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Jawad Bendaoud, le logeur de jihadistes du 13-Novembre, condamné en appel à 4 ans de prison


Paris, France | AFP | vendredi 29/03/2019 - Relaxé en première instance, Jawad Bendaoud a été condamné vendredi en appel à Paris à quatre ans de prison pour avoir hébergé deux jihadistes des attaques du 13 novembre 2015, dont leur cerveau présumé Abdelhamid Abaaoud.

Entouré de six gendarmes dans le box, Jawad Bendaoud est resté calme à l'annonce de l'arrêt de la cour d'appel. Lui qui avait crié son innocence tout au long de son procès et explosé plusieurs fois de colère a réagi à cette décision en secouant légèrement la tête, visiblement résigné. 
Jawad Bendaoud, un délinquant multirécidiviste de 32 ans, avait été relaxé en première instance en février 2018. Vendredi, la cour a également prononcé l'interdiction de ses droits civiques et civils pendant cinq ans, sans donner les motivations de sa décision. 
Il était jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes" pour avoir fourni l'appartement où Abdelhamid Abaaoud et son complice Chakib Akrouh s'étaient repliés à Saint-Denis. C'est là qu'ils sont morts dans l'assaut des policiers du Raid, le 18 novembre 2015.
Ce procès était le premier en lien avec les attaques du 13-Novembre qui avaient fait 130 morts à Saint-Denis et Paris.
Jawad Bendaoud devra indemniser au titre des dommages et intérêts des centaines de parties civiles: des "victimes directes" des attentats, des "victimes indirectes" ainsi que des résidents de l'immeuble de Saint-Denis, où il avait logé les deux jihadistes. 
Pendant une heure, le président a lu un à un les noms de ces parties civiles. Solidairement avec les deux autres prévenus, Youssef Aït Boulahcen et Mohamed Soumah, Jawad Bendaoud a été condamné à leur verser des dizaines de milliers d'euros. A la ville de Saint-Denis, ils doivent 146.000 euros au titre du préjudice matériel.
 

- "C'est de la vengeance"  -

 
"C'est pas de la justice, c'est de la vengeance", a réagi Xavier Nogueras, l'avocat de Jawad Bendaoud. "Je suis absolument consterné. On n'a pas amené la démonstration de la preuve", a-t-il ajouté. Son client a toujours affirmé qu'il ne savait qu'il hébergeait des jihadistes.
Au contraire, pour la mairie de Saint-Denis, cette décision "est un véritable soulagement". "Les juges n’ont pas été dupes des pitreries de cet individu qui est un délinquant multirécidiviste et dangereux".
"Avoir donné une peine de quatre ans, ça me scandalise", a de son côté réagi Patrick Jardin, le père d'une victime du Bataclan. "Ils s'en sortent très très bien. Le législateur devrait donner au moins dix ans pour des gens pareils."
Jugé à ses côtés pour "non-dénonciation de crime terroriste", Youssef Aït Boulahcen, le cousin d'Abdelhamid Abaaoud, a également été condamné à quatre ans de prison avec mandat de dépôt à l'audience. En première instance, cet ambulancier de 26 ans avait été condamné à quatre ans de prison, dont un an avec sursis.
L'avocate générale Naïma Rudloff avait requis en décembre cinq ans de prison contre Jawad Bendaoud. "Le jihadisme a offert une morale à la délinquance des cités et les délinquants ont offert des moyens aux jihadistes", avait-elle déclaré. Elle avait également requis cinq ans de prison avec mandat de dépôt contre Youssef Aït Boulahcen, mettant en avant son "adhésion totale aux thèses jihadistes". 
Jawad Bendaoud est en détention depuis début décembre pour des menaces de mort contre une victime des attaques du 13-Novembre venue témoigner lors du procès. Sa condamnation dans ce dossier a été aggravée mercredi en appel, passant de 6 mois à un an.
Frédéric Bibal, avocat d'une quarantaine de parties civiles, s'interrogeait à la sortie de l'audience: "Est-ce qu'il a payé son comportement? Je n'en sais rien mais il est certain que son comportement n'était pas adéquat à l'égard des victimes". Mais "ne confondons pas le jugement des attentats eux-mêmes et le jugement de cette affaire", a mis en garde l'avocat. 
Le procès sur les attentats du 13-Novembre pourrait, lui, avoir lieu au plus tôt en 2021. Une dizaine de personnes sont actuellement mises en examen dans ce dossier, qui compte quelque 1.700 parties civiles.

le Vendredi 29 Mars 2019 à 07:06 | Lu 289 fois