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« Il n’y a pas de navires étrangers dans notre ZEE »


« Il n’y a pas de navires étrangers dans notre ZEE »
Tahiti, le 2 mars 2021 - Le haut-commissaire et le Comsup ont présenté ce matin le bilan de l’action de l’État en mer pour l’année 2020. Ils l'affirment : tout est sous contrôle.
 
“Il n’y a pas de navires de pêche étrangers dans notre zone économique”. Le haut-commissaire Dominique Sorain l’a réaffirmé plusieurs fois ce matin : les bateaux de pêche de la zone économique exclusive (ZEE) sont tous polynésiens. Les navires de pêches étrangers à quai dans le port de Papeete sont en transit ou au ravitaillement, mais il n’y a aucune d’action de pêche de leur part. Ce sujet a été abordé d’entrée par le représentant de l’État alors que certains pensent qu’il y a des “trous dans la raquette”, que des navires étrangers échappent toujours à la surveillance des autorités maritimes. Malgré la situation sanitaire, le contre-amiral Jean-Mathieu Rey a quant à lui souligné “la capacité à continuer d’opérer et de protéger la Polynésie française”. Sous le fare potee du haut-commissariat, les deux hommes ont dressé un bilan 2020 semblable dans les chiffres à celui de 2019.

“Toute zone qui n’est pas surveillée a vocation à être pillée”
La ZEE polynésienne représente 5,5 millions de km2. Un territoire vaste et difficile à défendre. “Toute zone qui n’est pas surveillée a vocation à être pillée” a déclaré Jean-Mathieu Rey. Le bilan tient donc à insister sur la partie surveillance des pêches. “La Polynésie française dispose d’une flottille de pêche qui a une exploitation raisonnée de la ressource. Il faut éviter qu’il y ait un pillage” a expliqué Dominique Sorain. En 2020, 1 677 navires étrangers ont été suivis 24 heures sur 24 contre 1 506 en 2019. Autre chiffre, 1 230 heures ont été dédiées à la surveillance des pêches (916 en 2019).
 
Surveiller pour dissuader
Un homme ou une femme d’action ne va jamais vous dire que c’est impossible de se faire contourner, leurrer ou tromper. Donc il faut rester vigilant” a insisté le Comsup. Selon lui, les émetteurs de positions obligatoires sur chacun des navires additionnés aux flottes navales et aériennes déployées permettent à la ZEE de rester étanche. Le contre-amiral reste tout de même sur ses gardes. “C’est vrai qu’il y a des pêcheurs qui sont autour de la ZEE. Si on baisse la garde, ils se serviront. Donc on continue à surveiller, à dissuader.

Mieux prévenir les accidents
Le deuxième point majeur de ce bilan concerne la surveillance de la navigation maritime. “Des échouements se sont déjà produits. Il faut travailler en amont le plus tôt possible pour éviter que cela se reproduise” a déclaré Dominique Sorain, qui compte sur le Joint Rescue Coordination Centre (JRCC) pour surveiller les navires proches de Papeete. Ce centre de surveillance maritime permet de repérer et de suivre les navires à qui sont imposé des règles de navigation. En 2020, ce sont 2 650 navires de commerces qui ont été suivis par le JRCC Tahiti.  

Deux nouveaux patrouilleurs en renfort
Aujourd’hui, les moyens dont nous disposons sont pleinement employés. Notamment la frégate de la marine nationale : le patrouilleur Arago, le navire de soutien Bougainville, le patrouilleur côtier de la gendarmerie Jasmin… des avions assurent aussi une surveillance dans les airs” a détaillé Dominique Sorain. Pour autant, de nouveaux moyens nautiques sont prévus pour la période 2022-2025. “Il y aura deux nouveaux patrouilleurs avec un drone embarqué qui auront pour mission principale d’assurer la protection de la Polynésie” a précisé Jean-Mathieu Rey. Les avions actuellement utilisés feront l’objet d’une modernisation, notamment les Gardian.
 
Finalement, Dominique Sorain a dressé un bilan positif sans s’en satisfaire. “Il faut continuer l’effort concernant la surveillance des pêches et la sécurité de la navigation pour un contrôle renforcé des bateaux qui traversent notre zone. Pour que l’on puisse se protéger, protéger notre environnement, nos côtes et notre ressource en poisson”. 

Contre-amiral Jean-Mathieu Rey Comsup “La confiance n’exclut pas le contrôle”

Un bateau peut-il désactiver son émetteur et brouiller les pistes concernant sa position ?
“Si vous débrancher un émetteur à bord d’un bateau, il n’émet plus. Mais vous conviendrez que c’est extrêmement signant. Si un bateau est repéré depuis des jours près de notre zone et qu’il cesse d’émettre, alors on peut avoir de sérieux doutes. Et puis c’est illégal. Les commissions de surveillance des zones de pêche dont la Polynésie française fait partie vont interdire à l’armateur de pêcher dans les zones considérées. C’est lourd de conséquences.”
 
Un navire étranger qui pêche à la limite de la ZEE se fait-il contrôler pour vérifier l’emplacement de ses lignes ?
“Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ces bateaux appartiennent à des compagnies de pêche qui brassent des milliards de Fcfp. Elles n’ont pas intérêt à être pointées du doigt et à être chassées par les commissions de surveillance des pêches. Le risque peut venir des pirates, des personnes sans pavillon. Pour l’instant, on n’en a pas. Si on en avait on les attraperait comme on les a attrapés ailleurs car la contrainte la plus forte pour eux, c’est que l’on confisque leur embarcation qui coûte beaucoup d’agent.”  
 
Les étrangers sont-ils au courant que la ZEE est très surveillée ?
“Je viens parfois les voir quand ils sont à quai. Ils me disent qu’ils voient beaucoup nos avions et nos bateaux. Je leur réponds “la confiance n’exclut pas le contrôle”. On est chez nous. On va les survoler, vérifier leur identité et leur activité.” 

Rédigé par Etienne Dorin le Mardi 2 Mars 2021 à 19:03 | Lu 1742 fois