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L'Assemblée nationale repart à l'attaque du sucre dans les sodas


Paris, France | AFP | jeudi 26/10/2017 - Boisson trop sucrée, boisson plus taxée : au nom de la lutte contre l'obésité, l'Assemblée nationale va s'attaquer jeudi soir, ou vendredi, à une nouvelle formule de la "taxe soda" pour inciter les industriels à davantage de frugalité.

En France, depuis 2013, l'ensemble des boissons contenant une quantité – même minime – de sucres ajoutés sont taxées à raison de 7,53 euros par hectolitres. 
Une formule qui n'incite pas les industriels à lever le pied, alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise de relever les taxes, forte du récent constat que le nombre d’enfants obèses dans le monde a été multiplié par dix en l’espace de quarante ans.
Le rapporteur général du projet de budget de la Sécurité sociale, Olivier Véran (LREM, ex-PS), médecin de profession, qui en a fait un cheval de bataille, propose de moduler la fiscalité en fonction du taux de sucre.
Il soumettra au vote des députés un amendement remodelé par rapport à celui voté en commission, avec l'objectif affiché d'éviter les effets de seuil par une augmentation plus progressive. 
La taxation se déclenchera à partir de 1 gramme de sucre pour 100 ml et progressera jusqu’à une vingtaine d'euros par hl pour un produit dépassant 11 g de sucres ajoutés pour 100 ml, selon cette version.
M. Véran, déjà engagé sous le précédent quinquennat sur ces questions, avait symboliquement brandi en commission une petite bouteille de mojito sans alcool contenant "13 grammes de sucre pour 100 ml". 
 

- "Les plus pauvres" -

 
En commission, la mesure avait été adoptée de façon plutôt consensuelle, même si des élus LR s'étaient inquiétés du risque de "mettre en difficulté" certaines entreprises françaises. Mais tous les groupes ont déposé des amendements allant sur le principe dans ce sens pour la séance.
"Véran en rêvait, depuis Marisol (Touraine), c'est presque un tic", a observé un élu de la majorité.
Un autre élu, de l'opposition, a raillé pour sa part une mesure "marginale" qui n'est pas "un apport considérable".
La ministre de la Santé Agnès Buzyn semblait initialement réticente. Elle avait notamment plaidé en commission que cela revenait "quelque part (à) taxer les personnes les plus pauvres", plus consommatrices de boissons sucrées, préférant l'éducation à la santé.
Mais, mardi, ce médecin de profession a affirmé que l'amendement revu et corrigé lui convenait, observant que la mesure visait "non pas à gagner de l'argent sur la vente des boissons sucrées mais surtout à inciter les industriels (...) à mettre moins de sucre", substance qui "tue énormément". 
"Aujourd'hui, les Français consomment en moyenne 100 grammes de sucre par jour. Mais les adolescents entre 11 et 17 ans en consomment 242 grammes. Or l'OMS dit que le sucre devrait représenter moins de 10% de nos apports caloriques journaliers", a-t-elle aussi relevé.
Selon un élu LREM, l'exécutif souhaitait initialement "y aller mollo" sur les taxes comportementales. Mais, glisse-t-il, in fine, "le gouvernement va laisser faire".
Depuis la mise en place de la "taxe soda" sous la présidence de Nicolas Sarkozy, des parlementaires avaient tenté à plusieurs reprises de la rehausser. Face à une telle proposition en 2016, le syndicat des boissons rafraîchissantes, qui compte Coca-Cola et Orangina Schweppes parmi ses adhérents, s'était dit "scandalisé", dénonçant une motivation "exclusivement fiscale".
Hasard du calendrier, aux Etats-Unis, une collectivité locale proche de Chicago vient d'annuler une telle taxe. L'industrie des boissons gazeuses s'est remobilisée outre-Atlantique après avoir été prise de court par le succès des pro-taxes dans de nombreuses villes comme San Francisco ou Seattle (Etat de Washington).

le Jeudi 26 Octobre 2017 à 03:46 | Lu 428 fois