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"L'urgence est d'aider à la constitution de dossiers complets" (Lana Tetuanui)


Lana Tetuanui est aussi présidente de la commission de cadrage de la loi Morin.
Lana Tetuanui est aussi présidente de la commission de cadrage de la loi Morin.
PAPEETE, le 5 juillet 2018. « L’urgence aujourd’hui n’est plus à polémiquer, mais d’aider à la constitution de dossiers complets pour éviter tout rejet et pour que nos victimes obtiennent réparation", a souligné Lana Tetuanui, en réponse à Moruroa e Tatou, qui regrettait la semaine dernière que l'indemnisation des victimes des essais nucléaires était trop lente.

La semaine dernière, Moruroa e Tatou a déploré que le nombre de dossiers déposés en vue d’une indemnisation auprès du Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) et des élus polynésiens ne soit pas plus élevé, notamment parmi les civils. Beaucoup de gens se félicitent de l’avancée des choses (…). Avant de s’applaudir, il faut régler le problème”, soit le fait que “seuls quatre dossiers locaux ont été acceptés cette année”, avait indiqué Roland Oldham, président de l'association. Celui-ci avait aussi jugé insuffisantes les avancées obtenues récemment par les parlementaires.

Dans un communiqué, la sénatrice Lana Tetuanui a répondu : "Je peux comprendre qu’après tant d’années de combat et d’attente, les membres de Moruroa e tatou soient pressés d’obtenir réparation, mais il ne faut pas se tromper de cible ... » En effet, la sénatrice tient à expliquer les raisons pour lesquelles il faut garder espoir et dialoguer avec l’État.

Lana Tetuanui, qui est aussi présidente de la commission de cadrage de la loi Morin, ajoute : « Trois parlementaires polynésiens siègent aujourd’hui dans cette commission y compris notre collègue député indépendantiste, et nous proposerons d’un commun accord avec l’ensemble des membres, au gouvernement central les modifications législatives qui s’imposeraient et les mesures qui permettront d’aboutir à une accélération du processus des indemnisations. Ainsi, et sans attendre les conclusions du rapport, et afin de défendre les droits des victimes, le Premier ministre a été alerté, sur l’urgence à proroger le délai d’acceptation des dossiers déposés par les ayants-droit des victimes décédées et dont la limite fixée par la loi arrive bientôt à échéance. Par ailleurs, contrairement au constat sévère formulé par l’association Moruroa e Tatou à l’égard du Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires, nous avons observé les avancées réalisées dans le traitement des dossiers par les nouveaux membres constituant cette autorité administrative indépendante".

Lana Tetuanui poursuit « L’urgence aujourd’hui n’est plus à polémiquer, mais d’aider à la constitution de dossiers complets pour éviter tout rejet et pour que nos victimes obtiennent réparation. J’appelle donc l’association Moruroa e Tatou à plus de diplomatie dans ses propos envers les membres du Civen, et envers les représentants politiques du Pays, qui s’attachent aujourd’hui à veiller à ce que l’Etat aille jusqu’au bout de sa reconnaissance de responsabilité à l’égard de notre population. Je reconnais le combat mené depuis des années par les associations, je reconnais le fait que les malades ont trop attendu, mais le rôle des associations est aussi d’expliquer ces nouvelles avancées et surtout d’aider les victimes ou leurs ayants-droit à constituer des dossiers complets. Nous devons tous travailler ensemble, pour la reconnaissance des droits des victimes. »

Depuis 2001, l’association Moruroa e Tatou, pour la défense des anciens travailleurs polynésiens du nucléaire, mène un combat assidu pour que soient reconnues les victimes des maladies radio-induites. Depuis 2010, et l’adoption de la loi Morin pour la reconnaissance et l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français, ce combat s’est déplacé sur le terrain de la performance du dispositif d’indemnisation, avec en ligne de mire le Civen, l’autorité indépendante chargée de l’examen des dossiers de demande. Une activité d’indemnisation toujours jugée "insuffisante", par Moruroa e Tatou. Au 31 décembre 2017, le Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires enregistrait 1245 demandes depuis 2010, dont 832 émanant d’anciens travailleurs du CEP ou de civils. A ce jour, et malgré la suppression du "risque négligeable" dans le dispositif de la loi Morin, 77 dossiers ont fait l’objet d’offre d’indemnisation par le Civen et 194 sont encore en cours d’instruction.

le Jeudi 5 Juillet 2018 à 15:24 | Lu 1086 fois