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L'homme qui avait séquestré ses filles à Oremu jugé irresponsable


Véhicule dans lequel le quadragénaire avait séquestré ses deux filles.
Véhicule dans lequel le quadragénaire avait séquestré ses deux filles.
Tahiti, le 16 février 2021 - Un homme diagnostiqué psychotique a comparu devant le tribunal correctionnel mardi pour répondre de l'enlèvement et de la séquestration mais aussi des violences et menaces de mort envers ses deux fillettes. Le père de famille, qui avait enfermé ses deux petites filles dans sa voiture en septembre 2017 durant 48 heures, a été déclaré pénalement irresponsable.
 
L'affaire, largement médiatisée, avait fait grand bruit il y a quatre ans à Tahiti lorsqu'un quadragénaire, souffrant de problèmes psychiatriques, avait séquestré ses deux petites filles dans sa voiture pendant 48 heures quartier Oremu à Faa'a. Le 4 septembre 2017 au matin, la mère du forcené –et grand-mère des deux fillettes– s'était présentée à la gendarmerie pour expliquer que son fils s'était enfermé dans son véhicule avec ses deux filles, alors âgées de 6 et 11 ans. En possession d'essence, l'homme avait fait savoir qu'il n'hésiterait pas à mettre le feu à la voiture ou à foncer sur les gendarmes si ces derniers tentaient de l'intercepter.

Course-poursuite

Les forces de l'ordre avaient alors déployé un important dispositif en s'appuyant également sur le Samu et les pompiers. À leur arrivée, le père de famille, qui était jusque-là stationné avec ses enfants devant le domicile de sa mère, avait pris la fuite en franchissant deux barrages et en prenant "un maximum de risques", selon les gendarmes. Les militaires avaient finalement réussi à l'intercepter en le dépassant. Voyant que l'individu prenait l'une de ses filles dans ses bras, ils avaient brisé les vitres du véhicule pour le maîtriser.
 
Prises en charge et entendues, les deux fillettes avaient expliqué avec leurs mots d'enfants que leur père n'allait "pas bien" en ce moment. Elles avaient relaté une séquestration longue de 48 heures durant laquelle leur papa avait menacé de les brûler. Les enfants n'avaient pas pu boire et devaient faire leurs besoins dans la voiture. Entendu à son tour, le mis en cause avait rapidement été hospitalisé en unité psychiatrique après avoir notamment expliqué qu'il avait eu l'impression d'être une "autre personne" lors de la séquestration de ses fillettes. Le premier expert-psychiatre qui l'avait examiné avait d'ailleurs relevé qu'il souffrait d'une "pathologie non stabilisée", qu'il souffrait de "bouffées délirantes" et que sa dangerosité était "non négligeable"

Irresponsable

Cette affaire complexe, du fait de l'état mental du prévenu, a donc été examinée mardi par le tribunal correctionnel. Placé sous contrôle judiciaire, le prévenu s'est présenté libre à la barre. Triste et abattu, le quadragénaire a demandé pardon en répétant qu'il ne se souvenait absolument pas de la séquestration et des violences. Placées dans des foyers séparés depuis le drame, les deux petites filles ont, depuis, toujours exprimé leur volonté de retourner vivre avec leur père.
 
Pour la défense des deux enfants, Me Loris Peytavit a concédé qu'il s'agissait d'un dossier très difficile, en expliquant qu'outre un père psychotique, les deux filles ne voulaient plus voir leur mère car elle vivait au sein d'un foyer instable. L'avocat a cependant plaidé qu'irresponsabilité pénale ne voulait pas dire irresponsabilité civile et a demandé 500 000 Fcfp de dommages et intérêts pour chacune de ses clientes. Avant de requérir 12 mois de prison, dont huit avec sursis, le procureur de la République a lui aussi dénoncé des faits extrêmement difficiles en affirmant que les victimes seraient "durablement traumatisées".
 
L'avocat du prévenu, Me Smaïn Bennouar, a demandé au tribunal de conclure à l'irresponsabilité pénale de son client. "Mon client tend vers une normalisation. Il prend son traitement et se trouve aujourd'hui sur la bonne voie", a expliqué l'avocat. Après en avoir délibéré, le tribunal s'est rangé du côté de la défense, en déclarant le prévenu pénalement irresponsable. Une décision qui a beaucoup ému ses enfants, visiblement satisfaites que leur père évite la prison.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 16 Février 2021 à 18:12 | Lu 2550 fois