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Il y a de l’électricité dans l’air entre Jacky Bryant et EDT


Hervé Dubost-Martin, le Président directeur général d’EDT.
Hervé Dubost-Martin, le Président directeur général d’EDT.
PAPEETE, jeudi 6 décembre 2012. Le débat sur la nouvelle politique énergétique que la Polynésie française veut mettre en place pour les prochaines années fait de nouveau rage à l’assemblée territoriale depuis ce jeudi matin. Avec l’examen de deux projets de loi de Pays, pour notamment le développement des énergies renouvelables, dont l’analyse avait été suspendue la semaine dernière, l’affrontement entre le ministre de l’environnement Jacky Bryant et la société EDT, opérateur historique de l’électricité, se poursuit. Avant même le débat qui a commencé ce matin à l’assemblée, Hervé Dubost-Martin, le Président directeur général d’EDT a envoyé, hier (la lettre est datée du 5 décembre) au ministre, un long courrier de quatre pages. La veille c’est par un communiqué de presse tout au aussi long et fourni de données chiffrées que l’entreprise avait réagi aux propos du ministre, lors du préambule du débat le 29 novembre dernier.

Dans son courrier, le P-dg d’EDT se fait plus agressif envers le ministre
dont il estime que certaines inexactitudes prononcées la semaine dernière dans l’hémicycle de l’assemblée, «confinent au diffamatoire à l’égard de l’entreprise EDT». Et il développe son argumentaire sur divers points. Le premier est que le projet de loi de Pays sur la politique énergétique proposé par le gouvernement Temaru en 2012, n’est pas l’exacte réplique du projet de 2010. Au cœur des débats, la nouvelle rédaction de l’un des articles du projet de loi initial (LP10) «a profondément modifié le fond et la portée par rapport à la version précédente». Un LP10 qui cristallise toutes les critiques d’EDT envers ce projet de loi de Pays. Car, sur le principe global qui est d’atteindre, en 2020, que la moitié de l’électricité consommée en Polynésie soit produite à partir d’énergies renouvelables, tout le monde semble partant, même si les délais peuvent paraître un peu courts. Que reproche EDT à ce fameux article LP10 ? Tout simplement, de limiter considérablement l’entreprise de développer de nouveaux projets en la matière. Un coup d’arrêt que le CESC avait bien vu lors de la rédaction de son avis sur le projet de loi en 2011 «cette modification essentielle ne va pas dans le bon sens : la volonté de réduire à tout prix la position dominante de l’opérateur historique risque de freiner le développement des énergies renouvelables, faute d’investisseurs concurrents sérieux».

Jacky Bryant se fait ensuite malmener sur le sujet, sensible, du contrôle financier
que le gouvernement de Polynésie française a à l’égard du concessionnaire de la distribution de l’électricité sur le territoire. Le P-dg d’EDT rappelle en effet que le ministre siège «depuis 18 mois au Conseil d’administration d’EDT et celui de Marama Nui» et qu’il dispose, à ce titre, d’informations précises sur les comptes. «Les dossiers relatifs aux exercices 2009 et 2011 vous ont été transmis dans le courant de l’année 2011, donc il y a plus d’un an, et ceux relatifs à l’exercice 2011 vous ont été adressés en mai 2012» or «jamais nous n’avons enregistré la moindre demande écrite, le moindre commentaire (…) Vous n’êtes pas fondé en tout cas à alléguer un déficit d’information de notre part, et vos propos sur ce point étaient clairement diffamatoires».

Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 6 Décembre 2012 à 14:35 | Lu 1981 fois