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L’Australie annonce une révision de son système d’aide au développement


Kevin Rudd en présence de Hillary Clinton lors de sa visite le 08 Novembre 2010
Kevin Rudd en présence de Hillary Clinton lors de sa visite le 08 Novembre 2010
CANBERRA, mardi 16 novembre 2010 (Flash d'Océanie) – Kevin Rudd, ministre australien des affaires étrangères, a donné mardi 16 novembre 2010 le coup d’envoi d’une refonte du système d’aide au développement international de ce pays, à commencer par la mise en place d’un groupe « indépendant » chargé de cette mission qui devrait s’étaler sur les cinq mois à venir.

Les membres de ce comité sont issus des milieux économiques et des organisations non gouvernementales, a précisé M. Rudd, qui souligne qu’aucune refonte de ce genre n’avait été entreprise depuis 1996.
Le comité sera placé sous la présidence d’un ancien diplomate, Sandy Hollway, qui fut aussi le directeur général du comité organisateur des Jeux Olympiques de Sydney 2000.
« C’est un travail fantastique qui est fait chaque année, des vies qui sont sauvées, des gens qui sont éduqués, des mères et des bébés qui survivent grâce à ce que nous faisons », a-t-il insisté en estimant l’effort annuel du contribuable à quelque 4,3 milliards de dollars (3,1 milliards d’euros).
Le chef de la diplomatie australienne a aussi rappelé que ce budget d’aide au développement international, dont le canal principal est l’agence AusAid, avait doublé au cours des cinq dernières années et que ce doublement devrait se produire une nouvelle fois au cours des cinq années à venir, pour se rapprocher progressivement de l’objectif de 0,5 pour cent du produit national brut (PNB) à l’horizon 2015 prôné par les objectif de développement du millénaire fixés par l’ONU.
« Mais je veux m’assurer que nous tirons le bénéfice maximum de chacun de ces dollars », a-t-il justifié.
Les mots d’ordre de la feuille de route de cette étude, qui inclura de nombreuses séances de consultations avec les acteurs de l’aide australienne au développement, mais aussi les « gouvernements partenaires dans notre région ainsi que les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux », sont l’efficacité et la rationalisation dans des actions ayant pour principaux axes, pour les pays bénéficiaires, l’éducation, la santé, mais aussi le développement économique et la bonne gouvernance.
« Ce faisant, ce programme a aussi pour objectif de permettre aux communautés de générer leur propre développement économique à long terme et d’augmenter la stabilité dans notre région », estime M. Rudd.
Le programme australien d’aide au développement a fait l’objet, ces derniers mois, de vives critiques mettant en évidence des cas de ce qu’il est depuis convenu d’appeler « l’aide boomerang », à savoir des dysfonctionnement par lesquels une part non négligeable des budgets destinés aux pays bénéficiaires étaient en fait souvent captés (sous forme d’honoraires, de subventions, voire même de défiscalisations) par des organismes, entreprises ou experts australiens, réduisant d’autant l’impact initialement prévu pour les populations locales.
Plusieurs exemples de ce genre de phénomène avaient été trouvés dans des programmes d’aide à la Papouasie-Nouvelle-Guinée voisine.

Les premiers dégraissages : en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Mi-octobre 2010, Canberra annonçait que plus du tiers des consultants, conseillers et autres experts en charge des projets dédiés à la Papouasie-Nouvelle-Guinée (pour un effectif pléthorique actuellement estimé à plus de cinq cent personnes et un budget total annuel estimé à 450 millions de dollars US) seraient progressivement remerciés au cours des deux années à venir.
M. Rudd, qui faisait l’annonce à l’issue d’entretiens bilatéraux avec son homologue papou Sam Abal, précisait alors que la décision avait été prise au terme d’un audit réalisé spécifiquement pour l’aide australienne en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Les économies réalisées, de l’ordre d’une quarantaine de millions de dollars australiens (une petite trentaine de millions d’euros) devraient être réinjectées dans le budget d’aide au développement de ce pays, a ajouté M. Rudd.

Pacifique insulaire et « contrats de partenariat pour le développement »

Concernant l’aide australienne pour sa région la plus proche, celle du Pacifique insulaire, les relations bilatérales ont été refondues au cours des trois dernières années, pour prendre la forme de ce que M. Rudd (Premier ministre de novembre 2007 jusqu’à fin juin 2010, avant de prendre en charge les affaires étrangères) appelle des « contrats de partenariat pour le développement ».
Ces nouveaux contrats, qui mettent en avant la notion d’objectifs et donc de résultats, ont été signés avec une petites douzaine d’États océaniens, précisait-il dans un discours prononcé sur ce sujet le 20 octobre 2010.
Lors de l’avant-dernier sommet des dirigeants des pays membres du Forum des Îles du Pacifique, en août 2009, que l’Australie et M. Rudd accueillaient alors à Cairns, une « déclaration de Cairns », en marge de la déclaration finale des chefs d’États et de gouvernements traçait déjà les grandes lignes, y compris financières et éthiques, de ce qui devait désormais diriger l’aide australienne au développement, mais aussi encourager à une meilleure coordination, voire une mutualisation, entre partenaires de développement , le tout au nom de l’efficacité.

pad

Rédigé par PaD le Lundi 15 Novembre 2010 à 20:57 | Lu 369 fois