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"J'ai pris la difficile décision de ne pas me représenter"


Tahiti, le 2 décembre 2021 – L'ancien maire de Arue, Philip Schyle, a confirmé jeudi sa décision de ne pas se "représenter" aux élections municipales partielles de janvier prochain en raison de sa mise en cause dans l'affaire de la Tetiaroa Royal Race. L'élu Tapura n'a pas voulu confirmer dans l'immédiat le choix de Léo Marais pour lui succéder, renvoyant cette annonce à une prochaine conférence de presse.
 
Trois jours après avoir refusé de commenter les révélations de Tahiti Infos sur sa non-candidature aux prochaines élections municipales partielles à Arue, l'ancien tāvana Philip Schyle a finalement confirmé nos informations au cours d'une conférence de presse organisée jeudi après-midi à l'hôtel Le Tahiti. Une conférence de presse en petit comité en comparaison de celle tenue il y a un mois au même endroit pour réagir à son placement en garde à vue dans l'affaire de la Tetiaroa Royal Race. En effet, si à l'époque une bonne partie de ses colistiers avaient accompagné Philip Schyle, cette fois-ci seul son successeur pressenti à la tête de la liste Tapura Arue, Léo Marais, était présent aux côtés de l'ancien tāvana.
 
Victime d'une garde à vue
 
En fait de conférence de presse, Philip Schyle s'est surtout attelé à lire une "déclaration" expliquant les raisons pour lesquelles il a, aujourd'hui, pris "la difficile décision de ne pas (se) représenter". Évoquant tout d'abord son recours pour fraude électorale déposé suite aux municipales de juin 2020 contre l'équipe de son opposante Teura Iriti, l'élu a insisté sur les "condamnations" récemment tombées au Conseil d'État contre deux colistières de la maire déchue et sur le fait que l'affaire n'était pas encore terminée sur le plan pénal. "C'est la première fois dans l'histoire politique de notre commune qu'un maire est élu après une fraude électorale. Pour l'image de Arue, cette situation m'attriste", a dénoncé Philip Schyle.
 
"Mais la révélation de ma garde à vue, pourtant effectuée le 30 septembre, est tombée comme un coup de massue quelques jours avant l'annonce de la décision du Conseil d'État", a poursuivi l'élu. "En 31 ans de vie politique, jamais je n'ai été inquiété par la justice", s'est de nouveau défendu Philip Schyle en taclant au passage, sans la nommer, Teura Iriti : "Cela n'a pas été le cas de certains futurs candidats qui ont été inéligibles, ou dont l'élection à certaines fonctions a été annulée ou qui ont encore au dessus de leur tête une épée de Damoclès judiciaire."
 
Catégorique sur le fait qu'il "n'accepte pas que (son) honnêteté et (sa) réputation soient mises en doute et salis", annonçant même des plaintes en diffamation contre des colistiers de Teura Iriti pour leurs commentaires sur sa garde à vue, l'ancien maire de Arue a pourtant justifié sa décision de renoncer à briguer la mairie parce que sa "priorité et celle de ma famille sont de nous battre pour rétablir la vérité". "Je ne peux pas et je ne sais pas me lancer dans une bataille électorale et en même temps dans un combat judiciaire dont je ne comprends pas tous les soupçons portés contre moi et les moyens mis en œuvre contre moi, alors que je n'ai pris aucun intérêt financier dans l'affaire."
 
Sans peur et sans reproche
 
Une fois lue cette déclaration, l'ancien édile n'a pas été très prolixe face aux interrogations des journalistes. Interrogé sur la contradiction entre sa certitude d'être exempt de tout reproche et sa décision de renoncer à la politique communale, Philip Schyle concède : "C'est sûr qu'en apparence, il y a un paradoxe". Mais il affirme "sans pouvoir en dire davantage" que ce sont "tous les moyens cumulés" employés contre lui dans cette affaire judiciaire qui l'empêchent de se présenter… L'ancien tāvana a d'ailleurs dévoilé lui-même que l'affaire Tetiaroa Royal Race avait connu récemment un nouveau développement : "J'ai reçu un courrier me demandant de récupérer un dossier. (…) On m'impose un délai pour répondre." Pas plus de précisions, l'affaire étant "en cours", affirme Philip Schyle.
 
L'élu aurait-il "peur" de se retrouver face à Teura Iriti pour une nouvelle élection ? Philip Schyle balaye cette éventualité pourtant soufflée dans ses rangs ces derniers jours. "J'ai été maire pendant 18 ans. J'ai effectué trois mandats de maire. Teura Iriti est élue depuis un an et demi. Je ne sais pas qui a peur de qui."
 
Attendre encore…
 
Sur la suite des événements en revanche, il faudra attendre. Philip Schyle a uniquement confirmé qu'une liste Tapura Arue serait présente aux municipales. Mais sans confirmer que son ancien adjoint à la mairie, Léo Marais, la conduirait. "Je vous en dirait un peu plus dans une prochaine conférence de presse. Cette liste est en cours de constitution. Elle n'est pas finalisée." Le vote de certains colistiers de Tapura Arue désignant Léo Marais il y a dix jours ? "C'est un vote interne à un groupe de colistiers qui s'est réuni", confirme uniquement Philip Schyle, refusant de commenter les quelques dissensions, internes justement, nées de sa décision de ne pas se représenter et de celle de désigner Léo Marais comme tête de liste. "Il y a eu des discussions internes (…). Je trouve cette fuite malheureuse", répond uniquement l'élu.
 
De son côté, Léo Marais lui-aussi refuse pour l'heure de s'exprimer. "Je ne répondrai pas à cette question aujourd'hui", s'est contenté de riposter le compagnon de route politique de Philip Schyle. Et pourtant lorsqu'on l'interroge sur les difficultés pour un popa'a de l'emporter sur une élection communale, Léo Marais vend légèrement la mèche : "Ce serait peut-être une première. Qu'est-ce qu'on a perdre ?"
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 2 Décembre 2021 à 20:58 | Lu 2153 fois