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Karl Wan, de la Presqu'île aux podiums parisiens


Karl Wan a créé sa marque Arona Paris.
Karl Wan a créé sa marque Arona Paris.
Papeete, le 24 juin 2019 - Enfant, Karl Wan habillait ses Barbie et depuis son attirance pour la mode ne l'a plus jamais quitté. Originaire de la Presqu'île, le styliste a créé sa marque Arona Paris en janvier dernier. Une marque, que le jeune autodidacte revendique comme française avec un fort ADN polynésien.

Au départ, rien ne prédestinait le jeune Karl, originaire de Afaahiti, au monde des podiums parisiens et des backstages de la mode. Elevé par son grand-père tahitien, agriculteur et sa grand-mère bretonne, directrice d'école, le cadre de vie du petit garçon était plutôt baigné par l'air de la Presqu'île. Rien donc, si ce n'est que le jeune garçon préférait habiller ses Barbie que jouer à d'autres choses. "Ma poupée représentait un peu ma mère, je voulais l'habiller, la rendre belle", confie le jeune styliste.
Et au fil des années, Karl est passé du jeu de l'habillage de ses Barbie, à la confection de ses propres vêtements. "Vers 16 ans, je me suis mis à customiser mes vêtements. Je n'aimais pas être habillé comme les autres. Et puis cela m'a plu de faire mes propres habits", avoue Karl Wan.

LA FERME, LA JOURNÉE ET LA COUTURE, LE SOIR

Rapidement conscient qu'il voulait travailler dans la mode, le jeune homme a alors cherché à se former à la couture, mais Karl n'a pas trouvé à Tahiti ce qu'il souhaitait et a dû poursuivre une section littéraire option arts plastiques. Puis, Karl vivote, sors, multiplie les petits boulots au fenua. Mais le jeune homme n'a pas oublié sa passion pour la mode et rêve d'ailleurs.
En 2012, à 22 ans, il décide de sauter le pas. Il quitte Tahiti et part en Australie en mode backpacker. Il y restera deux ans. La journée, il travaille dans les fermes et le soir, il se met à confectionner des vêtements, car Karl a investi dans une machine à coudre. "Je n'avais pas pu m'inscrire à des cours de couture à Tahiti, alors, là, je m'y suis mis à fond le soir. J'ai appris le maniement de la machine, les techniques en regardant de nombreux tutoriels sur Youtube", confie l'autodidacte, aujourd'hui âgé de 29 ans.
A son retour à Tahiti en 2014, Karl fait une rencontre qui va tout changer. "J'ai montré deux vêtements à Alberto V., le créateur de la Tahiti Fashion Week. Un qui m'avait demandé trois à quatre mois de travail et un autre davantage prêt-à-porter. Alberto m'a alors laissé ma chance, il m'a proposé de participer à la Tahiti Fashion Week", explique le jeune styliste dans un grand sourire.
Et cette chance, Karl n'a pas hésité à la saisir. Pendant un mois, il enchaîne les nuits blanches afin de sortir à temps les 14 tenues pour l'évènement mode du fenua. "Je suis arrivé aux essayages, je voyais toutes ces filles avec deux mètres de jambes, c'est un univers que je ne connaissais pas. Je me sentais petit. Le soir du défilé, je suis arrivé très tôt, ça m'a fait bizarre de voir les mannequins porter mes créations. A la fin, les gens ont applaudi mes tenues. J'en avais les larmes aux yeux. Je me suis dit qu'une étape avait été passée", reconnaît le styliste.

UNE FEMME QUI FASSE UN PEU PEUR AUX AUTRES

Fort de ce déclic, il décide alors de travailler d'arrache-pied pour faire de cette passion, sa vie. Il se met à créer des robes, des vestes… pour mettre en valeur les femmes. "Je veux rendre aux femmes ce qu'elles m'ont donné toute ma vie, car il y a toujours eu une femme importante à chaque étape de ma vie. J'ai l'image d'une femme de caractère. Si la femme qui porte mes vêtements se sent forte, alors j'ai gagné. J'aime bien même que "ma" femme fasse un peu peur aux autres", ose-t-il avancer malicieusement.
Karl apprend également à gérer le côté marketing qu'exige ce métier. Et de fil en aiguille, il commence à se faire une réputation sur la place et en vit. Mais le jeune styliste a toujours des envies d'ailleurs et voit plus grand… " J'ai décidé de partir en France tête baissée pour réaliser mon rêve complètement", explique-t-il sans détour.

L’ÉLÉGANCE A LA FRANÇAISE AVEC LES CODES POLYNÉSIENS

Direction Marseille d'abord en 2017 où il participe à un concours de mode, puis ensuite Paris, la capitale de la mode. Si ce changement de vie n'a pas été facile tous les jours, Karl n'a jamais arrêté de travailler et surtout d'apprendre. Pendant toute cette période, le styliste continue à envoyer en parallèle, ses collections à la Tahiti Fashion Week, même sans y être physiquement.
En janvier 2019, il franchit un nouveau pas en créant sa propre marque : Arona Paris. Une marque à son image, qui lui ressemble, une marque française avec un ADN polynésien. "Arona, c'est mon prénom polynésien, et j'ai rajouté un logo, une tête de tiki, facilement reconnaissable par les métropolitains. J'essaye de créer des collections qui mélangent l'élégance à la française avec les codes polynésiens. Je vais faire des clins d'œil à la Polynésie en mettant par exemple des tresses… L'idée, c'est que les deux publics puissent se retrouver dans mes vêtements", précise Karl, qui a présenté en mars dernier sa marque au public parisien et en juin au public polynésien lors de la Tahiti Fashion week. "Je me sens chanceux de pouvoir avoir les deux cultures".



Infos pratiques :
Pour contacter Karl Wan
Facebook : Arona Paris
www.karlwan.com

le Lundi 24 Juin 2019 à 16:33 | Lu 3968 fois