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Jacquelain : "Le Top 14 reste dans un coin de ma tête"


Teiva Jacquelain, joueur de Mont-de-Marsan en Pro D2, et ancien du Rugby Club de Pirae.
Teiva Jacquelain, joueur de Mont-de-Marsan en Pro D2, et ancien du Rugby Club de Pirae.
Tahiti, le 25 mai 2020 - Teiva Jacquelain, 26 ans, joueur de Mont-de-Marsan en Pro D2, est en vacances forcées depuis plus deux mois au fenua. Avant l'arrêt des compétitions, le Tahitien était dans une bonne dynamique avec son club, lui ouvrant ainsi la porte du retour vers l'équipe de France de rugby à 7. Reprise des entrainements, Top 14, Jeux olympiques,… l'ancien joueur du Rugby Club de Pirae livre ses ambitions.

Comment avez-vous vécu les deux mois de confinement et l'arrêt des compétitions ? 
"J'ai eu la chance de pouvoir revenir à Tahiti. J'étais rentré à la suite des étapes du World Series avec l'équipe de France à 7, au début du mois de mars. La pandémie Covid-19 a été déclarée et les clubs en France ont décidé d'arrêter les entrainements et les compétitions ont également été arrêtées. Quand je suis arrivé, j'ai fait ma quatorzaine chez moi pour respecter les règles sanitaires en vigueur. En fait, la pandémie est bien tombée parce que ça faisait un moment que je n'étais pas resté aussi longtemps à Tahiti. J'ai vraiment pu me ressourcer et, au niveau du mental, ça fait du bien."

Vous l'avez dit, vous étiez avec l'équipe de France de rugby à 7 avec qui vous avez disputé, entre février et mars, deux étapes du World Seven Series (à Los Angeles et Vancouver). Vous aviez déjà connu des sélections en Bleu (25 matchs), comment avez-vous vécu ce retour ? 
"Ma dernière sélection en Bleu remontait à juin dernier, pour le Paris Seven. Évidemment, j'étais content de retrouver l'équipe de France pour ces étapes. À l'époque, je faisais de bons matchs avec Mont-de-Marsan, en Pro D2, et le coach de l'équipe de France a contacté mon club pour leur demander de me libérer le temps de la tournée. Ils se sont mis d'accord et j'ai rejoint les Bleus à La Rochelle pour débuter le stage de préparation."

Lors de cette tournée, vous avez inscrit trois essais face à la Nouvelle-Zélande à Los Angeles et face au Canada et au Pays de Galles à Vancouver. Quel bilan personnel tirez-vous de ce retour en Bleu ? 
Le coach de l'équipe de France et mon entraineur à Mont-de-Marsan étaient plutôt satisfaits de mes performances. Passer du rugby à 15 à 7 n'est pas évident. Ça reste le même sport, mais il faut quand même un temps d'adaptation. J'étais parti avec l'idée d'apporter tout ce que je pouvais à l'équipe, même si je savais que j'allais avoir du mal. Mais au final, ça s'est super bien passé. 

"Jouer à Mont-de-Marsan ça m'a redonné un coup de fouet"

Teiva Jacquelain sous le maillot de l'équipe de France de rugby à 7.
Teiva Jacquelain sous le maillot de l'équipe de France de rugby à 7.
Avec l'équipe de France à 7, vous aviez la possibilité de disputer les Jeux olympiques de Tokyo qui ont finalement été reportés à l'année prochaine. Cela vous donne encore plus de temps pour vous montrer et de valider votre place dans l'équipe ? 
"Avant de penser aux JO, il faut passer par le tournoi de qualification olympique (TQO). Les Bleus du 7 ont déjà une belle équipe et ils ont les moyens de décrocher une belle médaille. Ca ne sera pas facile de gagner sa place. Mais si jamais le staff des Bleus refait appel à moi, je serai évidemment ravi et j'apporterai tout ce que je pourrai." 

Pour revenir au rugby à 15 : En début de saison, votre club le FC Grenoble Rugby (Pro D2) a décidé de vous prêter à Mont-de-Marsan (Pro D2). Vous vous êtes ensuite engagé définitivement en février avec ce club. Pourquoi ce choix ? 
"Je venais de passer deux saisons assez compliquées à Grenoble. J'étais un peu déprimé et j'avais perdu le plaisir de jouer. Quand on m'a prêté à Mont-de-Marsan, je ne savais pas trop où je mettais les pieds, mais au final, ça s'est super bien passé. L'équipe m'a bien accueilli et j'ai tout de suite été intégré. Je me suis tout de suite senti à l'aise et j'ai été plus performant sur le terrain (5 essais en 10 matchs avec Mont-de-Marsan). Jouer à Mont-de-Marsan, ça m'a redonné un coup de fouet et m'engager pour de bon avec ce club, c'était logique, au niveau du plaisir et du temps de jeu. Même si l'objectif reste de retrouver un club de Top 14."

Est-ce-que des clubs de Top 14 ont manifesté de l'intérêt pour vous ? 
"L'épidémie de coronavirus rend un peu difficile le recrutement. Mais pour le moment je n'ai eu aucune touche avec des clubs de Top 14. Tout ça reste dans un coin de ma tête. Je suis à Mont-de-Marsan et je vais tout donner la saison prochaine pour que le club soit le plus performant possible. On a un effectif jeune et pleins de talents. Il y a moyen de faire de belles choses ici."

En métropole, le déconfinement a également débuté. Est-ce-que votre club vous a informé quant à une éventuelle reprise des entrainements ? 
"Il faut que je reparte le plus tôt possible en France pour passer toute une batterie de tests. On a été arrêté pendant plus de deux mois et, avant de relancer la machine, le club veut s'assurer que tout le monde est en bonne santé. On passera un test de dépistage au Covid-19 aussi. Ensuite, pendant le mois de juin, on pourra reprendre les entrainements, soit en individuel soit en duo. Et puis en juillet on pourrait reprendre l'entrainement collectif, avant d'attaquer les matchs de pré-saison en août."

Vous êtes passé par le centre de formation de Toulon, avant d'intégrer l'effectif professionnel et de vous entrainer aux côtés de Ma'a Nonu, Bryan Habana, Guilhem Guirado. Qu'est-ce-que vous retenez de cette expérience toulonnaise ? 
"Ça m'a fait un choc déjà de les voir en vrai. Ce sont des joueurs que j'avais vu seulement à la télévision ou sur des vidéos YouTube. Il faut passer ce choc et ne plus les voir comme des stars, mais comme des coéquipiers avec lesquels tu t'entraines. Après, tu apprends beaucoup rien qu'en les regardant à l'entrainement, dans leur manière d'aborder les matchs, la récupération. J'ai eu la chance de faire des séances privées avec Jonny Wilkinson. Et j'ai beaucoup bossé aussi avec Sébastien Tillus-Bordes, ancien demi-de-mêlée de l'équipe de France."

En attendant de pouvoir retrouver les terrains de l'Hexagone, vous avez fait quelques séances d'entrainement avec votre ancien de club, le RC Pirae. L'occasion pour vous de partager votre expérience avec les jeunes joueurs…
"Si je peux faire rêver certains jeunes et leur donner envie de poursuivre la même carrière que moi, je serai là pour les aider et leur apporter des conseils. Makalea Foliaki, avec qui j'étais très proche, commence à percer à Toulon. On vient tous les deux du RC Pirae et je suis fier de son parcours. Je serais très heureux de pouvoir en aider d'autres à atteindre ce niveau."

Rédigé par Désiré Teivao le Lundi 25 Mai 2020 à 19:39 | Lu 7988 fois