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Intercontinental Moorea : Fin de la grève, début des recours


Tahiti, le 9 décembre 2019 – Alors que la grève a pris fin samedi à l’Intercontinental Moorea, les quatre salariés licenciés de l’hôtel ont saisi le tribunal du travail pour demander leur réintégration en référé pour « violation d’une liberté fondamentale ». L’audience est prévue lundi 16 décembre prochain.
 
La grève débutée le 20 novembre dernier à l’Intercontinental Moorea s’est terminée samedi après 18 jours d’un conflit social moins suivi qu’en septembre dernier. Comme lors du premier mouvement de grève de 45 jours, la confédération O oe to oe rima a accepté de mettre de côté la situation des quatre salariés licenciés pour « viol » et blanchis depuis par la justice au pénal. Les négociations ont porté sur les autres points de revendications, déjà évoqués lors de la première grève de septembre, et ont pu aboutir à un accord ce week-end, a confirmé la direction du groupe Intercontinental lundi.
 
Pour autant, la bataille n’est pas terminée pour les quatre anciens salariés de l’hôtel de Moorea licenciés pour fautes graves le 23 septembre dernier, à la suite des accusations de viol d’une de leurs collègues. Jeudi dernier, l’avocat des ex-salariés a déposé un recours en référé devant le tribunal du travail de Papeete pour demander la « nullité des licenciements pour violation des libertés fondamentales, la réintégration sous astreinte, le paiement des salaires et une provision avec renvoi devant le juge du fond pour fixation des dommages et intérêts pour préjudice moral ». L’audience a été fixée au lundi 16 décembre prochain.

« Liberté fondamentale »

Dans sa requête, l’avocat des quatre ex-salariés demande la nullité d’un licenciement basé uniquement sur la foi de « témoignages anonymes ». Une procédure qui bafoue, selon Me Stanley Cross, la liberté fondamentale du droit à un procès équitable garantie par la Convention européenne des droits de l’homme. « Ici en Polynésie, à ma connaissance, c’est la première fois qu’il y a un recours de ce genre », indique l’avocat qui explique demander la réintégration de ses clients « sous astreinte de 100 000 Fcfp par jour de retard » et en demandant un million de Fcfp de provision sur dommages et intérêts pour préjudice moral.
 
« Le problème qu’on a dans ce dossier, c’est que la direction de l’hôtel a entamé une enquête interne à laquelle les salariés et les représentants du personnel n’ont pas été associés », poursuit Me Cross. « Et la décision du licenciement a été décidée en évoquant dans les lettres de licenciement des témoignages dont on ne sait pas de qui il s’agit et qui ne permettent pas aux salariés de contester et d’apporter la preuve contraire aux accusations. » Il reviendra donc au tribunal du travail lundi prochain de se prononcer sur le bien fondé de l’urgence (en référé, NDLR) de réintégrer ou non les anciens salariés, avant un recours déposé au fond.
 
Me Stanley Cross annonce également qu’il entend relancer la plainte pour dénonciation calomnieuse déposée par ses clients contre la plaignante avant le non-lieu prononcé par la justice pénale. Et enfin, l’avocat précise par ailleurs avoir déposé une autre plainte avec constitution de partie civile contre la présidente de l’association Union des femmes francophones de l’Océanie (UFFO), Irmine Tehei, pour ses propos tenus au journal télévisé et présentant les quatre salariés de l’Intercontinental « comme des bêtes ».

Rédigé par Désiré Teivao et Antoine Samoyeau le Lundi 9 Décembre 2019 à 18:39 | Lu 3198 fois