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"J’espère que Gaston Flosse saura prendre en considération ce qui s’est passé aujourd’hui" (J.-C. Bouissou)


PAPEETE, 2 avril 2015 - Un bras de fer déterminant s'est joué ce jeudi matin à l'Assemblée entre les deux camps du Tahoera'a, sur la question de la convention-cadre posant les conditions du retour de l'Etat au financement du Régime de solidarité territorial (RST), sur le triennal 2015-2017.

En dépit de la série d'amendements envisagée par une majorité proche du camp Flosse, en commission de l'économie et des finances, c'est la version de la convention voulue par le gouvernement Fritch qui est adoptée avec une large majorité de 35 élus et le soutien des groupes UPLD et A Tia Porinetia.

La troisième et dernière séance de la session extraordinaire a largement tourné en défaveur des ambitions du clan Flosse, à l'Assemblée. Et cela ne présage rien de bon pour cette partie du groupe Tahoera'a, à la veille de la répartition des présidences de commission, le 9 avril dès la reprise de la session administrative. Jean-Christophe Bouissou, porte-parole du gouvernement, se prête à une brève analyse de la situation.

Est-ce que le vote, ce matin de la convention sur le RST était perçu par le gouvernement avec la dimension politique que l’on peut donner à un vote de confiance sur son action ?

Jean-Christophe Bouissou : Ce n’était pas gagné d’avance et je crois que le Président, lors de son intervention, a su être persuasif et montrer les véritables enjeux du vote de ce texte. Nous sommes surtout contents que les groupes politiques aient pu se mettre ensemble et laisser de côté leurs difficultés partisanes pour se concentrer sur l’essentiel qui est aujourd’hui de sauver notre RST et combler ce déficit que nous cumulons depuis de nombreuses années.

L’enjeu d’ordre politique était tout de même palpable ce matin. Pensez-vous que l’issue de ce vote est un camouflet pour le camp Flosse, qui appelait à voter contre le projet de texte défendu par le gouvernement ?

Jean-Christophe Bouissou : C’est un beau présage pour la suite, pour l’avenir. Et j’espère que Gaston Flosse saura prendre en considération ce qui s’est passé aujourd’hui et mettra un peu d’eau dans son vin, lors des discussions et des décisions qui doivent être prises par la suite.

Pensez-vous qu’il sort considérablement affaibli politiquement. Ce vote apporte-t-il la preuve de son affaiblissement en termes d’influence ?

Jean-Christophe Bouissou : Non, c’est la preuve de la justesse de la politique du gouvernement et du fait que sur des sujets d’importance, on sait trouver une majorité.

N’avez-vous pas peur de devoir maintenant systématiquement passer par un accord avec l’opposition pour faire valider vos textes ?

Jean-Christophe Bouissou : On sait que ce sera difficile ; mais on voit que sur les grandes décisions nous savons nous retrouver. Et on compte aussi sur l’intelligence de nos amis du Tahoera’a Huira’atira pour comprendre que nous avons un Président, élu par les 38 élus, de même que par ATP, et savoir mettre de côté nos divergences partisanes pour se concentrer sur l’essentiel. Voilà, aujourd’hui c’est une bonne chose pour la Polynésie. Et nous avons crevé l’abcès sur ces cloisonnements politiques.

Ce nouveau partage des forces en présence à l'Assemblée aura-t-il, selon vous, une influence sur la sanction disciplinaire que doit prendre le conseil politique du Tahoera’a contre Nuihau Laurey, Lana Tetuanui et leurs deux suppléants aux sénatoriales ?

Jean-Christophe Bouissou : Cette situation est navrante parce qu’en réalité on s’aperçoit bien que si Gaston Flosse poursuit cet objectif de vouloir destituer, vouloir faire passer en conseil de discipline et puis mettre des gens dehors, il en aura peut-être beaucoup à mettre dehors de son parti. C’est un peu le sens du courrier que nous avons signé et qui est, au fait, un appel du retour à la raison et à la sagesse.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 2 Avril 2015 à 15:44 | Lu 4404 fois