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Inde: la mobilisation se poursuit, des rassemblements interdits à Delhi


New Delhi, Inde | AFP | mercredi 18/12/2019 - Les autorités indiennes ont interdit mercredi les rassemblements en plusieurs lieux de la capitale New Delhi, théâtre la veille d'échauffourées entre policiers et manifestants opposés à une loi sur la citoyenneté qui continue de diviser le géant d'Asie du Sud.

Ce mouvement de contestation, principalement mené par des membres de la communauté musulmane, qui constitue 14% du 1,3 milliard d'Indiens, dure depuis la semaine dernière. Il est l'un des plus importants auquel doivent faire face les nationalistes hindous du Premier ministre Narendra Modi depuis leur arrivée au pouvoir en 2014.
De nouvelles manifestations se tenaient mercredi dans les États du Bengale occidental, Tamil Nadu, Telangana et Maharashtra. D'autres rassemblements étaient prévus plus tard dans la journée au Kerala, Andhra Pradesh et Gujarat.
Voté par le Parlement indien la semaine dernière, le "Citizenship Amendment Act" (CAA) facilite l'attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés d'Afghanistan, du Bangladesh et du Pakistan, mais à la condition qu'ils ne soient pas musulmans. Ses opposants le considèrent comme discriminatoire.
Au lendemain de nouveaux heurts dans la capitale, qui ont vu les forces de l'ordre tirer des gaz lacrymogènes et des manifestants jeter des pierres, la police de Delhi a interdit les attroupements de plus de quatre personnes dans plusieurs quartiers à majorité musulmane du nord-est de la mégapole.
"À la lumière des manifestations de mardi, des ordres d'interdiction ont été émis", a déclaré à l'AFP un responsable de la police locale.
Au moins 21 personnes, dont 12 policiers, ont été blessées dans ces affrontements survenus dans la zone de Seelampur, a rapporté l'agence Press Trust of India (PTI).
 

- Vacances prématurées -

 
La police de Delhi a fait état de six personnes arrêtées mardi pour participation à une émeute et actes de vandalisme. Six autres personnes ont été interpellées au Bengale occidental (est) pour avoir jeté un engin explosif sur des policiers à Howrah, ville-jumelle de Calcutta.
Responsable de la police de Howrah, Gaurav Sharma a indiqué à l'AFP que les membres de son personnel ont été attaqués alors qu'ils venaient arrêter des manifestants en train de vandaliser une gare ferroviaire.
Dans le grand État d'Uttar Pradesh (nord), plus de 110 personnes ont été arrêtées en lien avec les manifestations ou pour des messages postés sur les réseaux sociaux, a annoncé la police locale à l'AFP.
Les résidences étudiantes se vidaient à l'Aligarh Muslim University (Uttar Pradesh), l'un des épicentres de la contestation et où les étudiants accusent la police de répression brutale de leur rassemblement dimanche, après que l'administration a décrété un début prématuré des vacances d'hiver.
À la grande université Jamia Millia Islamia de New Delhi, également lieu d'affrontements violents entre policiers et manifestants ce week-end, des manifestations pacifiques se tenaient à nouveau mercredi.
Saisie par des plaignants, la Cour suprême d'Inde a indiqué qu'elle entendrait les recours contre le CAA en janvier. Les opposants au texte l'estiment contraire à la Constitution et à l'esprit de laïcité indiens.
Le Premier ministre Narendra Modi a accusé l'opposition de "répandre la violence et de créer un environnement de peur". Pour ses détracteurs, le CAA s'inscrit dans la volonté et la tendance générale des nationalistes hindous à marginaliser les musulmans en Inde.
L'ONU s'est dite mardi "inquiète de la violence et des présumés excès de force par les forces de sécurité".
"Nous appelons à la retenue et au plein respect des droits de liberté d'opinion, d'expression et de rassemblement pacifique", a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies.

le Mercredi 18 Décembre 2019 à 05:02 | Lu 231 fois