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L’affaire Haddad-Flosse encore renvoyée


PAPEETE, le 9 juillet 2019 – La chambre de l’instruction a prononcé mardi un nouveau renvoi -le quatrième de suite- dans la procédure de l’affaire Haddad-Flosse, en raison d’une nouvelle absence d’avocats à l’audience. L’affaire a été renvoyée en septembre, plus de quinze mois après la première audience destinée pourtant à statuer sur une requête censée accélérer la procédure.
 
La situation serait risible si elle ne concernait pas la plus grosse affaire de corruption politico-financière jamais mise à jour en Polynésie. Mardi matin, l’affaire Haddad-Flosse a de nouveau été renvoyée par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Papeete au mois de septembre prochain. Une demande motivée par l’absence de plusieurs avocats à l’audience. Le conseil de l’ancien ministre, Geffry Salmon, ayant été victime d’un accident, et les avocats « historiques » de l’ancien président, Gaston Flosse, et de l’homme d’affaires, Hubbert Haddad, étant hors territoire en cette période dite de « vacances judiciaires ».
 
Le parquet s’est bien « farouchement opposé » à la demande de renvoi, mais même la partie civile a dit « entendre » les arguments de la défense, principalement en raison de l’indisposition de l’avocat de Geffry Salmon. Après un court délibéré, la chambre a donc décidé de renvoyer les « trois dossiers » concernant l’affaire Haddad-Flosse : Premièrement, une demande présentée par le parquet pour demander au juge d’instruction de régler au plus vite le dossier. Deuxièmement, une demande de retrait de pièces dans la procédure. Troisièmement, une demande de constitution de partie civile du trublion, René Hoffer, qui revendique le droit d’intervenir en tant que « président de la Polynésie (sic) ».

Quatre renvois en quinze mois

L’affaire Haddad-Flosse est au point mort depuis l’annulation de l’ordonnance de renvoi du juge d’instruction pour un vice de forme en 2014. Depuis, le dossier est retourné chez un nouveau magistrat instructeur, Thierry Fragnoli. Et en mars 2018, après l’extinction de plusieurs recours contre la procédure, le procureur de la République de Papeete, Hervé Leroy, a demandé au magistrat de prendre une ordonnance pour régler le dossier dans les meilleurs délais. Le juge d’instruction a refusé, faisant valoir de son côté que le dossier méritait d’être purgé de plusieurs pièces annulées, mais toujours présentes dans la procédure.
 
La chambre de l’instruction s’est d’abord réunie en juin 2018. Elle a renvoyé l’affaire en raison de l’absence d’un avocat. Elle s’est ensuite réunie en novembre 2018. Elle a renvoyé l’affaire en raison de l’absence de pièces au dossier. Elle s’est ensuite réunie en avril 2019. Elle a renvoyé l’affaire en raison d’un recours toujours en cours devant la Cour de cassation. Elle s’est enfin réunie ce mardi 9 juillet 2019. Elle  a renvoyé l’affaire en raison de la nouvelle absence d’avocats…
 
Rappelons que l’affaire Haddad-Flosse porte principalement sur le versement d’enveloppes d’argent en liquide pour un total d’environ 140 millions de Fcfp de l’homme d’affaires Hubert Haddad à l’ancien président Gaston Flosse en 1993 et 2005. Argent que le parquet et l’instruction soupçonnent d’avoir été la contrepartie à l’octroi de marchés publics de la Polynésie aux sociétés d’Hubert Haddad. Pas moins de 14 personnes sont toujours mises en examen dans ce dossier, parmi lesquels un ancien président du Pays, d’anciens ministres, élus et chefs d’entreprises ou d’établissement public.

Rédigé par Antoine Samoyeau le Mardi 9 Juillet 2019 à 12:28 | Lu 1434 fois