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L'après-mariage, lourd à digérer


Tahiti, le 8 août 2021 - Pas de réactions du côté du gouvernement ou de la présidence après le mariage très décrié du vice-président Tearii Alpha en pleine crise sanitaire, mais des commentaires politiques de A Here ia Porinetia, ainsi qu'une demande de "pardon" formulée par le député Tavini Moetai Brotherson ce week-end.
 
La présidence et le gouvernement se sont murés jusqu'à dimanche soir dans un mutisme complet depuis l'épisode du mariage du vice-président à Teva i Uta jeudi dernier. Or les réactions, commentaires et autres développements de cette délicate affaire n'ont pas manqué en trois jours.
 
Investigations en cours
 
Dans une posture extrêmement inconfortable vue la situation sanitaire particulièrement grave en Polynésie française, le haut-commissariat a d'abord rappelé vendredi les règles sanitaires et les conditions restrictives d'organisation d'un mariage dans un restaurant "selon le protocole sanitaire en vigueur : personnes assises, six par table, tables à un mètre de distance, pas d'événements musicaux ou artistiques, port du masque pour les déplacements". Des mesures qui n'étaient a priori pas respectées dans les vidéos publiées par les convives sur les réseaux sociaux. Dans un communiqué, les services de l'État réaffirment "qu'aucune dérogation à l'interdiction générale des événements festifs n'a été accordée". Mais surtout, le haut-commissaire annonce à la suite de "contrôles réalisés par la gendarmerie" des "investigations complémentaires sont aujourd'hui en cours pour relever les manquements aux mesures générales prescrites pour faire face à l'épidémie de Covid-19". Le haut-commissariat conclut en indiquant que le parquet de Papeete avait été informé des procédures en cours.
 
Des réactions politiques
 
Les responsables de A Here ia Porinetia, Nicole Sanquer et Nuihau Laurey, ont réagi officiellement ce week-end à ce que l'ancien sénateur a considéré être "une vraie faute politique", sur les ondes de nos confrères de Radio 1. "Un vrai président aurait dit non", a taclé Nuihau Laurey. "Mais Édouard ne sait pas trancher. Sa force, c’est sa capacité de dire tout et son contraire". Sur TNTV, la députée Nicole Sanquer a estimé "impardonnable de la part de nos dirigeants d’organiser ce type d’événement dans l’illégalité, tout simplement". Dimanche soir, le député Tavini Moetai Brotherson a réagi dans un Facebook live pour demander "humblement pardon" et estimé avoir commis "une erreur de jugement" en participant à ce mariage. Enfin, le président du Tahoera'a Gaston Flosse a annoncé une conférence de presse mardi matin pour s'exprimer sur le sujet.
 
Le syndicat du personnel du Centre hospitalier, affilié CSTP-FO, a réagi dans un communiqué signé de la représentante de la confédération vendredi. Mireille Duval y demande la "prise au sérieux par tous" de la situation sanitaire. "Alors que le CHPF est confronté à une arrivée massive de patients jamais vue jusqu'à présent et que les professionnels sont rappelés sur leur repos ou congés pour prendre en charge les malades, certains s'amusent au mépris des gestes barrières". La syndicaliste rappelle les annonces faîtes par "les mêmes dirigeants de notre Pays" la semaine précédente sur les restrictions sanitaires et leur demande de "respecter leurs engagements vis-à-vis de la population et de soutenir plus encore les soignants dans ce contexte alarmant". Le communiqué conclut en demandant "exemplarité" et "cohérence" aux élus "si vous voulez que la population suive vos recommandations".
 
Malaise
 
Reste que cet événement a créé un très sérieux malaise au plus mauvais moment de la crise sanitaire du côté du gouvernement et des services de l'État en Polynésie française. Les premiers n'ayant pas beaucoup de marges de manoeuvres pour tenter de se sortir au mieux de cette situation et les seconds se retrouvant contraint de prendre en compte, malgré eux, cet événement dans la communication sur la lutte anti-Covid.
 


Rédigé par Antoine Samoyeau le Dimanche 8 Août 2021 à 15:02 | Lu 10960 fois