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La Finc veut miser sur le local


Nouméa - France - AFP - Jeudi 5 août 2021 - Alors que s'ouvre la Semaine de l'industrie, la filière veut renforcer ses capacités de production locale. Et selon les professionnels, il y a urgence avec la pandémie.
 
“La Nouvelle-Calédonie doit-elle continuer de s'appauvrir en important 85 % de ce qu'elle consomme ou peut-on inverser la tendance à court terme pour de nouveau créer de la richesse ?" Il n'y a pas l'ombre d'un doute pour Xavier Benoist, président de la fédération des industries (Finc) : le Caillou doit rapidement "changer de paradigme" et transformer en profondeur son modèle économique et social, en particulier en régulant ses importations. Certes, le discours n'est pas nouveau, mais la pandémie n'a fait, à ses yeux, qu'accélérer cette nécessité. "Quel est l'intérêt de continuer à importer des yaourts par avion alors qu'on est capables de les produire nous-mêmes ? poursuit Xavier Benoist. La Calédonie marche sur la tête et est à contre-courant de ce que le reste du monde fait avec la Covid-19, à savoir relocaliser l'économie."
 
Et ce, alors que cette crise sanitaire qui n'en finit plus a fait bondir les tarifs du fret et a rallongé considérablement les délais de livraison. Sans oublier les matières premières, dont certaines se font de plus en plus rares et qui ont vu leur prix flamber. Deux secteurs sont particulièrement touchés par ce phénomène : l'agroalimentaire et le BTP, qui a déjà "perdu" 3500 emplois en trois ans. "La Calédonie s'était mobilisée quand on avait envisagé la fermeture de Vale, ce qui représentait l'équivalent en emplois, sauf que pour le BTP, cela s'est fait dans la quasi-indifférence générale, estime le président de la Finc. Le risque pour ce secteur, compte tenu de la crise structurelle qu'il connaissait déjà avant la pandémie, c'est qu'il soit quasi balayé avant la fin de l'année. Et qu'il perde encore jusqu'à la moitié des effectifs restants qui sont d'environ 5 000 personnes."
 
C'est pourquoi la fédération réclame auprès des collectivités des "mesures fortes" pour accompagner ces secteurs ainsi que pour relancer l'économie, en réduisant notamment le déficit du commerce extérieur. Comprenez en augmentant de manière significative la part de la production locale pour réduire celle des importations. "Nous allons continuer d'être force de propositions avec cette volonté de transformer le modèle économique et social, insiste Xavier Benoist. Une fois ce modèle identifié, il faut voir comment réformer la fiscalité, les codes du travail, etc."
 
Susciter des vocations chez les jeunes
 
C'est dans ce contexte morose que la fédération organise jusqu'au 15 août sa Semaine de l'industrie (lire par ailleurs) pendant laquelle de nombreuses entreprises ouvrent leurs portes au public. L'occasion de faire la lumière sur les compétences et les savoir-faire locaux. "On veut que les jeunes qui vont partir faire des études à l'étranger aient une meilleure idée de quelles sont les opportunités et les filières sur lesquelles ils aimeraient évoluer ici plus tard, glisse Alban Goullet-Allard, gérant d'Isotechnic, une société qui conçoit notamment des panneaux isolants. On espère que ces jeunes reviendront dans nos entreprises d'ici quelques années avec des diplômes. Chez nous, il y a un changement de génération parmi les salariés et il y a une évolution technologique majeure de nos nouvelles unités de production. On doit donc recruter ceux qui ont des capacités plus importantes pour faire de la maintenance industrielle et de l'ingénierie."
 
Cette entreprise de Ducos ne manque d'ailleurs pas d'ambition et, à force d'investissements, parvient même à s'exporter : "Notre volonté c'est de nous asseoir sur le marché domestique, mais également d'aller chercher d'autres marchés dans la région, explique le gérant. Cette année, nous envoyons par exemple deux contenairs vers la Polynésie française et Wallis-et-Futuna."
 

le Jeudi 5 Août 2021 à 17:31 | Lu 458 fois