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L'écriture ou comment se réconcilier avec le collège...


L'écriture ou comment se réconcilier avec le collège...
La 3ème Soleil du collège de Mahina est sur la dernière ligne droite. Leur projet débuté alors qu’ils étaient en quatrième va prendre fin ce 31 mai à la salle Matavai. A cette date, à 18 heures, ils vont offrir un spectacle qu’ils auront entièrement pensé et créé. Ces élèves ont accompli en deux ans un travail considérable, remettant ainsi en question le jugement que certaines personnes portaient sur eux. En effet, décrits trop souvent comme étant des élèves en difficultés, avec le soutien de leur professeur de français, Mme Autheman, ils ont démontré qu’unis autour d’un projet, ils pouvaient faire aussi bien que n’importe quel élève de troisième, voire mieux.

L'écriture ou comment se réconcilier avec le collège...
Naomi, Pedge, Ariihau, Rebecca, Abidja, Heimiti, Haupua, Sosten, Tehei, Hotuarii, Tamatoa, Leilani, Ioane, Benjamin, Victor, Heimata, Evaline, Moehau, Heiva, Tetiamana, Nick, Hereiti, Ropati, Kahaia, Marguerite, Titaua, Tiareraupa sont de jeunes écrivains en herbe. En quatrième, ils ont imaginé et rédigé des légendes polynésiennes en cours de français. Au travers de ce travail, ils ont pu apprécier la richesse de leurs deux cultures, polynésienne et tahitienne, et mettre en avant cet aspect biculturel. Afin de valoriser ce travail, Mme Autheman a voulut pousser le projet plus en avant en leur proposant de rédiger un livre de recueils. Il est très important de souligner que ces travaux se sont fait dans le cadre même du programme des élèves.

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Au travail des collégiens s’est greffé un travail d’équipe. Le professeur de dessin, M. Hamblin, le professeur de tahitien Mme Greta, ont apporté leur soutien pour l’illustration et la traduction des légendes. Par la suite le professeur d’espagnol a rejoint l’équipe. Les dessins réalisés par les élèves ont été inspirés par des peintures et le style unique de Bobby Holcomb. Ce recueil d’une grande qualité a été félicité par de nombreuses personnes du monde de l’éducation, le représentant Jean-Marius Raapoto, la directrice du centre de lecture et d’écriture et le CRDP. Ce dernier a d’ailleurs décrété qu’un exemplaire du recueil serait mis à la disposition des élèves dans tous les CDI de Polynésie française. Ils ne restent d’ailleurs que 200 exemplaires du livre sur les 1000 tirés au départ. Il est possible de le commander en écrivant à l’adresse suivante : [email protected] , au prix de 1500frcs.

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Mais une fois le recueil finalisé, les choses ne pouvaient pas s’arrêter comme ça. Un nouveau challenge leur a été proposé, mettre en scène, en chants et en danses une des légendes. Les 28 élèves ont de nouveau retroussé leurs manches et se sont lancé dans la création musicale. Ils ont donc écrit des chants en tahitien, et composé les musiques avec Mme Joanna et M. Cuitot. Là encore ce travail très ardu leur a permis de développer de nouvelles capacités qu’ils n’auraient jamais soupçonné posséder. Toujours dans une volonté de montrer cette double culture, les élèves présenteront de la danse contemporaine et de la danse locale. Ils ont été aidés pour cela par Marion Fayne et Matani Kainuku. Le spectacle, reprenant la légende du tiare, sera la conclusion en apothéose de ce projet.

L'écriture ou comment se réconcilier avec le collège...
Ce projet pédagogique a fait ses preuves. Ces élèves qui, au départ,ne s’investissaient pas, ne s’ouvraient pas, ne partageaient pas, par honte ou timidité, se sont ouverts aux autres. C'est avec plaisir qu'il viennent en cours et même pendant les vacances, pour avancer le projet. Interrogés sur leur travail, ils sont tous satisfaits de ce qu’ils ont réalisé, mais au-delà, ils sont fiers de pouvoir annoncer « On va aller au lycée, dans la cours des grands », ce qui n’était pas certain à leur entrée en quatrième. Les cours de danses également leur ont permis de s’accepter, d’accepter leur corps et surtout de communiquer avec l’autre. « C’était difficile au départ, on ne voulait pas toucher l’autre, on n’arrivait pas à s’ouvrir », explique un des élèves. Ils réalisent aussi que cette chance qu’ils ont eue, n’est pas donnée à tous et remercient leurs professeurs et leur chef d’établissement Mme Catherine Roger. Mais c’est surtout à leur professeur de français, Mme Autheman, avec qui ils ont créé des liens privilégiés, une complicité, qu’ils doivent cela. Et pour la remercier ils se sont engagés à réussir leur seconde, pour la plus grande fierté de ce professeur qui a cru en eux et leur a donné les moyens d’y arriver.


le Lundi 30 Avril 2012 à 12:02 | Lu 2424 fois