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L'hôpital paré pour le Covid


Le président de la Commission médicale d'établissement (CME) du Centre hospitalier, le Dr Philippe-Emmanuel Dupire.
Le président de la Commission médicale d'établissement (CME) du Centre hospitalier, le Dr Philippe-Emmanuel Dupire.
Tahiti, le 20 juillet 2022 – Avec huit hospitalisations de patients atteints par le Covid, dont un en réanimation, le centre hospitalier reste pour l'heure à même d'absorber la nouvelle vague du virus qui sévit au fenua. Le président de la commission médicale d'établissement (CME), le Dr Philippe-Emmanuel Dupire, explique néanmoins comment toute l'organisation et la réflexion héritées des crises précédentes permet aujourd'hui à l'hôpital d'être paré à une éventuelle aggravation de la situation sanitaire.
 
Le Centre hospitalier s'est-il réorganisé pour faire face à cette nouvelle vague de Covid ?
 
"On a vécu plusieurs vagues pour lesquelles on a pu faire front. Là, on a une petite recrudescence d'un variant qui est un peu différent des précédents parce qu'il est certes plus contagieux, mais qu'on a l'impression que la maladie est moins pathologique, moins exacerbée. Pour le moment, on n'a qu'une dizaine de patients hospitalisés. La plupart des patients ne sont pas sous oxygène, donc ce sont des patients relativement simples à prendre en charge. Maintenant, on essaie de les regrouper sur une unité particulière pour éviter cette transmission au sein de l'hôpital, parce que justement cette transmission, avec ce variant, est plus importante que pour les précédents."
 
Est-ce qu'un accueil en filière dédiée a déjà été nécessaire avec huit hospitalisations, dont une en réanimation ?
 
"Comme on n'a pas beaucoup de patients et que les filières dédiées représentent beaucoup de personnel, pour le moment on est sur un accueil unique. Il est vrai que les patients ne sont pas forcément hospitalisés, donc pas mal de patients sont vus en ambulatoire par la ville. De ce point de vue, la filière du moment aux urgences, même si ce n'est pas une filière spécialisée, reste tout à fait capable d'accueillir les quelques patients que l'on voit au passage. Ensuite, une fois que le patient est considéré Covid, qu'il est testé et qu'il nécessite une hospitalisation, on l'envoie dans une unité particulière où l'on regroupe les patients Covid pour éviter sa transmission."
 
Le service de réanimation est prêt à accueillir davantage de patients potentiels ?
 
"Tout à fait. Pour le moment, on n'est pas impactés. Parce que dans les patients en réanimation, on en a extrêmement peu qui apparaissent sous ce variant. On a un patient en ce moment, davantage pour ses comorbidités que pour la maladie elle-même. Mais le service est tout à fait adapté. Et de toutes façons, avec les crises qu'on a vécues, on réfléchit d'une façon très importante sur des possibilités d'ouvrir des lits de réanimation rapidement si jamais on avait autant de débordement qu'on l'a eu pendant la période Delta. Mais là, ce n'est pas du tout le cas."
 
Vous vous êtes servis des crises passées pour mettre en place les protocoles à l'hôpital en cas de recrudescence rapide de l'épidémie ?
 
"Bien sûr. Quand on a vécu la crise et qu'on a eu le temps de s'en remettre, on a fait un retour d'expérience. Et que ce soit du point de vue de la répartition des patients et de la réflexion, on est relativement prêts. Et puis, petit à petit, on a dégagé des moyens supplémentaires pour réfléchir à l'idée de ce qu'on appelle une "réanimation éphémère". C’est-à-dire un endroit où l'on peut monter très rapidement sur l'hôpital pour dégager des lits de réanimation supplémentaires."
 
Y a-t-il des recommandations particulières pour les visites à l'hôpital en ce moment ?
 
"Ce sont des recommandations vraies à l'hôpital et dans le domaine ambulatoire. Ce qu'il faut, c'est continuer de mettre en place les mesures barrières à chaque fois que l'on a des personnes à visiter fragiles et que l'on a des symptômes de type fièvre ou toux. Il faut se recentrer sur les mesures barrières de type masques et lavage des mains. Et si on est dépisté positif, ne surtout pas venir visiter sa famille à l'hôpital et demander à des membres de la famille non malades d'aller voir ou de prendre des nouvelles. Il faut éviter l'entrée du Covid dans l'hôpital. À la maison, c'est pareil. Si on a des patients ou de la famille qui sont un peu faibles ou qui ont des maladies récurrentes, il faut prendre de grosses précautions. Parce que, malgré tout, ça reste une maladie qu'il faut prendre en compte. Surtout chez les personnes âgées ou qui ne sont pas vaccinées. J'en profite pour faire passer un message sur la vaccination. C'est vrai qu'il y a eu la première vague avec une première dose et un rappel, puis ensuite un deuxième rappel avec la troisième vaccination Pfizer. Et il est temps de faire une quatrième vaccination, parce qu'on sait que l'immunité s'effrite six mois après la dernière vaccination."
 

Où en est l'épidémie

Diffusé mercredi, le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire de la plateforme Covid-19 du Pays confirme une "poursuite de la hausse d'incidence des cas et des hospitalisations pour Covid" en Polynésie française. La circulation du variant BA.5 est majoritaire dans 80 % des souches criblées, avec une co-circulation des variants BA.2 et BA.4. Le nombre de nouveaux cas confirmés continue d’augmenter sur la semaine écoulée, avec 467 cas enregistrés. Tous les archipels sont concernés : Îles Du Vent (415), Îles Sous-le-vent (38), Tuamotu-Gambier (6), Marquises (7) et Australes (1). Les cas sont toujours rapportés majoritairement chez les personnes de 40 à 59 ans, mais le nombre de cas positifs parmi les 60 ans est en augmentation, représentant 19 % du total.
 
Sur une semaine, sept nouveaux patients ont été admis pour Covid, dont six au CHPF (un en réanimation) et un à Moorea. Les patients étaient tous âgés de plus de 55 ans. Parmi eux, un patient de 80 ans est décédé. Il était vacciné, mais sans rappel récent et était porteur de plusieurs comorbidités. Parmi les cinq autres hospitalisés pour lesquels le statut vaccinal est connu, un seul patient était vacciné avec rappel récent (patient immunodéprimé), trois étaient vaccinés sans ce rappel, et un n’était pas vacciné. Il s'agit du patient en réanimation, porteur d’une comorbidité sévère.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 20 Juillet 2022 à 20:51 | Lu 2267 fois