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Journée mondiale contre l’homophobie dans le pacifique : des avancées fidjiennes

SUVA, 18 mai 2010 (Flash d'Océanie) – Alors que la planète marque en ce début de semaine la journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, une avancée notable, dans un environnement insulaire océanien encore largement conservateur, a été annoncée il y a quelques jours par les autorités fidjiennes


Journée mondiale contre l’homophobie dans le pacifique : des avancées fidjiennes
Tourism Fiji, l’office du tourisme de cet archipel, fin avril, déclarait publiquement que désormais, la destination Fidji figurait dans les catalogues des îles océaniennes « gay friendly ».
La principale cible de ces annonces : les importants marchés australiens, néo-zélandais et américain, dont les communautés homosexuelles sont fortement organisées et constituent une puissance économique, notamment au plan des voyages.
Plusieurs voyagistes spécialisés de la côte Ouest américaine, notamment ceux de San Diego, en Californie, ont ajouté sur leurs sites cette destination qui jouit toujours d’une importante notoriété.
Patrick Wong, qui préside Tourism Fiji, déclarait il y a quelques jours à la radio nationale que le segment gay, même s’il pouvait être considéré comme un marché de « niche », n’était certainement pas négligeable, car les touristes appartiennent généralement à des catégories socioprofessionnelles aisées.
« C’est un marché plutôt haut de gamme. Et dans ces conditions, en finale, nous, en tant que professionnels du tourisme, nous ne voulons certainement pas discriminer qui que ce soit. On pourrait dire que le tourisme relie les gens. Notre métier, c’est d’offrir un service, le sourire qui va avec, à tout le monde sans exception », a-t-il commenté.
Il y a cinq ans, le débat à Fidji avait fait rage autour de l’épineux dossier de l’acceptation de mœurs différentes.
En juin 2005, alors que plusieurs capitales européennes accueillaient des manifestations sous la bannière de la Gay Pride, plusieurs centaines de personnes défilaient non loin de la capitale Suva, répondant ainsi à l’appel lancé par l’influente église méthodiste fidjienne.
Cette église entendait ainsi mobiliser l’opinion contre le mariage homosexuel.
La polémique sur la question homosexuelle avait démarré, à Fidji, lorsqu’un ressortissant fidjien d’origine indienne, Samson Verma, d’abord interpellé en France en situation illégale, ait finalement obtenu gain de cause devant un tribunal administratif de Lyon et l’autorisation de rester en France.
Soutenu par les associations françaises (notamment Attac), il avait mis en avant le fait que s’il était forcé de rentrer à Fidji, il y serait persécuté.
Après l’annonce de ce verdict français, les prises de positions à Fidji s’étaient entrechoquées, mettant en avant les contradictions entre d’une part la dernière version de la Constitution (datant de 1997), dont les dispositions progressistes condamnent toute discrimination, notamment du fait de « l’orientation sexuelle » d’un individu et d’autre part une loi datant des années 1940, calquée sur le modèle britannique, qui prévoit jusqu’à quatorze ans de prison pour tout individu reconnu coupable de « crime contre nature » (en clair : une relation homosexuelle).
Plusieurs groupes religieux fidjiens, dont l’église méthodiste, avaient été en premier ligne d’une campagne pour que « les valeurs chrétiennes ne soient pas compromises » et que « les actes sexuels à d’autres fins que la procréation demeurent condamnables ».

Manifestations en Australie

Dans la grande région, ce week-end, c’est en Australie que les manifestations les plus notables ont eu lieu : dans la plupart des grandes villes du pays, à commencer par Melbourne et Sydney, des milliers de personnes se sont rassemblées pour signifier leur soutien au mariage homosexuel et demander au passage au gouvernement fédéral de voter une loi en ce sens, applicable à tous les États de la fédération.

Asie-Pacifique : « environnement juridique et social adverse », selon l’ONU

Au plan plus institutionnel, à l’occasion de cette journée mondiale, les Nations-Unies ont rappelé lundi que pour la seule région Asie-Pacifique, plus de quatre vingt dix pour cent des homosexuels masculins n’ont pas accès aux services de prévention et de soins contre le VIH-SIDA, principalement à cause d’un « environnement juridique et social adverse ».
« L’efficacité de la réponse au VIH dépendra non seulement de la montée en puissance des programmes de prévention, de traitements et de soins, mais aussi du soutien ou pas de l’environnement juridique et social pour ceux qui sont le plus vulnérables », a estimé lundi Mandeep Dhaliwal, chef du département des droits humains, du genre et de la diversité sexuelle au Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD), à l’occasion d’un colloque qui avait lieu à Hong Kong.
Selon un rapport publié à cette occasion, sur les quelque 48 pays que comprend la grande région Asie-Pacifique, 19 ont encore des lois qui pénalisent les relations homosexuelles.

pad

Rédigé par Pad le Mardi 18 Mai 2010 à 05:48 | Lu 466 fois