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Journée internationale de la femme : les Océaniennes dénoncent la situation


Shamima Ali
Shamima Ali
SUVA, dimanche 8 mars 2015 (Flash d’Océanie) – À l’occasion de l’édition 2015 de la Journée internationale de la femme, les femmes océaniennes ont une nouvelle fois saisi l’occasion d’attirer l’attention sur la condition féminine souvent peu reluisante dans le Pacifique.
Dans la capitale fidjienne Suva, des centaines de participants, hommes et femmes confondus, ont défilé vendredi dernier dans le cadre de leur traditionnelle marche pacifique avec pour objectif avoué de « reprendre la nuit ».
En clair : revendiquer le droit de se promener, la nuit tombée, sans craindre d’être agressée.
Ce défilé, au cours duquel les participants sont munis de flambeaux pour symboliser la victoire de la lumière sur l’obscurité, coïncidait cette année avec la fête religieuse hindoue « Holi », qui, de manière plus générale, célèbre la victoire de la lumière sur les ténèbres.

Shamima Ali, directrice du centre fidjien de crise des femmes, a une nouvelle fois souligné les taux très élevés de viols et de violences sexuelles faites aux femmes, non seulement à Fidji, mais aussi dans la plupart des autres États insulaires du Pacifique.
Elle s’est félicitée, cette année, d’une participation sans précédent d’hommes.
Cette participation masculine active est un signe pour nous que les gens en général sont déterminés à se lever contre ces actes inhumains », a-t-elle analysé.
Cette manifestation intervient alors que l’affaire de la découverte, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, de deux jeunes adolescentes fidjiennes (âgées respectivement de 14 et 21 ans), possiblement trafiquées et séquestrées dans un hôtel de la capitale Port-Moresby, a fait les grands titres de l’actualité de ces derniers jours.
La première était portée disparue depuis décembre 2014, la seconde depuis près de deux ans, a précisé la police fidjienne.
Avec l’aide des autorités locales, les deux jeunes filles ont été rapatriées sur Fidji vendredi 6 mars 2015 et à leur arrivée, leur état a été jugé préoccupant.
Une enquête a été ouverte dans cette affaire, au centre de laquelle la propriétaire de l’hôtel est considérée comme le suspect numéro un.
Elle dément néanmoins les accusations portées contre elle et affirme que les deux jeunes filles étaient des « amies » de son fils et que « comme elles voulaient venir en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour leurs vacances, je leur ai payé leurs billets d’avion ».

Pornographie sur Internet : la Papouasie-Nouvelle-Guinée championne du monde, selon Google

Le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée a réagi fin février 2015 à l’annonce faite quelques jours plus tôt par le géant américain Google, qui, dans un Top 10 des recherches à caractère pornographique sur Internet, a placé ce pays mélanésien en tête de classement.
Selon les responsables papous, un projet a été lancé en urgence pour mettre en place un système national de filtrage visant à bloquer l’accès à des sites réputés pornographiques.
Le montant initialement annoncé, pour ce nouvel outil, est de l’ordre de 750.000 dollars US, rapporte le quotidien The National.
« Nous n’essayons pas de contrôler un média de communication, mais ce que nous essayons de faire, c’est de filtrer cette pourriture qu’on peut trouver gratuitement en ligne et qui contamine les esprits de nos jeunes enfants », a expliqué la semaine dernière Steven Mala, chef de la censure.
L’étude de Google qui place la Papouasie-Nouvelle-Guinée en tête de ce classement mondial concerne le volume de mots « porn » et « pornographie » enregistrés par pays, le tout rapporté au nombre d’habitants.
Dans ce top 10 des pays les plus « obsédés », on trouve principalement des pays africains, (en ordre décroissant, le Zimbabwe, le Kenya, le Botswana, la Zambie, l’Éthiopie, le Malawi, l’Ouganda et le Nigeria), mais aussi un autre pays océanien : Fidji (9ème place).
La Papouasie-Nouvelle-Guinée se distingue aussi comme étant, au plan mondial, l’un des pays comportant l’un des taux les plus élevés de violences conjugales et de viols.
Selon une étude récemment publiée dans le journal médical britannique The Lancet, pas moins de 59 pour cent des hommes de ce pays avouent avoir au moins une fois violé leur compagne.
41 autres pour cent font le même aveu concernant une femme qui n’était pas leur partenaire habituelle.
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, il y a quelques jours seulement, mi-février 2015, les services de la censure ont décidé d’interdire la projection du film « 50 nuances de gris », au motif que ce film faire l’apologie de pratiques sexuelles déviantes.
Parallèlement, une organisation non gouvernementale qui fait campagne contre les violences sexuelles et conjugales appelle la population à faire don de la somme qu’ils auraient pu consacrer à une place de cinéma au soutien aux victimes de violences de ce type.
« Ici, ces violences sont une réalité, au quotidien, pour les femmes papoues. Que ce soit nos sœurs, nos mères », a confié au magazine Pacific Beat de Radio Australie la directrice de cette campagne, Kari Taviri.
Elle s’insurge contre ce qu’elle considère comme une apologie, dans ce film, de relations sadomasochistes et de la violence sexuelle.

L’Océanienne de l’année : Dame Meg Taylor

Au cours des douze derniers mois, néanmoins, c’est encore en Papouasie-Nouvelle-Guinée qu’on peut trouver l’une des avancées les plus significatives en matière d’accès de femmes à des postes de haute responsabilité.
Pour la première fois de son histoire, le Forum des Îles du Pacifique (FIP) a désigné le 31 juillet 2014 une femme pour diriger le Secrétariat Général de cette organisation politique océanienne, en la personne de Mme Meg Taylor, haute fonctionnaire reconnue dans la région pour son expérience à l’international et notamment au sein de la Banque Mondiale.
Meg Taylor, diplomate et juriste de formation, âgée de 63 ans, était la candidate officiellement soutenue par la Papouasie-Nouvelle-Guinée, membre influent du FIP qui tenait le sommet annuel des dirigeants de ses 16 États membres, au sein de la région Pacifique.
Elle succède au magistrat samoan Tuiloma Neroni Slade, qui arrive au terme de deux mandats successifs à la tête du FIP.
Mme Taylor, au cours de sa carrière, a notamment été basée à Washington en tant qu’ambassadrice de la Papouasie-Nouvelle-Guinée aux États-Unis, et accréditée sur une base non-résidente à Mexico et au Canada (1989-1994).
Elle est diplômée des Université de Melbourne (Australie) et de Harvard (États-Unis).
Fille de l’explorateur australien Jim Taylor, elle a été faite Commandeur dans l’ordre de l’empire britannique en 2002 et porte protocolairement le titre de « Dame » (l’équivalent de « Sir »).

Réunion onusienne cette semaine

Cette semaine, à New York, les femmes océaniennes et les organisations de cette région (les bureaux régionaux de l’ONU basés à Suva, Fidji et le Secrétariat du FIP, ainsi que plusieurs organisations non-gouvernementales et associations) seront représentées lors de la 59ème édition annuelle de la Commission relative au Statut des Femmes.
Objectif de cette réunion : faire le point, deux semaines durant, sur la situation en Océanie concernant les questions de parité et d’accès des femmes aux responsabilités, le tout sur fond de vingtième anniversaire de la déclaration onusienne dite « de Pékin ».
Cette déclaration a été adoptée en 1995 par 189 gouvernements.
Elle trace les grandes lignes en matière d’objectifs en matière de droits et libertés des femmes, au plan mondial, autour de thèmes tels que les violences, le droit à la scolarisation, le droit d’accès aux processus décisionnaires ou encore l’égalité des salaires.

pad

Rédigé par () le Dimanche 8 Mars 2015 à 14:04 | Lu 459 fois