Tahiti le 19 juillet 2025 – En visite à Moorea samedi, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a déclaré “l’océan brûle” et c’est un “incendie que l’on ne voit pas mais qui pèse sur la survie de la planète”. Il s’est aussi félicité que la Polynésie française “dans tous les domaines, est à l’avant-garde” et qu’elle a eu “un rôle très important” dans la réussite de l’Unoc à Nice, le mois dernier.
Après Hiva Oa aux Marquises puis Rangiroa aux Tuamotu, le ministre d'État en charge des Outre-mer, Manuel Valls, accompagné du président du Pays Moetai Brotherson, du ministre des Ressources marines, Taivini Teai, et du haut-commissaire Éric Spitz s’est rendu ce samedi à Moorea. Trois arrêts étaient prévus pour la venue du ministre sur l’île sœur : le bureau de la Sarl Coral Gardeners à Paopao, l’écomusée Te Fare Natura puis le Criobe situés tous deux dans la baie de Opunohu.
“Une journée que nous allons beaucoup consacrer aux suites du sommet des océans de l’Unoc à Nice” a précisé le représentant du gouvernement Bayrou. Il a aussi rappelé à plusieurs reprises dans la journée que la Polynésie a “joué un rôle très important et tout à fait essentiel”, à Nice le mois dernier lors la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) : “Si l’Unoc a été une réussite pour la France ça a été grâce à la Polynésie et sa délégation, aux choix et aux annonces faites par le gouvernement de la Polynésie.” Début juin dernier à Nice, le président Moetai Brotherson a en effet annoncé l’instauration au Fenua de plusieurs réformes visant à renforcer la protection des 5,5 millions de km2 du domaine maritime de la Polynésie française en instaurant de nouveaux espaces protégés et des zones de pêche règlementées, couvrant 20% de cette ZEE. Un parc territorial de 220.000 km2 réservé à la pêche traditionnelle doit aussi être créé à l'ouest des îles de la Société, et un autre de 650.000 km2 aux Gambier en guise de “sanctuaire pour la vie marine”.
Après Hiva Oa aux Marquises puis Rangiroa aux Tuamotu, le ministre d'État en charge des Outre-mer, Manuel Valls, accompagné du président du Pays Moetai Brotherson, du ministre des Ressources marines, Taivini Teai, et du haut-commissaire Éric Spitz s’est rendu ce samedi à Moorea. Trois arrêts étaient prévus pour la venue du ministre sur l’île sœur : le bureau de la Sarl Coral Gardeners à Paopao, l’écomusée Te Fare Natura puis le Criobe situés tous deux dans la baie de Opunohu.
“Une journée que nous allons beaucoup consacrer aux suites du sommet des océans de l’Unoc à Nice” a précisé le représentant du gouvernement Bayrou. Il a aussi rappelé à plusieurs reprises dans la journée que la Polynésie a “joué un rôle très important et tout à fait essentiel”, à Nice le mois dernier lors la Conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc) : “Si l’Unoc a été une réussite pour la France ça a été grâce à la Polynésie et sa délégation, aux choix et aux annonces faites par le gouvernement de la Polynésie.” Début juin dernier à Nice, le président Moetai Brotherson a en effet annoncé l’instauration au Fenua de plusieurs réformes visant à renforcer la protection des 5,5 millions de km2 du domaine maritime de la Polynésie française en instaurant de nouveaux espaces protégés et des zones de pêche règlementées, couvrant 20% de cette ZEE. Un parc territorial de 220.000 km2 réservé à la pêche traditionnelle doit aussi être créé à l'ouest des îles de la Société, et un autre de 650.000 km2 aux Gambier en guise de “sanctuaire pour la vie marine”.
“Cet incendie qu’on ne voit pas et qui pèse sur la survie de la planète”
Comme l’a rappelé le ministre des Outre-mer Manuel Valls, tous les territoires ultramarins sont “confrontés aux mêmes problématiques” : “L’océan brûle. C’est un incendie que l’on ne voit pas mais et qui, pourtant, pèse évidemment sur notre écosystème et sur la survie de la planète.” Il a aussi rappelé les “cris d’alerte, d’alarme” des chefs d’États et présidents des pays du Pacifique lors de la COP21 en 2015 au sujet de la montée des eaux. “C’est une réalité et il faut agir dans tous les domaines au niveau international”, a-t-il enjoint en appelant à une “prise de conscience”. Il a aussi regretté à Moorea que “tous les pays ne jouent pas le jeu” en déplorant l’absence des États-Unis en juin dernier à Nice lors pour la Conférence des Nations unies sur l’océan.
Le ministre d'État en charge des Outre-mer s’est aussi félicité de constater que “la Polynésie dans tous les domaines est à l’avant-garde” grâce au travail des scientifiques, du Pays, de l’État et des habitants. “C’est une course contre la montre et il faut être extrêmement actif, présent.”
Le ministre d'État en charge des Outre-mer s’est aussi félicité de constater que “la Polynésie dans tous les domaines est à l’avant-garde” grâce au travail des scientifiques, du Pays, de l’État et des habitants. “C’est une course contre la montre et il faut être extrêmement actif, présent.”
Une canicule marine “tous les ans”
Le président du Pays Moetai Brotherson, après avoir rencontré les membres de Coral Gardeners “un peu avant l’Unoc” a décidé de mettre en place “une formation et un diplôme de jardinier du corail”. Un projet édifié en interministérialité avec l’Éducation, la Recherche et l’Emploi.
Le président apprécie d’ailleurs cet “esprit positif” qu’incarnent les membres de la Sarl Coral Gardeners. “C’est très facile de sombrer dans le misérabilisme quand on aborde les questions de préservation de l’environnement. On peut se dire que tout est fichu et que ce n’est pas la peine d’essayer de faire quoi que ce soit.” Et à propos de cette entreprise constituée en 2017 avec l’objectif de protéger le récif : “Ils admettent volontiers que ce qu’ils font n’est pas suffisant ; mais c’est nécessaire.”
Le président de la Polynésie française se dit prêt à venir en aide à la jeune société, notamment pour son projet de ferme de corail à terre. “Pour cela il faut du foncier et le Pays en dispose un petit peu dans chaque île.” Là aussi, le président a précisé que ce soutien serait un travail en interministérialité.
Tout comme le ministre des Outre-mer, le président a constaté que “les grands pays de ce monde changent leur façon de vivre, et de consommer” et souligné que les îles du Pacifique ne sont pas responsables du réchauffement des océans ni du phénomène d’“acidification de l’eau”.
L’ingénieur en charge de l’observatoire du Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe), Yannick Chancerrelle, documente l’évolution et l’état de santé des récifs à Moorea depuis plusieurs années avec l’objectif d’identifier “des solutions de gestion pour l’avenir”. Comme il l’a souligné lors de la visite de Manuel Valls à l’antenne du Criobe de Moorea, l’écosystème corallien “n’est pas quelque chose de naturellement stable”. Le taramea, cette étoile de mer de la famille des échinodermes très néfaste pour les coraux, et les cyclones, perturbent énormément l’écosystème lagonaire. “Mais ce sont des perturbations naturelles. Elles viennent se rajouter aux perturbations locales, comme le déversement des eaux usées, les déforestations avec les terres qui arrivent dans le lagon...” Selon lui, “le gros problème qui va conditionner l’avenir ce sont les canicules marines et l’acidification marine”. Et pour le chercheur, il s’agit là d’un problème “global qui se gère à l’échelle internationale”. Raison pour laquelle il est “plus compliqué et plus difficile d’y voir clair à moyennes et petites échéances”.
Comme l’a souligné Yannick Chancerrelle, il y a au moins une canicule marine “tous les ans” contrairement à autrefois où on en avait “une tous les cinquante ans (…). Le gouvernement a déjà des solutions mais qui sont très difficiles à mettre en œuvre à l’échelle nationale déjà et aussi à l’échelle internationale”.
Le scientifique a aussi fait part d’une constatation au sujet des pentes externes du récif coralliens de Moorea qu’il a décrites “au plus bas”, alors que “c’est le cœur du récif, là où il y a le plus de biodiversité (…) c’est là où ça produit le calcaire, le sable de nos plages vient de là-bas”. Un phénomène cyclique mais qui tend à s’accentuer : “Dans le passé il y a des hauts et des bas” mais “tout doucement. Les pentes externes subissent le plus gros des variations”.
Le président apprécie d’ailleurs cet “esprit positif” qu’incarnent les membres de la Sarl Coral Gardeners. “C’est très facile de sombrer dans le misérabilisme quand on aborde les questions de préservation de l’environnement. On peut se dire que tout est fichu et que ce n’est pas la peine d’essayer de faire quoi que ce soit.” Et à propos de cette entreprise constituée en 2017 avec l’objectif de protéger le récif : “Ils admettent volontiers que ce qu’ils font n’est pas suffisant ; mais c’est nécessaire.”
Le président de la Polynésie française se dit prêt à venir en aide à la jeune société, notamment pour son projet de ferme de corail à terre. “Pour cela il faut du foncier et le Pays en dispose un petit peu dans chaque île.” Là aussi, le président a précisé que ce soutien serait un travail en interministérialité.
Tout comme le ministre des Outre-mer, le président a constaté que “les grands pays de ce monde changent leur façon de vivre, et de consommer” et souligné que les îles du Pacifique ne sont pas responsables du réchauffement des océans ni du phénomène d’“acidification de l’eau”.
L’ingénieur en charge de l’observatoire du Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe), Yannick Chancerrelle, documente l’évolution et l’état de santé des récifs à Moorea depuis plusieurs années avec l’objectif d’identifier “des solutions de gestion pour l’avenir”. Comme il l’a souligné lors de la visite de Manuel Valls à l’antenne du Criobe de Moorea, l’écosystème corallien “n’est pas quelque chose de naturellement stable”. Le taramea, cette étoile de mer de la famille des échinodermes très néfaste pour les coraux, et les cyclones, perturbent énormément l’écosystème lagonaire. “Mais ce sont des perturbations naturelles. Elles viennent se rajouter aux perturbations locales, comme le déversement des eaux usées, les déforestations avec les terres qui arrivent dans le lagon...” Selon lui, “le gros problème qui va conditionner l’avenir ce sont les canicules marines et l’acidification marine”. Et pour le chercheur, il s’agit là d’un problème “global qui se gère à l’échelle internationale”. Raison pour laquelle il est “plus compliqué et plus difficile d’y voir clair à moyennes et petites échéances”.
Comme l’a souligné Yannick Chancerrelle, il y a au moins une canicule marine “tous les ans” contrairement à autrefois où on en avait “une tous les cinquante ans (…). Le gouvernement a déjà des solutions mais qui sont très difficiles à mettre en œuvre à l’échelle nationale déjà et aussi à l’échelle internationale”.
Le scientifique a aussi fait part d’une constatation au sujet des pentes externes du récif coralliens de Moorea qu’il a décrites “au plus bas”, alors que “c’est le cœur du récif, là où il y a le plus de biodiversité (…) c’est là où ça produit le calcaire, le sable de nos plages vient de là-bas”. Un phénomène cyclique mais qui tend à s’accentuer : “Dans le passé il y a des hauts et des bas” mais “tout doucement. Les pentes externes subissent le plus gros des variations”.
“Ce blanchiment revient trop souvent” Taiano Teiho Coral Gardeners
“Durant ces huit dernières années on a beaucoup exercé ce travail dans l’eau et ailleurs. Aujourd’hui je pense que c’est le bon moment d’avoir un soutien de la part du gouvernement (…). Nous étions à l’Unoc, où on a pu rencontrer le président Moetai Brotherson et cette fois-ci avec le ministre Manuel Valls on pourrait accomplir des choses assez intéressantes (…). Notre mission principale est de sauver le récif (…), c’est sûr qu’il nous faut des financements. On a créé notre propre centre de recherche et de développement et on travaille beaucoup sur l’innovation technologique et beaucoup de moyens sont nécessaires pour développer des outils plus adaptés à la restauration corallienne et faire le travail plus efficacement. L’an dernier on a eu le blanchissement de corail le plus important de l’histoire (…). On a perdu pas mal de coraux dans nos nurseries et avec l’invasion des taramea il y a eu de gros impact dans le lagon et également sur la pente externe (…). Je pense que c’est un cycle naturel, le plus gros problème aujourd’hui c’est que ce blanchiment revient trop souvent dû à la pollution en globalité. On essaye de faire passer ce message pour que les esprits se réveillent.”
“Ce n’est pas imaginable qu’on puisse replanter un récif qui est dégradé, pour y arriver il faudrait des millions de personnes.”
“Au niveau des récifs, [le travail de Coral Gardeners] n’a pas changé grand-chose encore. Mais à l’heure actuelle, cela a changé au niveau de la sensibilisation. Attention Gardeners cela veut bien dire “jardinier du corail”. On ne va pas remettre des arbres dans le Sahel tant qu’on n’a pas réglé le problème de la sécheresse.
Réimplanter du corail oui mais pas sans la recherche. Il faut arriver à s’entendre mais encore une fois on ne peut pas planter des arbres tant que vous n’avez pas réglé le problème de la cause de ce qui ne va pas. C’est pour cela que la recherche est importante. On essaie de trouver des solutions avec des souches qui sont résistantes au niveau génétique par rapport au blanchissement et à l’acidification de l’eau. Le jardinage et le replantage mais avec la recherche qui dit ‘Voilà ce qu’on pourrait faire’. I
l ne s’agit pas de reprendre du corail qui est déjà dans le milieu en pensant que cela va suffire alors qu’il est déjà en péril. C’est cela le paradoxe (…). Dans la notion de transplantation il y a aussi la question de l’échelle. Transplanter à l’échelle d’un hôtel, d’un site de plongée et faire un jardin corallien c’est possible. Mais ce n’est pas imaginable qu’on puisse replanter un récif qui est dégradé pour y arriver, il faudrait des millions de personnes.”
Réimplanter du corail oui mais pas sans la recherche. Il faut arriver à s’entendre mais encore une fois on ne peut pas planter des arbres tant que vous n’avez pas réglé le problème de la cause de ce qui ne va pas. C’est pour cela que la recherche est importante. On essaie de trouver des solutions avec des souches qui sont résistantes au niveau génétique par rapport au blanchissement et à l’acidification de l’eau. Le jardinage et le replantage mais avec la recherche qui dit ‘Voilà ce qu’on pourrait faire’. I
l ne s’agit pas de reprendre du corail qui est déjà dans le milieu en pensant que cela va suffire alors qu’il est déjà en péril. C’est cela le paradoxe (…). Dans la notion de transplantation il y a aussi la question de l’échelle. Transplanter à l’échelle d’un hôtel, d’un site de plongée et faire un jardin corallien c’est possible. Mais ce n’est pas imaginable qu’on puisse replanter un récif qui est dégradé pour y arriver, il faudrait des millions de personnes.”






































