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Inauguration d’une « cellule FLNKS » au siège du Groupe Mélanésien Fer de Lance


Inauguration d’une « cellule FLNKS » au siège du Groupe Mélanésien Fer de Lance
PORT-VILA, vendredi 1er février 2013 (Flash d’Océanie) – Dans la foulée des cérémonies de célébrations de ses vingt cinq ans, le Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL) a aussi inauguré en début de semaine une « cellule FLNKS », qui sera spécifiquement chargée des questions liées à la revendication indépendantiste des Kanak de Nouvelle-Calédonie, a annoncé cette organisation subrégionale dans un communiqué vendredi.
Cette inauguration a eu lieu mardi 29 Janvier 2013en présence de Victor Tutugoro, porte-parole du FLNKS au GMFL, de Roch Wamytan, 1er vice-président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, et du Directeur Général de cette organisation, à son siège de Port-Vila, Peter Forau.
Les jalons de cette cellule FLNKS avaient été posés il y a quelques mois avec le recrutement, au sein du siège du GMFL, de deux Kanak de Nouvelle-Calédonie, Jimmy Naouna et Rose Wete, a rappelé M. Forau mardi.
Le Directeur Général e cette organisation a aussi rappelé que ce groupement, créé en mars 1988, l’avait été à l’origine en solidarité mélanésienne vis-à-vis du mouvement indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, qui venait alors de connaître de graves troubles civils.
Lors des cérémonies de commémoration de ce vingt-cinquième anniversaire du GMFL, un accent avait été une nouvelle fois porté sur un retour aux fondamentaux de cette organisation, et d’un renforcement de l’engagement envers la cause Kanak.

Le Groupe Mélanésien Fer de Lance est composé de quatre États mélanésiens (Vanuatu, Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, îles Salomon) et du mouvement indépendantiste néo-calédonien FLNKS).


La décision d’ouvrir une « cellule FLNKS » au sein du GMFL fait suite à une résolution prise par les dirigeants de cette organisation, lors de leur dernier sommet à Suva (Fidji), en août 2012.

Selon M. Forau, les principales missions de cette cellule seront de « fournir des conseils stratégiques en termes de développements politiques en Kanaky/Nouvelle-Calédonie et évaluer la mise en œuvre de l'Accord de Nouméa, assurer la liaison avec le Bureau Politique du FLNKS sur les questions du GMFL, coordonner et gérer les réunions des organes directeurs du GMFL sur les questions du FLNKS, gérer les missions techniques de haut niveau et des missions ministérielles en Nouvelle-Calédonie, et travailler avec les gouvernements des pays membres pour élaborer des programmes de travail et autres activités nécessitant la participation des représentants du FLNKS.

Cette cellule se définit aussi comme « priorité immédiate » d'organiser « une mission conjointe des Nations Unies / GMLM en Nouvelle-Calédonie en 2013 et par le biais du FLNKS en associant les services du Gouvernement de Nouvelle-Calédonie, animer une réunion avec les Agences Régionales de l'ONU basées dans la région ».


L’inauguration de cette cellule intervient aussi alors que le prochain sommet des dirigeants du GMFL est prévu pour avoir lieu en juin 2012, accueilli par le FLNKS en Nouvelle-Calédonie, sous une configuration diplomatique restant encore à définir.
À plusieurs reprises le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a exprimé le souhait de se substituer au FLNKS en tant que membre du GMFL.
Selon un communiqué du GMFL, cette cellule FLNKS « est entièrement financée par des contributions des pays membres, y compris une aide supplémentaire par le Gouvernement de l'État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) par le biais d'une convention en cours de finalisation par le Secrétariat et le Gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Cette assistance portera à 300.000 dollars australiens pour la Cellule ainsi que l’octroi de bourses pour les jeunes Kanak pour étudier en Papouasie-Nouvelle-Guinée, détachements et formation de jeunes Kanak dans la fonction publique PNG et dans le secteur des Mines ».


En août 2012, un groupe ministériel du Groupe Mélanésien Fer de Lance a effectué une mission d’une semaine en Nouvelle-Calédonie et s’est déclaré à l’issue « globalement satisfait » de l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord de Nouméa (signé en 1998 entre partis indépendantistes, non-indépendantistes et l’État français).

Ce groupement déclarait alors avoir tiré ses satisfactions des preuves, sur le terrain, en matière d’activité économique constatée dans la Province Nord de la Nouvelle-Calédonie, où un processus de « rééquilibrage » voulu par l’Accord de Nouméa s’appuie essentiellement sur la construction, en cours d’une usine de nickel, dans le massif de Koniambo.

En matière de perspectives à venir, et notamment de tenue d’un éventuel référendum d’autodétermination, évoqué par l’Accord au sein d’une fenêtre d’opportunité entre 2014 et 2018, les ministres mélanésiens ont estimé qu’il était nécessaire de mieux informer le public sur ce processus et de mettre en place des « lignes directrices claires » concernant le même processus.
Dans le cadre de cet Accord, un certain nombre de compétences auparavant exercées par l’État français doivent être transférées aux autorités locales.
Toujours en matière de sensibilisation et d’information, les membres de cette mission ministérielle avaient aussi estimé, dans leur communiqué de fin de mission, que « le rôle du Comité des 24 des Nations-Unies (qui est chargé de suivre les évolutions des processus de décolonisation des pays et territoires non souverains figurant sur sa liste, y compris la Nouvelle-Calédonie) n’est pas clairement compris dans certains endroits de la Nouvelle-Calédonie et au sein de certaines institutions ».
« Par conséquent, le GMFL, en consultation avec la Nouvelle-Calédonie, envisagera la possibilité de se rapprocher des Nations-Unies en vue de conduire des visites conjointes dans le but de faire avancer le chapitre identitaire de l’Accord et d’identifier les domaines dans lesquels le GMFL et l’ONU peuvent ensemble contribuer à ce processus », poursuivait le communiqué.
Ces recommandations et ces conclusions ont ensuite été présentées lors d’une réunion spéciale des dirigeants du GMFL, qui s’est tenue le 22 août 2012 à Nadi (Fidji).
La mission ministérielle du GMFL était conduite par Ratu Inoke Kubuabola, ministre fidjien des affaires étrangères, et était par ailleurs composée de M. Alfred Carlot, ministre des affaires étrangères de Vanuatu, de M. Moses Garu, ministre des mines des îles Salomon, de M. Peter Eafeare, Haut-commissaire (ambassadeur) de la Papouasie-Nouvelle-Guinée à Suva (Fidji) et représentant son ministre des affaires étrangères, de M. Patteson Oti, Haut-commissaire (ambassadeur) des îles Salomon à Suva (Fidji) et de M. Peter Forau, Directeur Général au sein du secrétariat du GMFL.

Promotion de la francophonie

Au cours de cette même visite en Nouvelle-Calédonie, du 13 au 18 août 2012, les responsables mélanésiens avaient aussi signé avec le Congrès de la Nouvelle-Calédonie et Roch Wamytan (qui était alors le Président de cette institution) une convention « de partenariat et de soutien institutionnel » prévoyant une coopération avec, comme premières mesures, la prochaine affectation au siège du GMFL « d’une cadre diplômée kanak au secrétariat du groupe du fer de lance en tant que collaboratrice ».
Cet accord permet aussi, selon les mêmes sources, d’ « assurer l’équipement du secrétariat en matériel de traduction et d’interprétariat afin de promouvoir la francophonie au sein des pays de la zone Pacifique et d’accompagner le congrès de la Nouvelle-Calédonie dans sa démarche d’une meilleure intégration dans son milieu régional ».

Le GMFL, tout comme le Forum des Îles du Pacifique, avait effectué des missions similaires en Nouvelle-Calédonie au cours des dernières années.
Pour la plus récente mission d’août 2012, alors que la Présidence du GMFL était assurée par Fidji, c’est le ministre des affaires étrangères de cet archipel, Ratu Inoke Kubuabola, qui avait dû prendre la tête de cette délégation, au nom de la Présidence fidjienne.

En début de mission, les représentants mélanésiens avaient notamment rencontré le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et son Président Harold Martin, au siège du gouvernement de Nouméa, les membres du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et son Président d’alors, Roch Wamytan (membre du parti Union Calédonienne, composante du FLNKS), les représentants de l’État français (Haut-commissariat de la République), ainsi que les membres du Sénat coutumier.
Au menu des discussions : l’évaluation de l’avancement de la mise en œuvre de l’Accord de Nouméa, qui trace une feuille de route pour la Nouvelle-Calédonie (avec un référendum d’autodétermination possible entre 2014 et 2018 et un transfert progressif des compétences de l’État aux autorités locales).

Autre point à l’ordre du jour : la tenue, prévue pour 2013, de la prochaine édition du sommet des dirigeants du GMFL.
Concernant ce sommet 2013, dont les modalités restent encore à déterminer, un membre du bureau politique du FLNKS, Yvan Faua (membre d’une des composantes du FLNKS, le RDO -Rassemblement Démocratique Océanien-, au cours de cette mission de dignitaires mélanésiens, avait laissé échapper à la télévision locale, Nouvelle-Calédonie 1ère, qu’à l’occasion de la tenue de ce sommet à Nouméa, « on va envisager effectivement de pouvoir substituer au FLNKS la Nouvelle-Calédonie au sein de ce mouvement ».
Mais le GMFL, sur cette question, semblait maintenir ses priorités : d’abord et avant toute chose, l’accompagnement de la revendication indigène Kanak et du processus décrit dans l’Accord de Nouméa.

Un précédent projet de mission en Nouvelle-Calédonie, annoncé par le Groupe Fer de Lance en juin 2012, avait été « reporté ».
Cette mission, dans sa configuration initiale, prévoyait que cette délégation mélanésienne soit conduite par le Contre-amiral Premier ministre fidjien Franck Bainimarama, qui dirige cet archipel depuis son putsch du 5 décembre 2006.
Dans sa configuration définitive, le groupe est toujours placé sous présidence de Fidji (qui assure actuellement la Présidence du GMFL), mais de son chef de la diplomatie, Ratu Inoke Kubuabola.
Officiellement, le Contre-amiral « n’était pas disponible » pour mener la délégation en Nouvelle-Calédonie, affirmait alors Suva.
Le premier projet de visite, sous la houlette du Contre-amiral, avait été annoncé pour fin juin 2012.
Mais la visite avait ensuite été « reportée », Fidji et le siège du GMFL à Port-Vila citant comme principale cause le fait que des « évolutions politiques » étaient entre-temps intervenues dans le paysage néo-calédonien.
Parmi ces évolutions : le fait qu’un ancien Président de gouvernement de Nouvelle-Calédonie et chef de file du parti Calédonie Ensemble, Philippe Gomès, ainsi que Mme Sonia Lagarde, du même parti, ont tous deux été élus députés à l’Assemblée Nationale française à l’issue des législatives de juin 2012.

Dès les premières annonces concernant ce projet de visite du GMFL, en mars 2012 (après le sommet des dirigeants de ce groupement subrégional, à Suva), M. Gomès, s’était positionné en fer de lance d’une opposition locale au fait que le dirigeant fidjien conduise ce groupe mélanésien dans le cadre de cette mission en Nouvelle-Calédonie.
M. Gomès avait alors saisi le ministère français des affaires étrangères.
Lors d’une visite à Paris, début juillet 2012, dans le cadre de leur nouveau mandat électif, les deux nouveaux députés avaient par ailleurs rencontré des responsables du nouveau gouvernement français pour réitérer, entre autres sujets, leur opposition à ce projet de mission GMFL menée par le Contre-amiral fidjien.
M. Gomès avait toutefois souligné que ce n’était pas la mission GMFL en elle-même qui faisait problème, mais le fait qu’elle soit conduite par « quelqu’un qui a conquis le pouvoir par la force des armes en dehors de tout respect des échéances démocratiques ».
M. Gomès, lors de la visite de la mission GMFL en Nouvelle-Calédonie la semaine dernière, avait dans un premier temps déclaré son intention de rencontrer ce groupe.
Mais ce projet de rencontre avait finalement tourné court, l’intéressé évoquant des motifs « logistiques ».
En visite à Paris lui aussi début juillet 2012, Roch Wamytan Président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et membre du FLNKS, lors d’un passage au Quai d’Orsay (ministère français des affaires étrangères) recevait lui aussi confirmation que la notion d’une mission en Nouvelle-Calédonie du GMFL, si elle était conduite par le Contre-amiral fidjien, ne se situait pas dans le domaine de l’acceptable.
Le « report » de la mission du GMFL en Nouvelle-Calédonie, annoncé fin juin 2012, avait suscité une visite à Port-Vila (Vanuatu, siège de cette organisation), puis à Suva, de la part de Victor Tutugoro, membre du bureau politique du FLNKS.
Lors de son passage à Suva, M. Tutugoro avait alors reçu des « assurances » de la part du Contre-amiral concernant l’engagement du GMFL sur le dossier de la Nouvelle-Calédonie.

Le sujet s’était aussi invité lors des célébrations de la fête nationale française du 14 juillet 2012, à Suva.
Lors de la réception donnée à cette occasion par l’ambassadeur de France, Gilles Montagnier, ce dernier avait consacré une « parenthèse » dans son discours officiel à un rappel du principe de non-ingérence.
« La France, grâce à ses trois collectivités territoriales, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie Française et Wallis et Futuna est un pays du Pacifique Sud », avait-il alors rappelé.
« À ce sujet, j’ouvre une parenthèse et je dis solennellement ceci. Dans ces trois collectivités existe un débat politique, comme dans toute démocratie. Ce débat est un débat de politique intérieure française et doit être considéré comme tel par nos amis. Si, un jour, ces collectivités devaient revoir leurs relations avec la France, ce serait sur la base d’un vote majoritaire des populations concernées, sur le principe que reconnaissent toutes les démocraties, ‘un homme, une voix’ et non sous la pression de tel ou tel pays ou de tel ou de tel groupe de pays », avait-il ajouté.

pad

Rédigé par PAD le Vendredi 1 Février 2013 à 05:22 | Lu 1002 fois