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Hitireva navigue avec Tupaia


PAPEETE, le 5 juillet 2019 - Cette troupe de danse professionnelle reviendra sur l’enseignement de la navigation entrepris par Tupaia. Un spectacle dans lequel le public pourra découvrir des techniques bien précises pour se repérer et vivre en accord avec la nature. Des prestations originales qui susciteront sûrement quelques remises en question de notre part et nous donneront, certainement, envie renouer avec nos coutumes et traditions.

Hitireva est un groupe que l’on ne présente plus. Primé plusieurs fois au Heiva, le pupu ’ori, mené par Kehaulani Chanquy, promet un spectacle grandiose, avec une histoire qui rappelle que le polynésien vivait en harmonie avec la nature.

Cette année, l’auteur du groupe, Jacky Bryant, nous parle de Tupaia, "l’enseignant". "À un moment de sa vie, il a enseigné à des enfants et à des adolescents. Et dans notre spectacle, nous parlons aussi de Taiata, son neveu. Tupaia lui a enseigné les signes importants qui définissent le cycle du temps" (lire encadré ci-contre).

Trois signes seront ainsi mis en avant : le ciel, la mer et la terre. "Lorsque les oiseaux migrateurs reviennent de l’étranger, nos aînés savaient d’où ils venaient, ce qui voulait dire qu’ils ont pris une certaine direction, voilà le signe du ciel. Un oiseau ne fait pas comme il veut, il sait exactement quel vent utilisé pour revenir au fenua. Pour illustrer cette partie, mettons en avant le ‘ōio."

"Lorsque les tortues reviennent sur la plage pour pondre, c’est un signe de la mer. Nos ancêtres savaient alors que c’était la fin d’un cycle et le début d’une nouvelle ère."

"Pour la terre, nous avons choisi le ‘aveu. Quand les ‘aveu sont là, on sait qu’il y a des cocos pour qu’il puisse se nourrir. Ce qui veut donc dire que Tupaia et Taiata pourront également se nourrir à cet endroit", détaille Jacky Bryant.

"Notre spectacle présente au public les enseignements qui étaient pratiqués à l’époque. Ils permettait à tout un chacun de vivre en communion avec ce qui l’entourait."

Pour les couleurs, la troupe utilisera du noir et des couleurs proches du brun rougeâtre… Le suspense reste entier et on a déjà hâte de découvrir le travail de cette troupe qui clôturera la soirée de vendredi.


Extrait

Qu’en est-il déjà ? À cette époque très lointaine, où poussaient majestueusement les Hibiscus tiliaceus, au bord de la mer, où croissaient Cordia subcordata dominés par des cocotiers et les cris des sternes au plumage sombre, ce sont des indices que Tupaia enseignait.

Qu’en est-il déjà ? À cette époque très lointaine, la Terre était recouverte de végétaux décomposés, bernard-l’hermite, crabes de cocotier, minuscules porcelaines de plage cachées sous les feuilles, aux traces laissées par des tortues pondeuses, ce sont des indices que Tupaia enseignait.

Taiata à Tupaia.
"S’il y a un signe du ciel, s’il y a celui de la mer, quel est celui de la terre ?"

Tupaia à Taiata.
"Les indices du ciel, les indices de la mer te disent que notre terre est fertile. Les petites tortues, tout juste écloses, seront mangées par les ‘ōio, les loches camouflées, les carangues bleues. C’est signe d’abondance."

Taiata profondément affligé.
"Marqueurs de temps. Terre généreuse ? De petites tortues à peine écloses se faisant avaler par des oiseaux, des bancs de poissons, en quoi c’est généreux ? C’est de la cruauté."

"Taiata, lorsque le peuple détruira la faune et la flore, lorsque l’homme s’attaquera à leurs habitats, lorsque la communauté délaissera le rāhui, notre gestion ancestrale des ressources, lorsque nos familles consommeront les dernières espèces juvéniles, il adviendra l’irréversible, l’extermination. Ce sera un marqueur temporel terriblement douloureux, la terre respirera la mort."


Rédigé par Corinne Tehetia le Vendredi 5 Juillet 2019 à 11:08 | Lu 320 fois