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Holothuries: Les hauts et les bas du marché de l'aphrodisiaque


Holothuries: Les hauts et les bas du marché de l'aphrodisiaque
Les communautés océaniennes sont bien placées pour doubler les recettes tirées des exportations d’holothuries vers le marché florissant des classes moyennes chinoises, à condition d’échapper à l’évolution actuelle en dents de scie des cycles de prélèvement.

Mets particulièrement recherché à l’occasion des fêtes de mariage et autres festivités chinoises, les holothuries sont également prisées pour leurs qualités aphrodisiaques. L’explosion des prix incite les communautés côtières océaniennes à faire feu de tout bois.

La surexploitation des holothuries figurait parmi les thèmes abordés cette semaine par les directeurs des services des pêches des États et Territoires océaniens, réunis à l’occasion d’une conférence tenue du 4 au 8 mars au siège du Secrétariat général de la Communauté du Pacifique à Nouméa.

Michael Sharp, Chargé du développement de la pêche à la CPS, explique que les pêcheurs trop enthousiastes épuisent certains stocks au point que leur reconstitution devient quasiment impossible.

Il ajoute que « le cycle de surexploitation/épuisement des stocks ne cesse de se répéter. Mais la gravité de chaque nouvel épisode d’épuisement s’accentue, car les stocks n’ont pas assez de temps pour se reconstituer pleinement ».

Il note également que « les Chinois sont friands de bêches-de-mer en soupe, coupées en morceaux. Les vertus des holothuries pour la santé sont d’ailleurs largement reconnues, le goût des Chinois pour cet animal et ses propriétés n’est donc pas complètement infondé ».

La CPS a procédé à une étude des pêcheries d’holothuries dans cinq pays insulaires océaniens : la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Fidji, Vanuatu, les Îles Salomon et les Tonga.

Dans ces pays, la valeur annuelle moyenne à long terme des ventes d’holothuries tout au long de la chaîne d’approvisionnement nationale atteint, selon les estimations les plus prudentes, 17 millions de dollars des États-Unis, une manne pour les communautés côtières les plus modestes. Les prises cumulées de ces cinq pays représentent 80 % des échanges commerciaux d’holothuries dans le Pacifique Sud.

L’étude de la CPS montre que ces revenus pourraient être multipliés par deux si tant est que les services de gestion des pêches réussissent à réglementer la pêche afin d’assurer une exploitation plus pérenne des ressources.

« La surexploitation des espèces d’holothuries les plus cotées, telles que l’holothurie de sable et l’holothurie blanche à mamelles, a obligé les autorités nationales à instituer un moratoire dans certaines zones pour permettre aux stocks de se reconstituer », explique Crick Carleton du cabinet Nautilus Consultants dont l’étude, financée par le Centre australien pour la recherche agricole internationale, vise à proposer des mesures de gestion de cette précieuse ressource.

Steven Purcell de la Southern Cross University s’est également exprimé durant la réunion pour rappeler qu’une étude internationale publiée récemment sur l’état des pêcheries d’holothuries conclut que cette ressource est soumise à des pressions du même ordre partout dans le monde.

Ce mois-ci, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) devrait inscrire une poignée d’espèces exploitées sur sa liste d’espèces menacées d’extinction, au vu du déclin marqué et généralisé des stocks sauvages.

Selon S. Purcell, « il s’agira certainement des espèces d’holothuries à plus forte valeur. Leur inscription aura probablement une incidence sur la façon dont les pays océaniens gèrent ces ressources ».

Si l’on entend faire des holothuries une source de revenus rentable à long terme dans le Pacifique, un contrôle plus strict et une meilleure gestion des stocks s’imposent. Les pouvoirs publics des pays océaniens devront résister à la tentation de l’argent facile afin de bâtir une filière d’avenir stable.

D’après M. Carleton, « le volume moyen des prélèvements n’évoluera probablement pas beaucoup à l’avenir, mais les exportateurs pourront tirer des revenus bien plus importants de produits de meilleure qualité. La solution réside dans la gestion des ressources et dans l’exploitation du plein potentiel du marché ».

Rédigé par communiqué de la Comunauté du Pacifique Sud le Vendredi 8 Mars 2013 à 10:47 | Lu 1557 fois