Tahiti Infos

Huahine : Assommé à coup de bocal en verre au visage, il meurt la carotide tranchée (Màj)


Huahine : Assommé à coup de bocal en verre au visage, il meurt la carotide tranchée (Màj)
PAPEETE, le 3 décembre 2015 - Noël Mervin, 32 ans, est jugé depuis jeudi pour le meurtre de Christophe Nauta, 52 ans, en juillet 2013 à Huahine. Si l'accusé reconnaît lui avoir asséné un violent coup à la tête avec un bocal en verre "pour se défendre", puis l'avoir frappé au sol, il nie avoir voulu le tuer. La victime s'était pourtant vidée de son sang, le cou tranché sur 5 cm dans la bagarre, par un objet "qui pourrait être un morceau de verre" avaient rapportés les enquêteurs. Le parquet a requis ce vendredi sa condamnation à 15 ans de réclusion criminelle.


"Je n'ai donné qu'un seul coup avec le bocal. Le bocal s'est brisé. Non, je ne voulais pas le tuer". Noël Mervin, petit bonhomme au visage émacié et à la voix de crécelle, les cheveux coupés à ras, n'en démord pas depuis le box des accusés. Le soir du drame, dans la nuit du 18 juillet 2013 non loin de Fare à Huahine, il n'a fait que répondre à une provocation de sa victime, Christophe Nauta, un puissant gaillard de 52 ans. Et ne s'explique pas la blessure mortelle à laquelle le malheureux a succombé.

Sans domicile fixe, Noël Mervin logeait depuis quelques temps avec un autre SDF sous un abri de fortune mis à sa disposition par les beaux-parents de Christophe, à proximité immédiate de leur maison. Lassée de son comportement et des soirées bruyantes passées à boire avec son compagnon d'infortune, sa famille d'accueil l'avait peu à peu poussé vers la sortie. Mais Noël continuait de taper l'incruste de temps à autres. Des pea pea autour de ses envies et de sa consommation d'électricité, alors qu'il était raccordé au compteur de Christophe qui payait la facture, avaient fini de dégrader les relations entre les deux hommes.

L'électricité de la discorde

Le soir du drame, c'est une énième remarque de Christophe Nauta à ce sujet qui a mis le feu aux poudres. Le quinquagénaire, excédé par Noël, lui avait pris la tête au sens premier du terme, secouant le petit bonhomme comme un cocotier et lui administrant quelques claques. En réaction, ce dernier s'était emparé d'un bocal de café en verre qu'il lui avait explosé en pleine figure. Sonné, Christophe s'était retrouvé par terre. Noël avait continué à le frapper, à califourchon sur lui : "J'avais peur de sa réaction, peur qu'il se relève". Mais Christophe ne se relèvera pas, mortellement blessé sur la face avant droite du cou. L'autopsie relèvera une plaie béante de 5 cm, la carotide est en partie sectionnée, le malheureux s'est vidé de son sang avant l'arrivée des secours.

Noël s'est-il emparé de l'un des nombreux éclats de verre qui jonchait le sol pour piquer sa victime sur cette partie vitale du corps ? C'est toute la question de ce procès. Car si l'accusé jure que non, deux témoins, dont son ami sans domicile fixe avec qui il discutait ce soir-là autour d'un cubi de vin blanc, ont fait des déclarations embarrassantes pour lui aux gendarmes. Il y a les constatations médicales, aussi.
Appelé à témoigner cet après-midi à la barre, ce dernier a redit que selon lui, Noël voulait tuer Christophe : "Fallait pas que Christophe se relève, sinon c'est Noël qui allait y passer". Et de raconter comment il l'aurait vu porter plusieurs coups à hauteur du visage et du cou de la victime, la main "comme une griffe", avec les doigts recourbés "comme s'il tenait un objet". Le fameux bout de verre ? Noël s'en défend une fois encore.

Le parquet requiert 15 ans de réclusion criminelle

Le rapport du médecin légiste ne plaide également pas en sa faveur. L'expert est convaincu que le seul coup initial porté avec le bocal à la tête de Christophe n'a pas pu engendrer une telle lésion : "La plaie est incompatible avec une action unique, elle est évocatrice d'une action répétée", comme si l'on avait frappé plusieurs fois à cet endroit. Une multitude de plaies avaient par ailleurs été relevées au cou et sur le visage du malheureux ainsi que sur ses mains, comme si Christophe avait voulu se protéger.

Pour la défense de son client, Me Toudji s'est appliqué à fragiliser le récit du principal témoin de la scène, rappelant que l'affrontement entre les deux hommes s'était déroulé aux alentours de 22 h, après quelques verres de vin blanc et dans la pénombre la plus totale, le seul éclairage étant le pâlichon néon de la discorde au fronton de la maison voisine.

Détenu depuis les faits, Noël Mervin encourt 30 ans de réclusion criminelle. Il n'était pas habituellement connu pour sa violence. Son casier judiciaire comporte une condamnation pour agression sexuelle. A la rue depuis la mort de ses parents, il vivait de petits boulots, de récup', errait à Fare du côté de la décharge où il avait un temps travaillé. Le procès doit s'achever ce vendredi. En fin de matinée, le parquet a requis 15 ans de réclusion criminelle à son encontre.

Rédigé par Raphaël Pierre le Vendredi 4 Décembre 2015 à 13:49 | Lu 1791 fois