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Jugé pour un coup de pied mortel aux assises, l'accusé nie les faits


Tahiti, le 23 mai 2022 – Le procès d'un homme de 21 ans, jugé pour avoir porté un coup de pied mortel à un quinquagénaire le 13 décembre 2019 à Papetoai, s'est ouvert devant la cour d'assises lundi. Cette première journée a été consacrée à l'étude de la personnalité de l'accusé, qui a toujours nié les faits, et à l'audition de ses parents qui ont tenté de persuader les jurés que leur fils est innocent.
 
Deux ans et demi après le décès, le 13 décembre 2019 à Moorea, d'un quinquagénaire victime d'un coup de pied mortel, le procès du jeune homme accusé d'avoir commis les faits s'est ouvert lundi devant la cour d'assises pour trois jours.
 
L'affaire, qui avait fait grand bruit à Moorea, avait donc éclaté dans la soirée du 13 décembre dans la commune de Papetoai sur l'île Sœur. Appelés pour intervenir en bord de route où gisait un homme inconscient, les gendarmes s'étaient heurtés à l'agressivité d'une bande composée d'une dizaine de personnes “hostiles”. Alors que plusieurs témoins oculaires avaient désigné l'accusé, qui venait tout juste d'avoir 18 ans, comme étant celui qui avait porté un coup de pied au visage de la victime après lui avoir demandé 500 Fcfp et lui avoir volé son sac, les forces de l'ordre n'avaient pas été en mesure d'interpeller l'intéressé. Ce n'est que le lendemain qu'il avait été arrêté à son domicile et placé en garde à vue. Confronté aux déclarations des témoins –et alors que la victime venait de décéder à l'hôpital des suites de ses blessures– l'accusé avait formellement nié les faits en expliquant qu'après avoir passé la journée à Papeete à boire et fumer du paka et de l'ice, il avait regagné Moorea et passé la soirée chez son père.
 
Déscolarisé en sixième
 
En ce premier jour de procès devant la cour d'assises lundi, la présidente du tribunal a longuement questionné l'accusé sur son enfance et son parcours scolaire. Élevé par ses grands-parents car ses propres parents étaient très jeunes quand ils l'ont eu, le jeune homme avait finalement réintégré le foyer où vivaient son père et sa mère ainsi que ses deux petits frères. De son propre aveu à la barre lundi, l'accusé a concédé avoir, à l'époque, assisté à des “bagarres” entre ses parents en précisant toutefois qu'il n'avait “jamais manqué de rien” même s'il vient d'une famille “pauvre”. Déscolarisé depuis la classe de sixième, le jeune homme s'était inscrit dans la délinquance dès son adolescence et avait, à ce titre, fait l'objet d'un suivi d'un juge des enfants.
Placé en détention le 16 décembre 2019 au terme de sa garde à vue, l'accusé a, tel que l'a rappelé la présidente de la cour, causé de nombreux incidents en détention, soit en frappant des codétenus, soit en étant pris en possession de paka.
 
Après cette première audition de l'accusé, à l'issue de laquelle le jeune homme a réaffirmé qu'il était innocent, la cour d'assises a entendu ses parents. A plusieurs reprises durant l'enquête, l'homme et la femme avaient changé de version. A la barre lundi, ils ont assuré qu'ils croyaient en l'innocence de leur fils qui était un “garçon serviable”, jamais violent avec eux. Alors qu'il avait déclaré que son fils se trouvait chez lui au moment des faits, le père de l'accusé a semblé hésiter lorsque la présidente de la cour lui a de nouveau posé la question. Après lui avoir opposé un silence, l'homme s'est mis à pleurer en disant qu'il était prêt à prendre la place de son fils.
 
Témoins formels
 
Face aux dénégations constantes de l'accusé, c'est la directrice d'enquête, gendarme à la brigade de recherche de Faa'a, qui est ensuite venu rappeler à la cour que “plusieurs témoins” lui avaient dit de “manière formelle” que c'est l'accusé qui avait porté le coup de pied mortel. Il a également été précisé que ces témoins, dont les tenanciers d'un snack se trouvant à quelques mètres de la scène, n'avaient pas de conflit particulier avec l'accusé ou sa famille avant le soir du drame.
 
Le procès, qui doit durer trois jours, reprendra d'ailleurs mardi avec l'audition des témoins qui sera un élément crucial dans cette affaire. Alors qu'il faisait nuit et qu'il y avait beaucoup de monde dans la rue le soir des faits, les avocats de l'accusé vont vraisemblablement essayer d'instiller le doute dans l'esprit des jurés.
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 23 Mai 2022 à 21:14 | Lu 2192 fois