Tahiti, le 14 octobre 2025 - Ce mardi, le tribunal correctionnel de Papeete s'est saisi d'une affaire de trafic d'ice pour le moins atypique. Celui-ci nécessitant l'usage de chaussettes pour déjouer les appareils de détection au départ des États-Unis, et la complicité d'un personnel naviguant, ou d'un agent de nettoyage de la cabine d'avion, à l'arrivée en Polynésie française. Un trafic pensé, organisé et commandité par deux trafiquants... depuis leur cellule de prison.
Au tribunal, on pense toujours avoir tout vu. Et pourtant, il semblerait que les trafiquants d'ice aient encore de la suite dans les idées dès lors qu'il s'agit de contourner les dispositifs de détection et de lutte contre le trafic de stupéfiants. En effet, ce mardi, le tribunal correctionnel de Papeete s'est saisi d'une affaire d'ice pour le moins surprenante : en août 2023, un individu est arrêté à l'aéroport de Tahiti-Faa'a à son retour des États-Unis. Sur lui, 57 grammes de méthamphétamines cachés dans des chaussettes. Une prise qui a entraîné un contrôle approfondi de l'avion et du reste des passagers, et qui a permis de mettre la main sur une complice, ainsi que près de 900 grammes dissimulés encore dans l'appareil. Et après enquête, les forces de l'ordre ont pu remonter la trace de certains collaborateurs, mais surtout des commanditaires : deux trafiquants... déjà incarcérés pour des faits similaires. Du côté des autorités, la surprise a été de taille. Une telle quantité ? Par avion ? En cabine ? Et depuis les États-Unis ? De surcroît dans des chaussettes ? Une première en termes de mode opératoire.
Selon les éléments de l'enquête, la drogue cachée dans les chaussettes serait difficilement détectable au rayon X des machines américaines lorsqu'elle est conditionnée d'une certaine manière. Une fois la douane passée, les mules n'ont plus qu'à communiquer leur numéro de siège à un complice – un PNC ou un agent de nettoyage de la cabine – qui a pour mission de récupérer le colis après le débarquement des passagers. Ainsi, les mules descendent de l'appareil sans craintes et la drogue passe sous les radars. Sauf si, comme dans le cadre de cette enquête, une des mules, trop gourmande, décide de se servir dans le paquet pour sa consommation personnelle.
Interrogées en garde à vue, les deux mules se trouvaient être un ancien couple que l'appât du gain avait réussi à réunir pour l'occasion. À la barre ce mardi, l'homme raconte : “J'étais accro à fumer ce truc-là. Je ne faisais que ça. (...) C'était une aubaine aussi pour moi (le trafic d'ice, NDLR), je n'avais plus de travail à ce moment-là”, s'est-il justifié. Une situation précaire dans laquelle son ex-petite amie, avec qui il avait gardé contact, se trouvait aussi. “Je lui ai demandé si elle était intéressée de faire ce voyage car c'était facile de se faire de l'argent. Elle m'a suivi”, a assuré le prévenu. Une décision que l'intéressée regrette amèrement aujourd'hui : “Quel gâchis...”, a-t-elle concédé lorsque la présidente du tribunal lui a donné la parole. “Je voulais juste dégager de chez moi, j'habite un quartier chaud”, a-t-elle tenté d'expliquer.
Les têtes pensantes du trafic déjà en prison
Mais pour le tribunal, l'affaire consistait davantage à entendre les deux chefs d'orchestre, à la manœuvre depuis leur cellule de prison. Le premier, surnommé “Dragon”, était chargé de recruter les mules grâce à des collaborateurs extérieurs contactés via un téléphone portable en prison. Appelé à la barre ce mardi, celui-ci s'est montré peu coopératif : “Pourquoi vous me posez des questions dont vous avez déjà les réponses ? Y a tout dans votre dossier, là”, s'est permis l'homme face à la présidente du tribunal. Pour autant, si celui-ci a décidé de ne pas coopérer, son casier judiciaire a parlé pour lui avec 15 condamnations et quatre titres de détention à son actif. Un palmarès impressionnant, certes, mais qui s'explique surtout par le caractère violent de l'individu. La matière grise, elle, est ailleurs.
Appelé à se présenter en dernier devant le tribunal, il n'a fallu que quelques secondes pour reconnaître “le Cerveau” de cette entreprise. Des éléments de langage, une assurance certaine malgré les circonstances et un argumentaire bien préparé ont immédiatement séparé l'individu du reste de ses collaborateurs. D'ores et déjà condamné à deux reprises à six ans d'emprisonnement pour des faits similaires, celui-ci a préféré jouer carte sur table en reconnaissant sa responsabilité dans le trafic. En revanche, concernant le mode opératoire, ce dernier en renie la paternité et l'attribue même à un autre trafiquant, également écroué, qui aurait lui aussi participé à ce projet.
Une information difficilement vérifiable en l'absence de la personne visée par ces accusations, ce qui a obligé “le Cerveau” à se creuser les méninges et à jouer du violon : “À l'époque des faits, c'était une période difficile pour moi. J'étais en prison lorsque j'ai appris que ma femme était enceinte, puis j'ai été placé en isolement donc je ne savais pas ce qu'elle devenait. J'étais en dépression.” Et l'homme n'a pas hésité à pousser la comédie plus loin : “Depuis que je suis papa, je suis devenu un autre homme. Désormais, mon seul objectif est de trouver un travail en prison, trouver des formations et sortir le plus vite possible, mais avec un bagage. D'ailleurs, à ma sortie, je veux faire de la prévention auprès des jeunes. Maintenant que je suis père, je comprends ce que les autres parents ressentent. L’ice est un fléau.”
Un discours qui n'a trouvé aucune empathie du côté de la présidente du tribunal et de ses magistrats qui l'ont condamné à 12 ans de prison ferme. Quant à “Dragon” et les deux mules, ils ont respectivement écopé de dix ans, quatre ans (pour l'homme) et deux ans (pour la femme) ferme, avec mandat de dépôt pour l'ex-couple. Les avocats de la défense ont immédiatement précisé qu'ils feraient appel de cette décision.
Au tribunal, on pense toujours avoir tout vu. Et pourtant, il semblerait que les trafiquants d'ice aient encore de la suite dans les idées dès lors qu'il s'agit de contourner les dispositifs de détection et de lutte contre le trafic de stupéfiants. En effet, ce mardi, le tribunal correctionnel de Papeete s'est saisi d'une affaire d'ice pour le moins surprenante : en août 2023, un individu est arrêté à l'aéroport de Tahiti-Faa'a à son retour des États-Unis. Sur lui, 57 grammes de méthamphétamines cachés dans des chaussettes. Une prise qui a entraîné un contrôle approfondi de l'avion et du reste des passagers, et qui a permis de mettre la main sur une complice, ainsi que près de 900 grammes dissimulés encore dans l'appareil. Et après enquête, les forces de l'ordre ont pu remonter la trace de certains collaborateurs, mais surtout des commanditaires : deux trafiquants... déjà incarcérés pour des faits similaires. Du côté des autorités, la surprise a été de taille. Une telle quantité ? Par avion ? En cabine ? Et depuis les États-Unis ? De surcroît dans des chaussettes ? Une première en termes de mode opératoire.
Selon les éléments de l'enquête, la drogue cachée dans les chaussettes serait difficilement détectable au rayon X des machines américaines lorsqu'elle est conditionnée d'une certaine manière. Une fois la douane passée, les mules n'ont plus qu'à communiquer leur numéro de siège à un complice – un PNC ou un agent de nettoyage de la cabine – qui a pour mission de récupérer le colis après le débarquement des passagers. Ainsi, les mules descendent de l'appareil sans craintes et la drogue passe sous les radars. Sauf si, comme dans le cadre de cette enquête, une des mules, trop gourmande, décide de se servir dans le paquet pour sa consommation personnelle.
Interrogées en garde à vue, les deux mules se trouvaient être un ancien couple que l'appât du gain avait réussi à réunir pour l'occasion. À la barre ce mardi, l'homme raconte : “J'étais accro à fumer ce truc-là. Je ne faisais que ça. (...) C'était une aubaine aussi pour moi (le trafic d'ice, NDLR), je n'avais plus de travail à ce moment-là”, s'est-il justifié. Une situation précaire dans laquelle son ex-petite amie, avec qui il avait gardé contact, se trouvait aussi. “Je lui ai demandé si elle était intéressée de faire ce voyage car c'était facile de se faire de l'argent. Elle m'a suivi”, a assuré le prévenu. Une décision que l'intéressée regrette amèrement aujourd'hui : “Quel gâchis...”, a-t-elle concédé lorsque la présidente du tribunal lui a donné la parole. “Je voulais juste dégager de chez moi, j'habite un quartier chaud”, a-t-elle tenté d'expliquer.
Les têtes pensantes du trafic déjà en prison
Mais pour le tribunal, l'affaire consistait davantage à entendre les deux chefs d'orchestre, à la manœuvre depuis leur cellule de prison. Le premier, surnommé “Dragon”, était chargé de recruter les mules grâce à des collaborateurs extérieurs contactés via un téléphone portable en prison. Appelé à la barre ce mardi, celui-ci s'est montré peu coopératif : “Pourquoi vous me posez des questions dont vous avez déjà les réponses ? Y a tout dans votre dossier, là”, s'est permis l'homme face à la présidente du tribunal. Pour autant, si celui-ci a décidé de ne pas coopérer, son casier judiciaire a parlé pour lui avec 15 condamnations et quatre titres de détention à son actif. Un palmarès impressionnant, certes, mais qui s'explique surtout par le caractère violent de l'individu. La matière grise, elle, est ailleurs.
Appelé à se présenter en dernier devant le tribunal, il n'a fallu que quelques secondes pour reconnaître “le Cerveau” de cette entreprise. Des éléments de langage, une assurance certaine malgré les circonstances et un argumentaire bien préparé ont immédiatement séparé l'individu du reste de ses collaborateurs. D'ores et déjà condamné à deux reprises à six ans d'emprisonnement pour des faits similaires, celui-ci a préféré jouer carte sur table en reconnaissant sa responsabilité dans le trafic. En revanche, concernant le mode opératoire, ce dernier en renie la paternité et l'attribue même à un autre trafiquant, également écroué, qui aurait lui aussi participé à ce projet.
Une information difficilement vérifiable en l'absence de la personne visée par ces accusations, ce qui a obligé “le Cerveau” à se creuser les méninges et à jouer du violon : “À l'époque des faits, c'était une période difficile pour moi. J'étais en prison lorsque j'ai appris que ma femme était enceinte, puis j'ai été placé en isolement donc je ne savais pas ce qu'elle devenait. J'étais en dépression.” Et l'homme n'a pas hésité à pousser la comédie plus loin : “Depuis que je suis papa, je suis devenu un autre homme. Désormais, mon seul objectif est de trouver un travail en prison, trouver des formations et sortir le plus vite possible, mais avec un bagage. D'ailleurs, à ma sortie, je veux faire de la prévention auprès des jeunes. Maintenant que je suis père, je comprends ce que les autres parents ressentent. L’ice est un fléau.”
Un discours qui n'a trouvé aucune empathie du côté de la présidente du tribunal et de ses magistrats qui l'ont condamné à 12 ans de prison ferme. Quant à “Dragon” et les deux mules, ils ont respectivement écopé de dix ans, quatre ans (pour l'homme) et deux ans (pour la femme) ferme, avec mandat de dépôt pour l'ex-couple. Les avocats de la défense ont immédiatement précisé qu'ils feraient appel de cette décision.



































