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L'OMS en renfort en Polynésie


Les différentes parties prenantes avaient rendez-vous ce jeudi dans les locaux de la Direction de la Santé, afin d'amorcer les discussions sur la mise en place d'un tel projet.
Les différentes parties prenantes avaient rendez-vous ce jeudi dans les locaux de la Direction de la Santé, afin d'amorcer les discussions sur la mise en place d'un tel projet.
Tahiti, le 7 décembre – Les 7 et 8 décembre, le ministère de la Santé, en partenariat avec l'association Partage Santé Pacifique et l'Organisation mondiale de la santé, organise un atelier pour la création d'une équipe médicale d'urgence polynésienne agréée. Une cellule d'urgence qui aura pour mission d'intervenir en renfort en cas de catastrophe sanitaire, quelle que soit son origine.
 
La multiplication des risques climatiques et épidémiques observée ces dernières décennies ne laisse aucun doute auprès de la communauté internationale : il faut être prêt à affronter ces situations d'urgence, mais aussi à aller au secours de nos voisins si nécessaire. Fort de ce constat, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a instauré depuis 2013 des équipes médicales d'urgence au sein de ses pays membres, afin de renforcer la mobilisation rapide et la coordination efficace des équipes nationales et internationales, ainsi que des personnels de santé. Concrètement, l'OMS standardise ses équipes et ses méthodes afin de faciliter et d'accélérer son intervention sur site. “Notre objectif, en cas de situation d'urgence, c'est de pouvoir intervenir en moins de 24 heures dans la zone concernée”, explique Pierre-Yves Beauchemin, consultant de l'OMS actuellement sur le territoire.
 
Conscient du contexte sanitaire mondial et de ses enjeux, le gouvernement de la Polynésie française organise, les 7 et 8 décembre, un atelier visant à mettre en place une de ces équipes médicales d'urgence sur le territoire. “C'est une initiative du gouvernement actuel mais qui part d'une longue expérience, de l’association polynésienne Partage Santé Pacifique qui existe depuis 2005 et qui a, à de nombreuses reprises, travaillé avec des collègues du Pacifique”, rappelle toutefois Philippe Biarez, directeur de la santé. En effet, pas question d'improviser, il s'agit ici de mobiliser en priorité les forces vives existantes : “Cette association a déjà fait ses preuves. Comme aux Samoa en 2019, lors de l'épidémie de rougeole qui a tué hélas une centaine de bébés. Cette expérience a montré qu'il y a un besoin de professionnaliser cette équipe, pour pouvoir être utile pour la population locale en cas de besoin, mais également pour nos confrères et voisins du Pacifique.”
 
Une équipe, des profils variés
 
En revanche, ni le Pays, ni l'OMS ne ferment les portes à d'autres intervenants volontaires. En effet, les situations d'urgence nécessitent l'implication d'un large panel d'acteurs : “Nous recherchons beaucoup de docteurs, d'infirmiers, des professionnels de l'urgence, de la logistique et du terrain, comme des pompiers, des policiers, des militaires. C'est très vaste. D'ailleurs, il y a également des cuisiniers qui peuvent se joindre à nous. Il faut trouver des gens capables de travailler dans des situations souvent austères, difficiles”, explique Pierre-Yves Beauchemin, qui ne manque pas de préciser : “Je reviens tout juste du Vanuatu, qui vient d'être frappé par un ouragan. Nous étions seulement trois équipes de l'OMS et nous avons reçu plus de 900 patients en deux semaines. C'est dur.”
 
“Ces profils sont évidemment techniques, il faut avoir des compétences médicales ou en santé, mais aussi des compétences océaniennes”, surenchérit le directeur de la santé. “Il faut avoir une compréhension du milieu océanien, du Pacifique. Il faut savoir parler en anglais, car tous nos collègues sont anglophones. Et puis surtout, il faut avoir une capacité d'autonomie : il faut pouvoir arriver à Tonga, aux Samoa ou à Fidji et être capable de trouver à manger tout seul, un logement etc.”
 
Standardisation du processus d'intervention
 
Aujourd'hui, l'OMS met également un point d'honneur à standardiser ses méthodes d'intervention. Et pour cause, avant 2010, l'Organisation mondiale de la santé observait un certain cafouillage récurent lors des interventions des différentes organisations non-gouvernementales dans les zones sinistrées : “On s'est rendu compte que les différents acteurs utilisaient des termes différents, des méthodes différentes, et donc pour organiser tout ça, c'était un réel problème. Aujourd'hui, nous formons toutes nos équipes, d'où qu'elles viennent, pour qu'elles puissent travailler ensemble une fois sur place”, affirme Pierre-Yves Beauchemin, avant de poursuivre : “Et surtout, lors de nos interventions, nous sommes entièrement autonomes. D'ordinaire, lorsque les ONG interviennent, elles puisent dans les ressources locales. Nous, nous arrivons avec nos propres kits. En termes de rapidité et d'efficacité, c'est beaucoup mieux.”
 

Pour Philippe Biarez, Directeur de la Santé, ce projet consiste avant tout à " renforcer les moyens sanitaires du territoires et encourager la solidarité dans le Pacifique."
Pour Philippe Biarez, Directeur de la Santé, ce projet consiste avant tout à " renforcer les moyens sanitaires du territoires et encourager la solidarité dans le Pacifique."

Rédigé par Wendy Cowan le Jeudi 7 Décembre 2023 à 15:54 | Lu 2396 fois