Tahiti Infos

L’US Air Force déploie ses grandes oreilles à Mangareava


RIKITEA, 10 mars 2014 – Un certain remue-ménage agite la tranquille Mangareva depuis quelques jours avec le retour de militaires américains de l’US Air Force, sur le sol des Gambier. A 1 600 kilomètres au sud-est de Tahiti, cette île archipel de 1421 habitants accueille depuis une dizaine de jours six chercheurs de l'armée de l'air américaine, suivis de près par la livraison de trois conteneurs de matériels débarqués du Nuku Hau.

Tout ce personnel effectue sur le sol français une mission de suivi satellitaire de quelques semaines dans le cadre d’un accord diplomatique entre les Etats-Unis et la France. Depuis 2005, cet accord permet aux autorités américaines de conduire régulièrement en Polynésie française des missions d'observation. La dernière en date s’était déroulée en juillet 2013.

Mais sur place, en manque d’information et face à cette activité, la population se perd en questions et nourrit des doutes tandis que tout le monde ne profite pas équitablement des dollars distillés par cette mission US sur l’archipel.
Un appel d’offre avait été passé en mai dernier par l’US Air Force à la recherche de quelqu’un capable de livrer à Mangareva du carburant et du petit matériel. Outre cet aspect logistique, l'appel d'offre était également à la recherche d’un terrain à louer sur place pour servir de lieu de stockage et d'un prestataire de services pour faire l'interprète et se charger de la coordination des opérations logistiques. Un marché public de moins de 14 millions de dollars classé parmi les contrats de petite taille, selon la nomenclature industrielle nord américaine.

"la version officielle (...) ne satisfait personne ici"

"Quand on interroge la pension de famille où logent les américains, on tombe sur la propriétaire qui se dit mandatée pour répondre à leur place", nous explique un habitant. "Et quand on lui pose des questions, elle vous rétorque que les américains sont là pour travailler et qu'elle ne répondra à aucune question. Ce comportement s'explique peut être parce que son mari et ses deux fils travaillent pour les américains", affirme-t-il aussi. "Mais on aimerait être informés".

Un manque d'information qui semble étonner Christopher Kozely, consul honoraire des Etats-Unis à Tahiti "parce qu’à chaque fois, ils invitent la population à visiter les installations afin de bien montrer que ces missions scientifiques n’utilisent rien de nocif et ne présentent aucun danger pour la population", développe-t-il. "De toutes façons, tout cela se passe dans un cadre précis et en accord avec les autorités locales".

"Oui, ça c'est la version officielle", rétorque notre contact à Mangareva. "Tout le monde la connait ; mais elle ne satisfait personne ici. Personne ne nous a jamais clairement expliqué dans quelles conditions le satellite s'était crashé en 2011, ni s'il y a un risque qu'un tel accident se produise de nouveau, mais cette fois-ci sur une zone habitée".

En mars 2011, la mission américaine avait suivi depuis les Gambier le crash d'un satellite d'observation américain, le Glory qui s'était abîmé dans l’océan Pacifique, peu après son lancement, à une trentaine de kilomètres au large des îles Gambier…

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Rédigé par JPV le Mardi 11 Mars 2014 à 06:11 | Lu 2779 fois