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Kahiri Endeler, nouveau roi de la petite reine


Kahiri Endeler lors de sa victoire en juillet dernier à la Cyclo Malmezac.
Kahiri Endeler lors de sa victoire en juillet dernier à la Cyclo Malmezac.
Tahiti, le 11 septembre 2020 - Avant l'interruption de la saison à la mi-août, Kahiri Endeler (23 ans), était quasiment intouchable sur les routes, et sur la piste avec quatre victoires sur les sept courses disputées depuis juillet. Le coureur de Tamarii Punaruu, pur attaquant, s'est imposé sur cette courte saison comme la nouvelle référence du cyclisme tahitien. 

La Cyclo Malmezac, le Grand prix de Punaauia, un contre-la-montre et une manche de l'omnium sur piste. Quatre victoires en l'espace de quatre semaines pour Kahiri Endeler qui a littéralement marché sur le peloton lors du lancement de la saison de cyclisme en juillet dernier. "Je savais que je serais attendu pour cette reprise, et je suis content d'avoir pu répondre présent", avait indiqué le leader de Tamarii Punaruu lors de sa victoire le 5 juillet à la Cyclo Malmezac. 

Sa grosse préparation pendant la période de confinement,  son talent naturel de pur attaquant et le travail de son équipe lui ont permis de s'imposer comme la nouvelle figure de proue de la discipline au fenua.
"Après la saison a été courte. J'ai encore beaucoup à prouver et on verra à l'avenir ce que je peux faire sur une saison complète. Mais cette année en début de saison je voulais tout claquer parce que j'ai des sponsors qui me suivent depuis bientôt un an et je voulais leur renvoyer l'ascenseur", explique le coureur de 23 ans. 

"J'aime quand ça pète de partout"

Depuis son retour de métropole en 2018, son ascension vers les sommets du cyclisme tahitien était attendue. "Je sais que je suis surveillé sur les courses. L'année dernière je n'avais pas forcément une bonne équipe pour m'entourer, c'était un peu compliqué, sauf sur le Tour de Tahiti où je me suis classé sixième au général. Mais j'adore cette pression, le fait d'être surveillé, ça me donne encore plus de motivation", affirme le cycliste. 

S'il peut en effet compter sur une équipe plus solide, avec notamment l'apport d'Eddy Le Roux vainqueur du Grand prix de Fei-Pi cette année, Kahiri Endeler n'est pas de ceux qui restent bien au chaud au cœur du peloton et qui attendent un sprint massif, ou une difficulté dans les derniers kilomètres pour construire une victoire. Aussi à l'aise en montée que sur du plat, et même performant en contre-la-montre cette année avec notamment sa victoire lors du premier chrono de la saison entre Tautira et Taravao, le coureur est un adepte du "vélo champagne".

"Je me vois plutôt comme un puncheur, comme Julian Alaphilippe, un cycliste que j'aime beaucoup. Un coureur complet. J'adore être à l'attaque dans une course, et être à l'avant. J'aime quand ça pète de partout, et quand il y a du suspense dans une course. Après je ne suis pas forcément le plus rapide au sprint ni le plus agile dans les montées", confie l'athlète. 

Les championnats de Polynésie en ligne de mire

Après un mois au frigo, suite au report des compétitions au calendrier de la Fédération tahitienne de cyclisme, Kahiri Endeler va de nouveau pouvoir lâcher les chevaux aujourd'hui à l'occasion de la deuxième manche de l'omnium sur piste. "Là, j'ai juste envie de m'aligner sur toutes les courses", s'exclame le coureur. "Je me suis beaucoup entrainé sur la piste ces derniers temps avec des jeunes. Je ne me fixe pas vraiment d'objectif sur piste, mais je donnerai évidemment tout pour l'emporter et pour faire honneur au maillot de l'équipe", ajoute le jeune homme.

Avec l'annulation du Tour de Tahiti cette année, les prochains gros objectifs pour lui sont les championnats de Polynésie prévu en novembre prochain. Histoire de s'affirmer un peu plus comme le nouveau roi de la petite reine au fenua. 

De l'école de cyclisme à Fautaua au SCO Dijon

Le petit Kahiri Endeler a découvert les plaisirs du cyclisme à ses 10 ans, après s'être essayé au judo, à l'athlétisme et au va'a. Même si au départ c'est le moto-cross qui le fait rêver. "Mes parents pensaient que c'était un sport trop dangereux et coûteux. Je me suis donc mis au VTT", précise l'intéressé. Il fait ensuite ses premières armes avec l'école de cyclisme de Jean-Pierre Lestrade. "On roulait tous les samedis matin sur la piste de Fautaua. Et puis quand je suis passé en minime, Jean-Pierre Lestrade, a monté le club de Tamarii Punaruu et je l'ai suivi. Et depuis je suis toujours resté fidèle au club", indique Endeler. 

Il fera quand même quelques petites infidélités à son club de cœur, lorsqu'il s'envole pour la métropole, et la Bourgogne en 2015 pour poursuivre des études. Refusé en pôle espoir, il rejoint alors le SCO Dijon, l'une des meilleures équipes amateurs, où il passera quatre saisons. "L'idée en partant c'était de devenir professionnel et de courir un jour sur le Tour de France. J'ai fait des courses en élite (le plus haut-niveau amateur). J'étais peut-être un niveau en-dessous, mais je me suis rendu compte aussi qu'il y avait beaucoup de dopage dans le cyclisme amateur. À un moment donné il faut se faire une raison, même si je n'ai pas complètement fermé la porte à une carrière professionnelle", affirme le cycliste. 

Mais ce passage en métropole lui a néanmoins apporté une expérience non négligeable. "Ça m'a permis d'abord d'améliorer ma préparation, comment aborder une course, préparer ses bidons, ses ravitaillements, savoir régler la pression des pneus, tous ces petits détails qui font la différence. En France aussi je n'avais pas un rôle de leader, j'étais plutôt un équipier modèle, ce qui me plaisait beaucoup moins. Mais c'est en faisant le sale boulot que l'on apprend, comme par exemple mettre en confiance toute l'équipe quand on est leader. J'ai été aussi directeur sportif pour des jeunes, donc c'est élaborer une stratégie de course, la changer pendant la course si elle ne marche pas. Ce sont toutes ces expériences qui ont construit le coureur que je suis aujourd'hui."

En plus du vélo, Kahiri Endeler est également un mordu de marche, de course à pied et de natation. "Le rêve serait de participer un jour à un Iron Man", confie l'athlète. 

Le jeune homme, en parallèle de sa carrière de cycliste, est inscrit à l'Université de la Polynésie française où il suit un Master Comptabilité, contrôle et audit en cours du soir. 

Rédigé par Désiré Teivao le Vendredi 11 Septembre 2020 à 08:00 | Lu 1179 fois