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Justyna Chmielowic : “Le piano a quelque chose de magique”


Crédit : Maxime gé.
Crédit : Maxime gé.
TAHITI, le 19 mars 2023 - La pianiste Justyna Chmielowic donnera deux récitals le 24 et le 31 mars. Le programme de ces rendez-vous est très différent : le premier mettra en avant les compositeurs polonais, le second sera plus romantique.

Quel programme avez-vous prévu pour les deux récitals que vous donnerez à Tahiti ?
“i[J’ai préparé deux programmes différents. Le premier récital autour de Chopin et d’autres compositeurs polonais avec des nocturnes ou bien encore une Polonaise que j’adore jouer. Cela permettra de présenter au public les sonorités et harmonies polonaises. Lors du second récital, je jouerai des pièces très différentes de la période romantique. Ce sera le romantisme vu par les compositeurs allemands, autrichiens […]. Je proposerai une pièce de Debussy et une autre de Tchaïkovski. Cela sera très romantique, et passionné]i.”

Lorsque vous êtes sur scène, que cherchez-vous à transmettre au public ?
D’abord, quand je déchiffre puis commence à apprendre une pièce j’essaie de comprendre ce que le compositeur voulait transmettre. J’essaie de comprendre ce qu’il ressentait ; quelle était son intention ; à quoi il pensait. Je m’intéresse à ce qu’il voulait lui-même montrer et transmettre comme image ou émotion. Ensuite, j’ajoute à cela mon interprétation et mes ressentis sur le morceau. J’essaie de transmettre différentes émotions comme l’amour, la tendresse, parfois la tristesse, la passion, la virtuosité pour que cela soit amusant. J’essaie de faire voyager le public dans une ambiance, voire dans un autre pays. Le pianiste russe Vladimir Horowitz, a dit un jour dans une interview qu’un compositeur composait toujours pour que sa pièce soit jouée un jour. En jouant, Vladimir Horowitz disait chercher à faire au mieux pour mettre en avant le compositeur et son œuvre. Je le rejoins, à ce niveau : je fais toujours de mon mieux pour rendre la musique la plus belle possible.”

Vous avez su très tôt que vous vouliez emprunter un parcours en musique classique. Comment tout cela a-t-il démarré ?
Je me rappelle très bien mon premier souvenir. Je devais avoir 5 ans et je rêvais d’être sur scène, d’être chanteuse d’opéra ou d’être violoniste ou flûtiste et de jouer de la musique classique. Un ou deux ans plus tard, mes parents m’ont demandé si je voulais aller dans une école de musique. J’étais évidemment d’accord ! Et quand j’ai eu à choisir un instrument, je ne sais pas pourquoi mais j’ai décidé de faire du piano. C’était comme une certitude.”

Quel a été votre parcours ensuite ?
J’ai donc démarré le piano à l’âge de 7 ans. J’étais très décidée, personne ne m’a jamais poussée. C’est un peu comme si cela venait du ciel. J’ai suivi des cours dans une école de musique, fait des études supérieures. Je souhaitais voyager, découvrir d’autres pays, d’autres gens, d’autres cultures… la France m’attirait particulièrement car un jour, alors que j’étais étudiante, j’étais allée donner un récital à Paris et j’avais été émerveillée par les rues, l’architecture des immeubles haussmanniens. Je suis tombée amoureuse, et j’y suis retournée pour continuer mes études. Je me suis inscrite à l’École normale de musique et Schola Canturum. Cela m’a beaucoup plu. Je n’ai jamais été déçue : je suis restée. J’aime le pays, la langue, la culture et toutes ses beautés.”

Crédit : Yves Bourgeois.
Crédit : Yves Bourgeois.

Vous vivez désormais en France, et donnez donc des récitals depuis la fin de vos études ?
J’ai commencé à devenir de plus en plus indépendante, à connaître de plus en plus de gens. Je donnais des concerts. Un jour, j’ai un jour rencontré le chanteur Christophe, par l’intermédiaire d’amis communs. Il m’a demandé de lui donner des cours car il souhaitait s’accompagner au piano lors d’une tournée. Il m’a demandé ensuite d’assurer les premières parties de ses concerts pendant cette tournée. J’ai accepté et cela a été une aventure extraordinaire. Il a été le premier artiste à faire ça, à proposer à une musicienne classique de faire la première partie de concerts de musique populaire. Je jouais Chopin, Liszt… D’autre part, cela m’a permis de mieux connaître l’artiste, il m’a inspirée.”

Qu’est-ce que la musique en général et le piano en particulier vous procurent-ils, pourquoi cette attirance ?
Il y a quelque chose de magique dans la musique classique. Elle permet, en mélangeant des sons très différents, de faire vibrer ceux qui l’écoutent, de leur faire ressentir de nombreuses émotions. Elle procure du plaisir. Il y a quelque chose d’inexplicable dans tout cela. Le piano, quant à lui, est un instrument complexe, qui peut faire beaucoup de choses. Ce que j’aime, c’est que l’on peut jouer des choses très délicates, très denses, très techniques, avec beaucoup d’accords, d’harmonies. C’est un instrument polyphonique dont on dit aussi qu’il est un petit orchestre.


Y a-t-il des compositeurs qui vous parlent plus que d’autres ?
Oui, il y en a trois. Il y a Chopin, même si cela ne paraît pas très original car je suis aussi Polonaise. Quand j’étais adolescente et que j’ai commencé à maitriser un peu mieux le déchiffrage, je me suis attaquée aux mazurkas de ce compositeur que j’ai travaillées une à une. Je pleurais. Les larmes coulaient, cela me touchait tant ! Sa musique m’émeut par le chagrin qu’elle contient, la tendresse que je ressens, la passion, le tout transmis avec des mélodiques et harmonies merveilleuses et sublimes. Le deuxième est Ravel. C’est comme si, comme un vêtement sur-mesure par exemple, ses compositions avaient été faites pour moi. C’est un ressenti personnel, en jouant Ravel, je suis dans l’esprit du compositeur. Je comprends tellement bien son univers. Il y a de la délicatesse, de la poésie, de l’impressionnisme. Les choses sont un peu voilées : elles ne sont pas dites directement comme peut le faire Chopin. Enfin, le troisième compositeur qui me touche vraiment est Rachmaninov. Ses mélodies sont tellement belles, les harmonies si riches, cela me prend aux tripes. C’est du romantisme pur. On ne peut pas rester insensible à ça.”

Pratique

Le mercredi 22 mars à 18 heures, master class au conservatoire artistique de la Polynésie française (CAPF).
Le vendredi 24 mars et le vendredi 31 mars à 20 heures au CAPF.
Tarif : 4 500 Fcfp. En vente sur le site internet.

Rédigé par Delphine Barrais le Dimanche 19 Mars 2023 à 19:42 | Lu 1413 fois