Tahiti Infos

Interdiction de fumer dans les lieux publics : Fidji et la Papouasie-Nouvelle-Guinée emboîtent le pas


Les nouveaux paquets de cigarettes à Fidji, ornés de photos désormais explicites
Les nouveaux paquets de cigarettes à Fidji, ornés de photos désormais explicites
SUVA, mercredi 3 juillet 2013 (Flash d’Océanie) – L’interdiction de fumer dans des lieux publics tels que les restaurants, les magasins ou les boites de nuit est entrée en vigueur cette semaine à Fidji.
Les contrevenants s’exposent à des amendes pouvant atteindre les cent euros pour les fumeurs et cinq cent euros pour les propriétaires d’établissements n’ayant pas empêché les consommateurs de fumer.
Cette mesure suit de quelques semaines une autre, qui impose désormais aux cigarettiers de faire figurer sur les paquets, pour la première fois dans le Pacifique insulaire indépendant, des photographies explicites montrant les dommages causés par le tabac sur les organismes.
Cette dernière mesure, s’inspire de celle, plus radicale encore, adoptée il y a quelques mois en Australie et qui impose désormais des paquets génériques, dénués de logos et censés être dissuasif avec leur couleur vert-olive kaki.
Au plan des initiatives connexes, toujours à Fidji, les chefs coutumiers de cinq communautés du village de Welagi (région de Taveuni, Nord) ont annoncé début juin 2013 une alliance contre la tabagie, en déclarant dans la foulée toute la zone non-fumeurs.
L’initiative avait fait l’objet de débats prémilitaires, en conseil coutumiers, et avait là aussi reçu l’aval des sages.
Le label « zone non-fumeurs » a ensuite été entériné par le ministère de la santé.
« Tout le monde en a discuté, les chefs de clans aussi, et tous sont tombés d’accord pour dire que cette mesure aura un énorme impact positif sur nos vies (…) C’est une loi de la communauté et tout le monde est censé la respecter. Nous discuterons ensuite des pénalités pour ceux qui ne la respectent pas », a expliqué le chef du village, Nicholas Naceba, au quotidien Fiji Times.
« Et puis, en cas de réunions ou d’événements spéciaux au village, on peut toujours désigner une zone spéciale pour les fumeurs, mais ce sera au moins à un kilomètre des limites de notre village », a-t-il ajouté.

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, c’est le conseil exécutif national qui, mi-juin 2013, a annoncé l’interdiction de fumer dans les lieux publics.
Les textes avaient été adoptés trois mois plus tôt.
Dans ce pays, le terme de lieu public couvrira aussi bien les véhicules publics (y compris les taxis) et gouvernementaux, les aéroports, les restaurants, cafés, magasins, hôtels, boîtes de nuit et établissements d’enseignement.
Les peines prévues pour les contrevenants peuvent atteindre 170 euros pour les fumeurs et le double pour les propriétaires des lieux, avec à la clé un peine d’emprisonnement pouvant atteindre un an.

Fin mai 2013, à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, plusieurs États océaniens avaient annoncé de nouvelles mesures, censées rattraper les retards accumulés ces dernières années en matière de lutte contre la tabagie.
Aux îles Salomon, le gouvernement a annoncé l’entrée en vigueur de nouvelles lois interdisant la vente des cigarettes à l’unité, mais aussi un début d’interdiction de fumer dans les lieux publics.
La publicité et le parrainage par des fabricants de tabac sont aussi interdits.
Tout comme dans d’autres pays de la région, la vente de cigarettes à l’unité et non au paquet est très répandue.
Elle permet aux consommateurs d’avoir accès au produit, alors qu’ils ne pourraient pas forcément s’offrir un paquet de 20 ou 25 cigarettes.
Par contre, une autre mesure visant à mettre en place une interdiction de vente des produits tabagiques dans un rayon de 200 mètre autour des établissements scolaires et des restaurants, s’est heurtée à une vive opposition de la part des commerçants, qui ont réussi à faire reculer le gouvernement.
Dans le Pacifique insulaire, un état d’urgence a été déclaré en matière de maladie non contagieuses, en clair celles liées aux styles de vie.
Ce type de maladie représente, pour des pays comme Fidji, plus de 80 pour cent des causes de mortalité.
Et dans cette famille de maladies (comme l’hypertension, le cancer, les maladies cardiovasculaires, le diabète, l’obésité, l’alcoolisme), la tabagie figure aussi en bonne place.

S’associant aussi à cette journée mondiale, le Secrétariat Général de la Communauté du Pacifique (CPS, dont le siège se trouve à Nouméa, Nouvelle-Calédonie) avait saisi l’occasion pour rappeler qu’il « reste un long chemin à parcourir pour faire en sorte que des politiques de contrôle soient mises en place et appliquées ».
« Plus de la moitié des populations de Tokelau, de Kiribati, de Nauru et de Wallis-et-Futuna et plus d’un tiers des populations des îles Cook, de Samoa et des îles Salomon fument quotidiennement », rappelle cette organisation intergouvernementale.
« Les infractions les plus communes sont la vente de tabac à des mineurs, la tabagie dans des lieux fermés ou encore l’affichage de publicité pour le tabac dans les magasins », a rappelé Jeanie McKenzie, conseillère pour les questions de tabagie et d’alcoolisme à la CPS.
Cette organisation régionale intergouvernementale mène depuis plusieurs années un programme visant à apporter une aide technique aux pays et territoires membres désireux d’élaborer des législations anti-tabac.
Dans ce cadre, un plan d’action national contre le tabac, qui inclut des inspections régulières des débits de tabac, a été élaboré aux îles Cook, souligne la conseillère.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le tabagisme tue chaque année près de six millions de personnes dans le monde, dont plus de 600.000 sont des non-fumeurs victimes du tabagisme passif et 63 pour cent des décès dus aux maladies non transmissibles sont imputables au tabac.
« Cette année la Journée met l'accent sur l'interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage des produits du tabac », précise l’organisation onusienne.

pad

Rédigé par () le Mercredi 3 Juillet 2013 à 06:10 | Lu 661 fois