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L'aïkido retrouve le dojo de Afareaitu


Moorea, le 10 mars 2021 - Depuis le début du mois de mars, les structures sportives ont été remises à la disposition des associations sportives pour la reprise de leur activité après plusieurs mois d’arrêt en raison de la crise sanitaire. L’AS Aïkido de Moorea, composée d’une dizaine de licenciés et affiliée à la fédération polynésienne d’aïkido, a également repris des activités au dojo communal de Afareaitu. L'un des instructeurs, Tama Pacomme, revient sur la reprise sportive et la pratique de cet art martial.

Interview de Tama Pacomme, instructeur d'aïkido, ceinture noire deuxième dan.

L’arrêt des entraînements durant ces quelques mois n’a-t-il pas trop affecté le moral de vos pratiquants ?
“Il faut savoir qu’en aïkido, il n’y a pas que l’aspect physique. Il y a aussi l’aspect respiratoire et méditatif. Si tu es un aïkido accompli, la crise sanitaire ne devrait pas t’affecter. Le seul gros problème est que notre support d’étude est quand même le corps humain. D’une manière générale, je pense que tout le monde a été affecté par cette crise dans le sens où si tu ne pratiques plus, tes muscles se ramollissent et tes maux de dos ou autres reviennent. Sinon, on avait vraiment hâte que ça reprenne. ”
 
Quelle est l’utilité de la respiration ou de la méditation en aïkido ?
"A l’origine, c’était une question de vie ou de mort. C’était vraiment une nécessité de pouvoir rester calme dans une situation de stress intense comme un champ de bataille ou une situation malsaine quelconque. La médiation, bien que ce soit un grand mot, regroupe beaucoup d’approches. Mais l’approche martiale de la méditation est vraiment de rester calme dans une situation de stress et de pouvoir utiliser tes acquis."
 
La discipline est moins populaire que les autres arts martiaux ou sports de combat auprès des jeunes. Comment l’expliquez-vous ?
“Ce qui caractérise l’aïkido, c’est l'absence de compétition. Cela pourrait être l’une des raisons pour lesquelles il n’est pas super populaire au niveau des jeunes et moins jeunes. C’est dommage parce qu’il n y a pas de restrictions ni pour l’âge ni pour la morphologie pour la pratique. Même les "papi" qui n’ont jamais été de grands sportifs dans leur vie peuvent en tirer beaucoup de bénéfices. C’est absolument recommandé à tout le monde."
 
Combien faut-il de temps à un débutant pour avoir un minimum de maîtrise des techniques ?
"Ce qui va t’amener à l'aïkido, c’est l’aspect self-défense. Je pense que si tu veux vraiment quelque chose d’efficace martialement, je t’invite à faire d’autres disciplines comme le krav-maga, le pencak silat ou même le karaté. Tu peux être une machine dans le karaté en deux ans alors que l’aïkido prendra beaucoup plus de temps. L'aïkido s’inscrit vraiment dans la durée. Ce qui est chouette, c’est que la pratique se bonifie dans le temps. Si on prend le muay-thai par exemple, tu auras une tranche d’âge durant laquelle tu seras au top.  Mais tu seras dépassé à l’âge de 35 ans ne serait-ce qu'en raison des coups que tu auras reçus."

Des principes bénéfiques dans la vie quotidienne

L’aïkido peut-il également procurer des bénéfices dans la vie de tous les jours ?
"Pourquoi je dis que ça se bonifie dans le temps ? C’est parce que tous tes ressentis, ton intuition, ne pourront que s’améliorer dans le temps. Il en va de même pour ta perception de l’environnement, tout ce qui est intuitif ou prémonitoire.  Je dis intuitif par rapport aux situations de la vie quotidienne. Les applications de l'aïkido ne sont pas uniquement possibles dans un contexte martial. Ça peut simplement être au boulot avec un collègue qui est tendu ce jour-là. Tu vas alors appliquer les principes de l'aïkido. Au fur et à mesure que tu progresses, tu te rends compte qu’il y a beaucoup d’autres aspects comme l’amélioration dans les relations humaines ou la concentration dans ta vie."
 
Auriez-vous un message à adresser aux jeunes afin de les encourager à la pratique ?
"On ne peut pas forcer le destin. C’est à eux d’être assez curieux pour s’intéresser à ce qui existe déjà à Moorea. Les autres disciplines, que je ne veux pas citer, sont super "tendance". J’espère que ces jeunes tiendront dans la durée dans ce qu’ils auront choisi. La finalité est que notre cité soit paisible. Si ces jeunes vont  “péter” des têtes dans la rue, ça serait un grand échec pour les cadres."
 
Quel est votre regard sur violence des jeunes sur le fenua et à Moorea en particulier ?
"Ce n’est pas forcément les jeunes qu’il faut blâmer, mais l’environnement familial, nos dirigeants politiques, etc. Ces jeunes n’ont rien à faire. Qu’est-ce que tu veux qu’ils fassent ? Ils sont inondés d’images violentes sur les réseaux sociaux ou dans les films. Ils se nourrissent de cela. La violence a toujours créé quelque chose dans le cerveau humain."

AS Aïkido Moorea

Créée en 2007, l’AS Aïkido Moorea est le seul club pratiquant cet art martial sur l’île. L’association, présidée par Dolores Mou-Tham, compte une dizaine de licenciés.
L’entraînement se déroule le mardi et jeudi, de 18h30 à 20h30 et le samedi de 14 h00 à 16h00 au dojo de Afareaitu.
L’inscription est ouverte à partir de 13 ans sans aucune aptitude physique particulière.
Les instructeurs sont Marc Potelle (ceinture noire quatrième dan) et Tama Palcomme (ceinture noire deuxième dan).
Page Facebook : A.S Aïkido Moorea  

Rédigé par Toatane Rurua le Mercredi 10 Mars 2021 à 14:10 | Lu 1019 fois