Etat, la Polynésie française compte sur le soutien des banques pour le programme de financements des investissements du Pays pour la période 2013-2016 car les sommes à mobiliser sont nettement plus conséquentes que les avances de trésorerie que l’Etat pourrait (ou ne pas) accorder. Avec HSBC et Natixis, dès le mois de juillet dernier des discussions avaient été entamées pour que la Polynésie française se positionne en qualité d’émetteur d’emprunt obligataire. Une nouvelle option bancaire qui avait été également envisagée et préparée dès février dernier par l’ancien gouvernement UPLD qui espérait également pouvoir ouvrir un emprunt obligataire d’un montant de 6 milliards de Fcfp.

Mais pour être accepté sur le marché obligataire, le Pays doit suivre une longue procédure. Selon un communiqué de presse de la vice-présidence cette procédure serait en cours d’achèvement. Ainsi «le programme de présentation de la Polynésie française en qualité d’émetteur d’emprunt obligataire sera achevé à la mi-octobre pour une validation ultérieure par l’Autorité des Marchés Financiers. Une première mobilisation de fonds sur le marché obligataire sera mise en œuvre dans le courant du mois de novembre pour un montant de 6 milliards Fcfp». L’intérêt du marché obligataire pour les collectivités territoriales est de disposer de taux intéressants mais aussi et surtout d’offrir «une mobilisation plus dynamique des financements de nos investissements» précise encore le communiqué de presse de la vice-présidence.

Mais pour obtenir les taux d’emprunt les plus intéressants sur le marché obligataire (comme pour des emprunts plus classiques) la Polynésie française doit montrer sa capacité de bonne gestion des finances publiques, à faire face à ses remboursements financiers conséquents et à son désendettement progressif. A ce titre, il serait donc très intéressant pour la Polynésie française d’obtenir un relèvement de son évaluation effectuée par l’agence de notation Standard and Poor's, confirmée il y a quelques mois à BB+. Le vice-président Nuihau Laurey a ainsi été reçu par l’équipe de l’agence de notation ce mercredi à Paris «afin d’examiner la situation budgétaire de la collectivité avant le prochain vote du budget 2014». Le communiqué de presse de la vice-présidence envoyé ce mercredi matin aux rédactions ne dit pas si ce passage au grand oral a été concluant.



Pour lire le communiqué officiel de la Vice-présidence sur ces rencontres à Paris, CLIQUER ICI

La Polynésie pourrait mobiliser son 1er emprunt obligataire en novembre
Emprunt obligataire : la notation du Pays est primordiale

A la différence d’un emprunt classique, un emprunt obligataire permet à son émetteur d’obtenir de l’argent en vendant des obligations à des investisseurs. Mais pour vendre ces obligations estampillées Polynésie française il va être nécessaire de rassurer les éventuels investisseurs sur sa capacité à rembourser. Tout le monde a en tête l’inextricable affaire des «emprunts russes d’avant 1917» qui n’ont toujours pas remboursés aux 400 000 porteurs de titres obligataires russes, presque 100 ans après ! En général les investisseurs qui financent ces emprunts obligataires sont des compagnies d’assurance, des caisses privées de retraite, des fonds d’investissement qui ont l’habitude de manier ces outils financiers complexes et savent en apprécier les risques ou les intérêts.

La situation financière de la Polynésie, sa réforme fiscale récente, son plan de relance seront donc analysés dans les moindres détails par les éventuels investisseurs avant qu’ils n’acceptent d’acquérir ces titres obligataires polynésiens. Pour beaucoup, la notation Standard and Poors est une référence. La note actuelle du Pays en BB+ place la Polynésie dans la catégorie dite spéculative, depuis mars 2011 avec une confirmation il y a quelques mois. Cette catégorie suppose des «risques sérieux d’incidents de paiement». Dans le jargon lexical bancaire, la Polynésie française n’est donc pas, à l’heure actuelle, très attractive. Si elle reste dans cette catégorie, cela ne l’empêchera pas pour autant d’émettre un emprunt obligataire. Mais pour compenser les risques, les taux pratiqués à son encontre risquent d’être plus importants.

En revanche, l’avantage pour la collectivité territoriale qui parvient à être reconnue comme émetteur sur le marché obligataire -ce qui semble être bientôt le cas de la Polynésie française proche d’obtenir son visa de l’Autorité des marchés financiers- c’est qu’à l’émission des fonds les frais sont allégés et la réactivité très forte : il ne faut que quelques jours entre la décision d’émission et l’arrivée des fonds dans les caisses de la Collectivité territoriale émettrice. Un avantage certain donc pour le Pays qui est entré dans sa phase de bouclage du budget primitif pour 2014 (avec l’ouverture de la session budgétaire à l’assemblée de Polynésie la semaine dernière) et qui a besoin de financements en particulier pour son programme d’investissements non seulement pour l’année à venir, mais pour la durée totale du mandat du nouveau gouvernement.





Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 25 Septembre 2013 à 10:04 | Lu 1292 fois